Chapitre 5 - Kewik

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 Abasourdie, c'est le seul mot qui me vient. Mes iris fixent ceux du roi pendant que je referme la bouche. Le sourire qu'il me lance aurait eu un effet incroyable sur mes consoeurs, mais il me laisse de marbre.

— Tu n'as pas dit ça, soufflé-je.

— Si, confirme-t-il en se penchant en avant.

Sa posture pourrait me suggérer qu'il est détendu, mais j'ai conscience de la tension dans la pièce. Je ne désarmorcerais pas la situation parce que je veux qu'il me tue. Mes yeux se lèvent pour regarder la pièce où nous sommes. Il me semble que tout à l'heure j'ai aperçu une chose intéressante et je finis par la trouver. Je ris intérieurement parce que je vais faire grimper la tension encore plus dans la pièce. Ce connard de roi pense que nous lui appartenons, je vais lui montrer à quel point il a tort de le penser. En les ignorant complètement, je reprends en portant les mains à mon haut.

— Franchement je pensais au moins arriver à sauver cet ensemble.

Mes doigts se portent au niveau de la déchirure, je les glisse dedans et déchire encore plus le tissu.

— Kewik, gronde le roi.

Je poursuis, tout en me débarrassant du peu de tissu restant. Le haut de mon corps leur est dévoilé, je porte un soutien-gorge qui se dégrafe sur le devant. Il met parfaitement ma poitrine en valeur et dans cette tenue les dessins qui couvrent mon corps sont tous visibles.

— Non, mais vraiment, j'adorai cette tenue, mourir dedans aurait été fun.

Le silence continue, je me penche pour retirer mes chaussures et me retrouver pieds nus. J'adore ne pas porter de chaussures, c'est l'une des choses qui me permet de me sentir vivante. Je me redresse et personne ne parle, donc je continue en me rapprochant de la baie. Mes paumes poussent les fenêtres, je les envoie presque valsées. Puis je me tourne vers les deux hommes qui me scrutent avec attention.

— Tu me dois une nouvelle tenue pour mourir ta majesté.

Sur ses mots, je laisse tomber le pantalon et il est évident que je porte une tenue assortie. C'est un boxer qui englobe parfaitement mes fesses. Un grondement s'ensuit et j'entends le bruit d'une chaise qui percute le mur.

— Ran, s'exclame Show.

Je me tourne pour voir la scène. Le roi a sa main autour de la gorge de son second, un petit rictus s'inscrit sur mes lèvres. Mon corps leur fait face, je croise les bras sur ma poitrine.

Mon manège va fonctionner, je vais mourir.

Je m'accroche à ça pour poursuivre.

— Oh ta majesté, tu es susceptible. Tu crois vraiment qu'il est le premier à me voir ainsi ?

Ran tourne brutalement la tête vers moi, ses yeux sont brillants, la bête n'est pas loin.

Parfait ! Je compte bien sur toi, chère panthère.

— Quoi ? Tu découvres les choses ?

Il relâche Show, mais son attention reste fixée sur moi. Show tente de le détourner, néanmoins je sais parfaitement ce que je désire.

— Certains de tes hommes m'ont entraînée, ils m'ont déjà vu dans cette tenue. Je dois dire que j'ai eu quelques propositions assez alléchantes.

J'annonce ça tout en passant la langue sur mes lèvres et un grondement fait presque trembler l'espace.

— Ta majesté aucun de tes hommes ne s'est vanté ? demandé-je faussement peinée. Je suis pourtant du genre inoubliable.

Le roi penche la tête sur le côté. Show se place entre nous en posant les mains sur les épaules de son souverain.

— Ne l'écoute pas, tu sais qu'elle le fait exprès.

— Non, renchéris-je en soulevant les épaules. J'ai accepté la proposition de l'un de tes hommes.

— Kewik, arrête ça ! s'exclame Show.

— Pourquoi ? Ma virginité était à moi si je me souviens bien, j'ai donc fait le seul choix que j'étais en capacité de faire.

Je poursuis parce que je ne lui donnerai jamais ce qu'il veut et j'espère bien que les règles ont autant d'importance que les livres le disent. Une Égide doit rester vierge pour le roi qui la prendra la veille du jugement, sinon elle doit être tuée. J'ai fait énormément de recherches sur ce qui se passe pendant l'acte sexuel. J'ai lu un paquet de récits et étrangement mes rêves m'ont toujours confirmé que la première pour une femme pouvait être légèrement douloureuse au début.

— Elle ment, reprend Show.

— Ah bon ? En es-tu sûr ? Parce que je me souviens de la douleur, continué-je.

En une seule seconde, je me retrouve sur le sol avec un léopard immense au-dessus de moi. Il grogne, je devrais avoir peur, mais au lieu de ça je ris.

— Tu croyais que ce serait facile, hein, Ran, mais je ne serai jamais tienne parce que j'appartiens déjà à un autre.

Il feule, il gronde, je sens sa colère et l'aura qu'il dégage est une véritable merveille.

Il va me tuer, enfin !

Mes yeux se ferment, je patiente jusqu'à ce qu'il me tue d'un coup de gueule. Les secondes s'égrènent, puis le poids sur moi disparaît. Des bruits de luttes se font entendre, alors j'ouvre les prunelles, puis me redresse sur mes coudes pour voir ce qu'il se déroule. Trois changelings sont en train d'en découdre, pendant que le seul vampire que je connaisse vient vers moi. Kay me tend la main, je la saisis, je sais que ça énervera encore plus Ran.

— Dis-lui la vérité avant qu'il ne tue les siens.

— Je ne sais pas de quoi tu parles.

Kay me tend une robe que j'enfile.

— Kewik nous t'avons toujours traité avec respect, alors ne soit pas ingrate. Nous n'étions pas obligés de te donner les armes pour te battre...

Ses paroles remuent quelque chose en moi et je soupire. Je m'avance pendant qu'ils continuent de se battre, Kay tente de me retenir, cependant je l'esquive pour me lancer dans la mêlée.

— Kewik, non ! crie le vampire.

Sacrifice - Dark romance dystopique -Où les histoires vivent. Découvrez maintenant