Chapitre 21 - Kewik -

49 4 5
                                    

 — Il brille, annonce Ran en me scrutant.

La jolie historienne se détourne de moi pour se rapprocher de lui. Elle tend la main vers Ran, il l'accepte et quelque chose en moi s'éveille, néanmoins je réprime cette émotion. Je n'ai pas envie d'entrer sur ce terrain pour l'instant.

— Comment ça ? demande Ringer.

Ran me regarde avant de reporter son attention sur les gens autour de la table. Quant à moi, je reste à l'écart. La mort de Crisi, puis la mort de Ninon sont un fardeau que je dois porter. Mon corps se déplace pour se positionner près de la baie vitrée, mon âme est lourde. Je sens que les images veulent de nouveau tenter une percée, mais je ne peux pas. Ma main se pose sur la vitre, une migraine arrive tellement je dois me concentrer pour ne pas me laisser submergée par une vague d'horreur. J'en ai vu assez, j'en ai ressenti assez, je ne veux plus vivre ça. La discussion a continué, mais je ne parviens pas du tout à la suivre. Au lieu de ça, je pousse la baie, j'ai besoin d'air. Lorsque la première image apparaît, je m'accroche au chambranle de la baie.

— Kewik, s'exclame Ran en s'approchant.

Il pose ses mains sur moi, cela se calme légèrement.

— Parle-moi, chaton, qu'est-ce que tu vois ?

— Du sang, murmuré-je, une piscine remplie de sang.

— Continue, concentre-toi, souffle Ran.

— Je t'en prie, ne les laisse pas me reprendre, pleuré-je.

Et la violence se déchaîne.

Une femme hurle de douleur, elle supplie que l'homme qui la brutalise s'arrête.

— Pitié, hurle-t-elle. Je ferai ce que vous voulez !

— Tu le feras que tu le veuilles ou non, déclare l'homme hilare.

— Non, pitié, je ne veux pas vivre ça.

— Tu dois me raconter, ordonne Ran.

— Il la violente, couiné-je, il réduit son corps et brise son esprit. Puis il la viole encore, encore et encore.

Des mains sur mes bras se resserrent, mais ça ne m'aide pas.

— Continue.

— Elle le supplie, puis elle implore son dieu, ça se répercute tellement fort dans mon cerveau

J'ai mal, je pose mes paumes sur mes tempes pour essayer d'atténuer ce que je ressens.

— Je sens sa souffrance, j'ai le goût de son sang dans la bouche.

Je vois le rictus de l'homme, il me fait trembler de peur. La femme est consciente à moitié. Il s'approche d'elle avec un sac dans les mains et mon cœur bat plus vite. Ma respiration devient compliquée lorsqu'il se met en action.

— Kewik, j'attends que se passe-t-il ensuite ?

— Il l'étouffe à l'aide d'un sac, elle suffoque. J'ai mal tellement mal, mes poumons sont à l'agonie, mon esprit ne pense plus et mon corps ne parvient plus à lutter.

— Ensuite ?

Mon visage se tourne vers Ran, il me regarde avec une froideur incroyable. Comment peut-il faire comme si je ne venais pas de lui décrire des actes immondes ? Comment peut-il ne rien laisser paraître ?

— Ensuite, il viole son cadavre.

Je perçois des grondements, mais je m'accroche à Ran. Parce que contre toute attente, il calme mon esprit et mon être. Ses pouces me caressent éraflant légèrement la griffure de la lionne, mais cela n'est pas douloureux contrairement à ce que je viens de ressentir.

— Est-ce que ça s'arrête ? demande-t-il doucement.

Je suis sur le point d'acquiescer lorsque je sens de nouvelles images et celles-ci sont d'une autre nature. Je cligne des yeux pour les retirer, mais elles insistent.

— Kewik...

— Ferme la porte, soufflé-je.

Il me regarde avant de se lever et de clore les baies, puis il s'agenouille en remettant ses mains sur moi. Mon épiderme surchauffe en même temps que les images. C'est intense, destructeur et tellement bon. Sauf que ce ne sont pas de parfaits inconnus, c'est nous. C'est la première fois que je me retrouve dans ces songes.

— Dis-moi, insiste-t-il.

Je déguise une partie de ce que j'ai sous les yeux, je ne lui dirai pas que c'est nous, Ran n'a pas besoin de savoir ça.

— C'est un couple.

— Qu'est-ce qu'ils font ?

— Ils s'embrassent.

Il penche la tête sur le côté exactement comme dans ma vision, je rougis. Ran capte mes pensées, parce qu'il relâche mes bras pour poser ses paumes sur mes cuisses.

— Raconte-moi, chaton, je veux savoir ce qu'ils font.

Mon rythme cardiaque augmente drastiquement.

— L'homme l'embrasse dans le cou, puis il descend pour s'occuper de sa poitrine.

Ses doigts remontent lentement le tissu de ma robe, je perds le fil de ce qui se déroulait trop attentive à ce que Ran entreprend. Il me chamboule, me perturbe et je sais qu'il agit sciemment.

— Continue, que fait-il après avoir sucer ses seins ?

Mon corps s'allonge, je ne peux pas le regarder en lui disant de quoi il retourne.

— Chaton ?

Mon souffle est court, je déplie mes jambes, mais le sol n'est pas assez froid pour faire diminuer ma température corporelle.

— Il la vénère, chaton ?

— Qu'est-ce que tu veux dire par là ?

— Le mâle prend-il soin du corps de sa partenaire ?

L'image de Ran entre mes jambes, les mains sur ma poitrine et l'extase que je ressens montre clairement que oui. Je hoche simplement la tête.

— Chaton je vais te punir, maintenant, c'est ce que tu veux ? N'oublie pas que les gens nous voient derrière la fenêtre, alors je te conseille de parler.

Ma déglutition devient difficile, sa peau contre la mienne est un vrai supplice.

— Ran cesse de me toucher.

— Pourquoi ?

Mon être se met à trembler, je ressens tout. Sa bouche me butinant, ses mains pinçant mes seins, le plaisir qui découle de ce qu'il fait. L'explosion qui m'anéantit presque. La main de Ran saisit la mienne, son regard apparaît au-dessus de moi.

— Tu viens d'avoir un orgasme ? souffle-t-il incrédule.

— Tu m'as puni sans me toucher, déclaré-je sans même réfléchir.

Ses prunelles s'écarquillent, il scrute mon visage pendant quelques secondes avant de se pencher et de m'embrasser avec une passion qui met mes nerfs à vif de nouveau. 

Sacrifice - Dark romance dystopique -Où les histoires vivent. Découvrez maintenant