Chapitre 11 - Kewik -

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 Le noir c'est tout ce que je désire. Je ne veux pas y retourner... Pourtant je sens ma peau contre le tissu, je sens ma poitrine qui se soulève pour me permettre de respirer. L'envie de pleurer me bouffe les entrailles, j'ai envie de hurler et de tout détruire, mais ça lui montrerai que je suis faible et qu'il a gagné.

— Ton cœur bat plus vite, je sais que tu es réveillée.

Cette voix me hérisse.

— Ouvre les yeux.

Mon corps réagit, mes prunelles s'ouvrent, je m'attends à ce que la lumière m'éblouisse, mais ce n'est pas le cas. La lumière est tamisée, je me redresse difficilement. Il tente de m'en empêcher, mais je pousse ses mains.

— Laisse-moi, soufflé-je la voix éraillée.

Ran soupire, mais je m'en moque. Je balance mes jambes sur le côté du lit pour m'en extirper. Lorsque mes pieds touchent le sol, je manque de tomber. Ran tente une fois de plus de m'aider, mais je le repousse.

— Je n'ai pas besoin de toi !

Brusquement ça me percute comme un bulldozer.

L'image d'une jeune femme qui rit s'imisce dans mon esprit. Puis son visage prend une moue terrifiante. Je l'entends hurler, supplier, se débattre et se briser.

— Non, soufflé-je.

Une main se pose sur moi et les scènes deviennent encore plus violentes.

— Par tous les astres, non, non, non ! psalmodié-je en m'éloignant.

Les scènes qui se succèdent me transpercent l'âme et toute l'horreur du monde me percute comme un train lancé à pleine vitesse. Mon souffle se coupe sous le coup de la puissance, je tente de fermer les yeux et de remonter des rêves plus beaux. J'essaie de faire revenir le couple qui a vécu heureux pendant des années, mais ça ne contrebalance pas avec le reste. Alors les images de ce duo s'arrachant leurs vêtements dans le bureau reviennent et cela repousse un peu les images monstrueuses.

Ma respiration se calme en même temps que les images dans mon esprit. C'est la première fois que je laisse toute cette noirceur s'approcher de moi. D'habitude j'arrive à la tenir éloignée, mais mon inconscient a ouvert une vanne que je vais devoir fermer en vitesse.

— Kewik, gronde Ran.

— Mourir, soufflé-je, c'est tout ce que tu avais à me laisser faire.

— Je te l'ai dit, tu ne quitteras cette vie que lorsque je l'autoriserai.

Mes yeux finissent par se braquer vers lui, je prends conscience à ce moment-là que nous sommes revenus dans ses quartiers.

La poisse...

Puis mes yeux errent dans la pièce pour me souvenir des caméras qu'il y a dans ce foutu logement. Je suis dans le coin de la pièce à l'opposé de lui et juste à côté de ce lit immense. Je baisse la tête pour voir que je suis habillée.

— Pour quel genre de type tu me prends ! s'énerve-t-il.

— Pour un violeur et un pervers.

Un grondement retentit dans la pièce, mais ça n'a aucun effet sur moi.

— Je te l'ai dit, je ne suis pas ce genre de personne.

— Et tu ne filmes pas tes exploits, déclaré-je en relevant la tête et en lui envoyant un rictus à la gueule.

Nouveau grognement. Je me concentre sur ma respiration, puis je pousse sur mes bras pour me mettre debout. Je tangue légèrement, je me rattrape au mur. Je vais même jusqu'à poser mes coudes dessus puis mon front pour me stabiliser. Je dois laisser le temps à mon corps de se remettre du traumatisme que je lui ai occasionné.

Allez mon vieux, il ne te reste pas longtemps à tenir, aide-moi un peu.

Je souffle lentement jusqu'à ce que je sente qu'il s'approche. Mon visage se tourne dans sa direction, Ran tient de quoi boire dans sa main.

— Tu dois prendre des forces.

— Et tu l'as drogué ? demandé-je acerbe.

— Putain Kewik, je ne viole pas les femmes !

— À d'a....

Je n'ai pas le temps de finir ma phrase que sa main s'empare de mes cheveux et que sa bouche percute la mienne. Je ne peux pas bouger, mon corps ne m'obéit pas et il le remarque c'est certain, sauf que je réagis d'une drôle de façon. Mon bras se lève pour se poser sur son torse et s'y accrocher.

Mais qu'est-ce que c'est que ce délire ? Qu'est-ce qu'il m'a fait ?

Je le mords encore, ça va devenir une habitude c'est sûr. Il s'écarte me permettant de respirer, sauf qu'il ne me laisse prendre qu'une seule goulée avant de recommencer, mais cette fois sa langue pénètre entre mes lèvres et un gémissement m'échappe. Ce simple bruit me permet de reprendre le contrôle sur mon cortex et sur mon corps, je m'arrache à sa bouche.

— Non ! grommelé-je.

— Je t'avais prévenu, mon chaton. Tu as voulu mettre fin à tes jours, tu crois qu'un simple baiser va te punir ?

Nous nous toisons, le sourire qu'il affiche n'augure rien de bon et je ne suis pas en état de courir une nouvelle fois.

Par tous les astres, qu'est-ce qu'il a en tête ?

Soudainement, il me retourne en bloquant mes mains dans mon dos. Son visage se glisse dans le creux de mon cou accélérant mon rythme cardiaque.

— Je vais te montrer comment je fonctionne et tu vas comprendre pourquoi je ne suis pas un violeur. Je vais apprendre à ta bouche et ton esprit la vérité.

Une chaleur se diffuse en moi, c'est intense et inhabituel. Je crois que c'est lié à sa façon de me parler. Ran est en train de lancer un plan de séduction qui fonctionne !

Merde, merde, merde !

Ses dents mordillent mon oreille, puis la peau tendre de mon cou, ce qui me fait perdre le souffle. Mon rythme cardiaque s'accélère, c'est beaucoup trop de stimulis pour moi. Sa paume libre glisse sur mon ventre, l'épisode de la table se rappelle à moi, j'ai bien cru que j'allais devenir dingue. Ce roi va faire disjoncter mon système nerveux, c'est certain. Ses doigts remontent lentement, déclenchant des frissons sur mon épiderme, un besoin sombre fait surface et je le repousse.

Je ne céderai pas ! Je ne me soumettrai pas volontairement !

Lorsque ses doigts caressent le tissu de mon dessous, je me tends encore plus. Ran l'effleure, puis il décale le bonnet de mon soutien-gorge avant de cajoler mon sein.

— Je les sucerai l'un après l'autre, Kewik.

— Non, soufflé-je.

— Tu sens ton rythme cardiaque, ta peau qui frissonne et je suis sûr que tu es humide.

Comment est-ce qu'il fait pour parler directement à cette partie de moi ? Mon esprit ne peut pas se laisser embrumer de cette façon, je suis plus intelligente que des désirs inexistants.

— Ne rêve pas, grincé-je.

— Vraiment, tu veux que l'on vérifie ma théorie.

— Quelle théorie ?

Il suce ma peau avec délice, mes yeux se ferment sous l'affût de sensation. Sa main se retire de ma poitrine, elle descend lentement vers le sud.

— Elle est simple, chuchote-t-il. Ça t'excite que nous rentrions en conflit l'un avec l'autre, ça t'excite de jouer avec moi.

Je suis sur le point de le détromper lorsqu'il poursuit.

— Rassure-toi, mon léopard et mon vampire adore ce jeu que tu as entamé. Et je suis capable de déceler ce qui se déroule en toi.

Ran le prouve en glissant sa main dans mon boxer.

Sacrifice - Dark romance dystopique -Où les histoires vivent. Découvrez maintenant