Chapitre 14 - Ran -

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Un terrain d'entente...

Je ne peux pas me défiler, pas alors que ma relation avec elle est sûrement à un tournant dont j'ai cruellement besoin. Kewik doit être mienne dans les prochaines heures. Je n'ai pas des jours, des mois ou des années pour la séduire, je n'ai que quelques foutues heures.

Kewik ne perd pas une seconde pour se lancer dans le jeu, elle a un air sur le visage que je n'aurai jamais pensé voir. Pendant quelques instants, j'ai cru apercevoir la petite fille.

Je dois prévenir les miens qu'ils ne doivent pas s'approcher d'elle, alors je pousse un rugissement que tous les changelings auront entendu, c'est certain.

— Es-tu sûr ? demande Vince.

— Je dois séduire son esprit, soufflé-je. Le jeu vient d'elle, ce serait idiot de ma part de me défiler.

Ils sourient.

— Kewik est enfermée ici depuis des années, reprend Kay. Je ne suis pas convaincu qu'elle ait vraiment compris la demande qu'elle t'a fait.

— Ne la sous-estime pas, elle est intelligente.

— Montre-lui que tu l'es plus qu'elle, ricane Show.

Mon sourire s'élargit, puis le moment est venu que je la traque. L'idée m'éxalte plus que n'importe quoi d'autre. Je ne traque plus les ennemis depuis longtemps et j'ai des traqueurs en ce qui concerne les renégats. Néanmoins, il n'en est pas moins vrai que je suis le meilleur.

Les renégats sont des loups qui se sont laissés emporter par leur moitié animale. Ils ne la contrôlent plus, c'est elle qui est aux commandes. Ce genre de changeling est dangereux parce qu'ils tuent essentiellement ceux qui leur sont chers avant de s'attaquer à des personnes sans défense. Nous essayons de les ramener à la raison tant qu'ils n'ont pas tué, sinon ils sont exécutés.

Je me rapproche de ces pas, sa fragrance est limpide dans mon esprit, elle m'apparaît comme un prolongement.

Étrange...

Je ne m' appesantis pas sur cette notion, mes yeux se ferment et je la piste à l'odorat seulement. Kewik a un parfum particulier pour moi, elle sent l'été, douce et enivrante. Elle évoque des champs de fleurs sauvages, des brins d'herbe fraîchement coupés et une brise légère chargée des arômes de lavande et de miel. Elle dégage aussi une touche subtile de terre humide après une pluie chaude, une odeur de vie et de renouveau. C'est une odeur qui rappelle les jours ensoleillés et insouciants, un contraste frappant avec la guerrière qu'elle est.

Mon attention est dirigée entièrement vers elle, je sens les battements de son cœur, mais aussi le tumulte qui se déroule en elle. La chasse l'excite, l'euphorie la gagne, mais elle n'oublie pas son objectif : me battre.

Mon sourire s'agrandit, je la laisse prendre un peu d'avance. Je ralentis, lorsque je vois que les traces partent dans plusieurs directions. Comment a-t-elle fait ça ? Je ne me formalise pas, j'avance pour tomber sur un piège qu'elle a essayé de me tendre.

Je ris parce que ma partenaire de jeu à vraiment cru qu'elle pourrait me berner facilement. Mon corps contourne le piège pour le détruire, il serait bête que l'un des miens se fasse prendre. Je casse la liane, puis le mécanisme qu'elle a fabriqué s'actionne. Je ne sais pas comment elle s'y est prise, mais je me serai retrouvé la tête en bas.

Maline !

Je poursuis, je sens que mes congénères ne sont pas loin. Aucun d'entre eux ne bravera l'ordre que j'ai donné. Kewik est à moi et personne n'est autorisé à la toucher. Je m'élance en faisant un grand tour pour voir un peu où elle se cache et je la trouve en train de poser le même piège que je viens de déjouer. Je m'installe en hauteur et patiente. Elle est humaine, mais elle serait une changeling incroyable. Je me demande ce que cela ferait de la voir dans la peau d'un léopard.

Non, ne pense pas à ça... elle a moins de deux jours à vivre...

Mes yeux la détaillent, elle a de la terre sur le visage, des traces d'égratignures sur les bras, mais le sourire qui orne ses lèvres est superbe.

— Une bonne compagne de jeu, murmuré-je.

Je sens ce pincement au cœur de nouveau comme il y a quelques heures lorsque j'ai cru que sa vie l'avait quitté. Ma tête se secoue, puis je reporte mon attention sur elle. Je décide de la surprendre lorsqu'elle se redresse. Je l'enlace en la ramenant brutalement à moi. Un cri lui échappe, ma main atterrit sur sa bouche.

— J'ai gagné, soufflé-je.

Ma paume se retire et elle grogne. Ce son remu une partie de moi, mais je ne bouge pas.

— Tu as triché...

— Non, chaton, je suis le meilleur, néanmoins c'est bien essayé.

Elle soupire, mes doigts lèvent son bras.

— Peut-être que l'une des Êta devrait s'occuper de toi.

— Non, ce n'est rien.

Son corps se décroche du mien, puis elle se tourne vers moi.

— Tu as gagné, alors que veux-tu ? demande-t-elle avec désinvolture.

Je sens la tension en elle. Kewik sait que je pourrai réclamer gros, mais je vais la jouer plus soft. Cela évitera qu'elle se braque et que le peu de terrain que j'ai grappillé ne serve à rien.

— Un baiser, soufflé-je.

— Je...

Ma paume se lève pour qu'elle se taise, sa moue rageuse m'apprend qu'elle n'aime pas ça.

— Je veux un vrai baiser Kewik, pas un que je t'ai volé.

Son palpitant pulse encore plus dans sa poitrine, je sens aussi le parfum de son excitation. Ce n'est pas le même que lors de notre chasse, là, c'est plus épicé. Cette odeur est un appel pour tous les mâles dans le coin, parce que c'est celui d'une femme célibataire. Sur le papier elle est ma femme, elle l'est devenu à partir du moment où son nom est apparu au tirage, mais dans la réalité c'est autre chose de bien plus complexe.

— Alors chaton vas-tu me donner mon prix ?

Je suis suspendu à ses lèvres, c'est le cas de le dire. 

Sacrifice - Dark romance dystopique -Où les histoires vivent. Découvrez maintenant