Un baiser...
Ce mot tourne dans mon esprit. Je le fixe, il patiente sans jouer cette fois, je vois le sérieux dans sa posture.
— C'est ce que tu veux ?
— Oui, souffle-t-il.
Il aurait pu réclamer plus, j'en ai conscience, alors un simple baiser ce ne devrait pas être difficile. Ce n'est pas comme s'il ne s'était pas servi depuis que nous nous sommes rencontrés réellement il y a quelques heures. J'hésite, mais je sais qu'il m'aurait offert ce que je voulais sauf ma liberté, bien entendu.
Le temps se suspend en attendant que je me décide à bouger. Mon corps finit par se déplacer, parce que je n'ai qu'une parole. La surprise se dessine sur ses traits lorsque je pose mes paumes sur son torse. Je les fais remonter lentement vers son cou, ma respiration s'alourdit parce que j'ai conscience de ce qui se déroule quand sa bouche rencontre la mienne. Plus je me rapproche de lui, plus le monde semble s'effacer, se rétrécir jusqu'à ce qu'il ne reste plus que ce moment, cet espace entre nous. Son visage est si proche que je peux sentir son souffle chaud contre mes lèvres, une anticipation électrique me traverse comme un courant.
Lorsque ma bouche rencontre la sienne, c'est comme si une étincelle enflammait mon être tout entier. Le contact est à la fois doux et urgent, une danse contradictoire. Ses lèvres sont fermes contre les miennes, mais je ressens une grande douceur sous-jacente, une promesse de quelque chose de plus profond. C'est comme un écho en moi. Chaque mouvement de nos bouches est un échange silencieux, une conversation sans mots ou chaque pression, chaque glissement raconte une histoire de désir et de vulnérabilité. Ses mains se posent sur mon visage, ses doigts effleurent ma peau avec une tendresse inattendue, et je sens une chaleur se répandre en moi, me consumant de l'intérieur.
Notre baiser devient plus intense, nos souffles se mêlent et j'ai l'impression que nous nous mettons au diapason l'un de l'autre. Il y a une urgence désespérée dans la façon dont nos lèvres se cherchent, se trouvent et se découvrent sans cesse. C'est comme si nous essayons l'un et l'autre de capturer l'essence de notre partenaire, de graver cet instant dans l'éternité.
Mon corps répond à chaque mouvement, chaque caresse de Ran. Je me sens vivante d'une manière que je n'avais jamais connue, chaque fibre de mon être s'éveille pour lui. C'est un mélange de passion brûlante et de douceur infinie, un équilibre précaire entre l'extase et la tranquillité. Une connexion est en train de se tisser entre nous. Ce baiser, intense et enivrant, me marque de manière indélébile, me laissant haletante et perdue, néanmoins j'ai conscience qu'une part de moi est en train de changer irrémédiablement.
Et puis la réalité se rappelle à moi, brutalement.
Une fois qu'il m'aura eu, il me condamnera à mort.
Une part de moi se fracasse en un million de morceaux. Je m'arrache à sa bouche en prenant le plus de distance possible.
— Kewik...
— Non, grondé-je. Tu as eu ton lot, tu n'en auras pas plus.
Puis je rebrousse chemin vers la tour. La route n'est pas difficile, il me suffit de suivre la direction où j'aperçois les vitres des étages les plus hauts. Ran se positionne à mes côtés, nous restons silencieux l'un comme l'autre. J'en suis heureuse, parce que je ne veux pas discuter des changements qui s'opèrent.
Tu te consumes pour lui, me raille ma conscience.
Je me fustige, je me dégoûte de mettre laisser toucher de la sorte et de l'avoir tant désiré. J'ai honte, si honte. Le goût de son baiser s'attarde sur mes lèvres, une brûlure douce-amère qui refuse de s'estomper.
Mes mains se serrent en poings pour essayer de contenir la tempête qui se déclenche à l'intérieur de moi. Comment ai-je pu me laisser aller ainsi ? Je suis censée être forte, insensible à ses charmes, et pourtant... la chaleur de sa bouche, la passion de cet échange ont réussi à franchir mes défenses les plus solides.
Je suis impardonnable !
Il a raison, je ne peux plus l'accuser d'être un violeur et un monstre quand tout ce qu'il m'a montré jusqu'ici n'est que séduction et affrontements. Il aurait pu prendre le pas sur moi d'au moins cent façons différentes, cependant il n'a jamais pris ce chemin-là. Ran a répondu à mes provocations avec un entrain incroyable.
N'oublie pas qu'il veut seulement te baiser comme les autres...
Ma vie sera terminée dans quelques heures, une nuit avec lui et je serai exécutée le lendemain. Je suis une Égide, mais une guerrière et ce jusqu'à mon dernier souffle. Et maintenant, après avoir goûté à ce moment interdit, je me sens souillée. C'est comme si j'avais trahi la mémoire de toutes celles qui sont tombées avant moi, elles étaient ma famille, mes sœurs.
Un poids écrase ma poitrine. Comment ai-je pu en arriver là ? Toutes ces sensations que mon corps découvre et désire sont une trahison envers moi-même, envers mes convictions et envers celles qui pourraient compter sur moi pour survivre, pour lutter.
Nous sommes sur le point de sortir de la forêt lorsque je pose ma main sur un arbre. Une douleur me vrille la poitrine. Les flash reviennent, les hurlements dans mon esprit prennent une ampleur que j'ai du mal à supporter.
— Est-ce que tu vas bien ? Je sens ta peur.
Sa paume se pose sur mon épaule et je le repousse.
— Ne me touche pas, ça va je gère.
Une marée noire menace de m'engloutir , je ne peux pas me laisser aller ainsi devant lui. Ma seconde main se pose sur le tronc et je tombe à genoux.
— Kewik !
— Non ! crié-je assez fort pour l'arrêter.
Je dois trouver la force de reprendre le contrôle et de me relever.
— Pas maintenant, murmuré-je, ne m'envahissez pas maintenant.
C'est presque une supplique qui se perd dans le hurlement qui sort d'entre mes lèvres. Le temps change, le vent se lève... je sens le craquement des branches comme si c'était mes os qui étaient malmenés.
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Sacrifice - Dark romance dystopique -
RomanceTous les ans, un tirage au sort a lieu parmi les femmes pour devenir la compagne consor du roi, mais seulement pour une seule nuit et elle est exécutée le lendemain. Jusqu'à ce qu'elle arrive, celle qui lui est destinée La prophétie l'a annoncé : c...