Sacrifice - Dark romance dystopique -

Chapitre 30 - Kewik -

 Je n'en reviens pas, il est parti comme ça. Je m'attendais à ce qu'il pète un câble vraiment, parce que pour le coup j'ai vraiment dépassé les bornes. Néanmoins, il est juste sorti sans plus d'action. J'ai envie de hurler, de lui ordonner de revenir et que nous nous affrontions pour tout ce qui s'est déroulé depuis que j'ai été amenée dans ce foutu lieu.

Ce qui m'a laissé comme une idiote aussi, c'est sa répartie. Je ne m'attendais à ce qu'il me confirme que nos disputes l'excite. Bon cela étant, ça a aussi un effet sur moi.

Je me mordille la lèvre en repensant à ses paroles et je me rends vraiment compte qu'une partie de moi disjoncte complètement.

Je secoue la tête, il est hors de question que je prenne cette voie-là. J'ai dû ôter une vie, puis permettre aux miens de rendre hommage à Ninon et lui c'est un sale con !

Voilà, un sale con !

Sur cette pensée, je descends du canapé et vais me changer. J'ai l'impression d'avoir du sang sur les mains, c'est le cas de le dire. Alors je prends une douche au passage. Une fois propre, je me pare d'un déshabillé noir et de sous-vêtements en dentelle de la même couleur.

Lorsque j'arrive dans le salon, les deux préparatrices sont présentes. Nikki et Chris sont en train de déposer de la nourriture sur la table.

— Bonsoir, les salué-je avec respect.

— Kewik, me répond Nikki en se retournant.

Nikki est une jolie femme à la peau sombre, aux yeux émeraude et des courbes pour lesquelles les hommes doivent se damner. Chris est une jolie blonde vénitienne, aux yeux bleus et légèrement plus petite que sa compagne de meute. La première fois, j'ai rapidement deviner quel type de changeling elles étaient. La gracieuseté de leurs mouvements ne détrompe pas, ce sont des félines.

— Je ne vous ai pas vu depuis que je suis arrivée.

Nikki me sourit avant de déposer le dernier plat contenant des fruits.

— Oui, nous évitons de nous montrer au cas où vous auriez été en plein ébat.

— Il n'est pas là, réponds-je en balayant ses paroles de la main.

Chris rit avant de se rapprocher et de me serrer dans ses bras.

— Tu as mis un peu le bazar, annonce-t-elle contre mon oreille.

Je soulève les épaules lorsqu'elle me relâche.

— Il m'a cherché, réponds-je.

Elles ricanent toutes les deux.

— Nous savions tous que tu ne lui faciliterais pas la tâche.

— Exact, réponds-je en souriant franchement.

Je me rapproche de la table, puis les invite à s'asseoir avec moi comme à chaque fois que je les vois. Elles acceptent, un petit bonheur. C'est sûrement la dernière fois que je les vois.

— Est-ce que je peux vous demander quelque chose ?

— Oui, nous te répondrons si nous le pouvons, affirme Chris.

Je déglutis difficilement, avant de frotter mes mains sur mes cuisses.

— Demain, commencé-je.

— Oui ?

L'air entre dans mes poumons, je ferme les yeux afin de me donner du courage avant de les rouvrir et de les poser sur elles.

— Dites à ceux que j'ai connus que je ne veux pas les voir au moment de ma mort.

Chris pince les lèvres et Nikki ouvre grand la bouche. Les deux jeunes femmes me scrutent comme si j'avais perdu l'esprit, mais ce n'est pas le cas. Je ne veux juste pas que le peu des membres de la meute qui me connaissent soient présents. Je veux que ceux avec qui le courant passe bien, comme ces deux changelings, gardent une bonne image de moi.

— Kewik, nous ne voudrions pas que tu te crois seule pour ce moment.

— Je le serai que vous soyez présentes ou non, personne ne m'accompagnera par delà la mort.

Je ne sais pas s'il y a des dieux, un paradis, un enfer ou si c'est juste le noir. La solitude est une vieille compagne, c'est vrai, néanmoins j'espère que je retrouverai mes sœurs de l'autre côté. Que je reverrai le doux sourire de Ninon et que Crisi me serrera dans ses bras.

Je sais que c'est idiot, mais je préfére imaginer ça que le froid et le noir.

Les deux changelings acquiescent d'un signe de tête, je prends la main de Nikki qui est la plus proche.

— Merci, merci de faire ça pour moi.

Je vois bien qu'elles tentent de contenir leurs émotions alors je me lève pour les serrer contre mon coeur.

— Vous me manquerez...

— Tout n'est pas joué, s'exclame Chris. Tu as tes chances, ne perds pas espoir, ne cesse pas de lutter...

Ma main caresse sa joue, puis je la câline pour la réconforter. J'aurais aimé avoir plus de temps pour entreprendre plus de choses, mais malheureusement ce dernier m'est compté. Je ne sais pas combien de temps s'écoule, mais elles finissent par partir le cœur aussi lourd que le mien.

Bizarrement, j'avais plus d'amis que je ne le pensais...

Lorsqu'elles me laissent seule, mon regard est attiré par le soleil qui décline. Ma dernière journée touche à sa fin, demain j'entreprendrai mon dernier voyage. J'ai lu des tonnes de livres, mais aucun d'eux n'explique ce qui nous attend après. J'espérais que cela se déroulait comme les anciens le pensaient : un paradis et un enfer. Bon disons-le, j'irai en enfer, cependant je trouve cette perspective plus agréable que le vide.

La porte s'ouvre puis claque, je me tourne, Ran est de retour. Il prend quelques morceaux de raisins avant de se diriger vers le salon en m'ignorant. Un soupir m'échappe parce que je n'ai pas envie de cette ambiance pour mes dernières heures.

— C'est moi qui suis condamnée à mort pas toi, si je me souviens bien, déclaré-je.

Mes paroles ont le mérite de l'arrêter net.

— Dans le temps, un condamné avait le droit à un dernier repas de son choix, moi je ne veux pas de cette lourdeur. Alors douche-toi et pare-toi de ton masque de chaleur, parce que le froid ce sera pour demain.

Sur ces mots, je pousse les baies vitrées pour aller m'installer sur l'un des bains de soleil qui sont disposés près de la piscine.