Sacrifice - Dark romance dystopique -

Chapitre 6 - Ran

 La colère et la jalousie me bouffent. Je déverse tout mon ressentiment sur mes lieutenants qui tentent de m'empêcher de la tuer. Je rêve de déchiqueter sa gorge pour avoir osé me trahir de la sorte. Les coups pleuvent, les morsures et les coups de dents aussi. Je ne les épargne pas et ils encaissent. Jusqu'à ce que Camille soit éjectée par un coup de pied. Cela a le mérite de nous arrêter autant Show, Vince que moi.

— Ça suffit, bande d'animaux stupides ! crache Kewik.

Ses cheveux sont en désordre, mais elle ne semble pas avoir une seule égratignure. Lorsque Camille tente de revenir à la charge, visiblement dominée par son loup. La jeune femme l'évite, puis elle lui met un coup de pied dans les côtes en réponse, exactement au même endroit qu'il y a quelques minutes et le craquement que nous entendons signifie que c'est cassé.

— Oui, tu es un animal stupide, même pour une nana, gronde l'humaine.

Comment entreprend-elle ça ? Ce n'est qu'une petite humaine.

— Ça se passe entre lui et moi, continue-t-elle, alors les toutous à la niche.

— Kewik, gronde Kay.

— Oh, toi, tu as joué sur mon humanité, mais ne m'en demande pas trop. Tu crois qu'ils ont besoin que je les dorlote.

Nous la toisons, parce que si quiconque nous avait parlé ainsi en public, il serait mort. Puis son attention se reporte sur nous, elle me scrute avec une haine aussi grande que la mienne.

— Si tu dois tuer, c'est seulement moi, annonce-t-elle, ne te laisse pas distraire par ces idiots.

Je penche la tête sur le côté et le vampire en moi sourit parce qu'il la veut. Mon corps se rapproche du sien, ma gueule s'ouvre pour prendre sa gorge dans ma bouche.

— Nos lois, annonce Vince, tu le sais.

Ma langue parcourt sa peau, mes capteurs sensoriels se mettent en place et je comprends ce qu'elle a entrepris.

Humaine maline...

Mon léopard sourit à son tour. Elle a tenté de jouer sur la possessivité de mon animal pour que je la tue. Elle a parfaitement conscience de ses agissements. Je me métamorphose sous ses yeux, Kewik ne détourne pas le regard de mes prunelles. Son attention est entièrement focalisée sur moi, personne ne m'a jamais observé de cette façon. Je lui souris avant de lever la main, de la glisser dans sa chevelure et de la rapprocher brutalement de moi.

— Tu veux que ce soit violent, Kewik. Tu veux jouer avec mon léopard.

Ses prunelles se dilatent, je souris encore plus, parce que c'est ce que désire son corps, mais aussi une part de son esprit. Cette femme est une putain de guerrière ! Dans la seconde qui suit ma bouche s'empare de la sienne, elle me repousse, mais je ne cède pas. Alors ses dents s'enfoncent dans ma lèvre inférieure, elle va jusqu'au sang. Je me recule, mais je la maintiens toujours, ses ongles griffent mon torse.

— Parfait, soufflé-je, apprête toi à danser avec un léopard, mon cœur.

— Je ne suis pas ton cœur, grince-t-elle.

— Tu viens de me marquer, Kewik.

Son regard se reporte sur le sang qui coule de ma lèvre, elle n'a aucune idée de ce qu'elle vient de faire, mais moi j'ai ce que je voulais : mon sang dans son organisme.

— Je t'ai mordu, rien de plus. Ne prends pas tes rêves pour des réalités.

Ma main se resserre autour de sa hanche avec plus de force, elle couine. Ses yeux se ferment parce que je le reconnais je ne suis pas tendre.

— Tu m'as revendiqué, Kewik, tu as entamé le jeu et je compte bien te montrer ce que ça veut dire que se faire traquer par un être mi-vampire mi-changeling.

Puis je la relâche, mes hommes s'agenouillent lorsque je me tourne vers eux. Le sang a suffisamment coulé pour que cela soit tombé sur mon torse. Une bonne douche va me faire le plus grand bien.

Camille se tient les côtes lorsque je leur ordonne d'un signe de se redresser. Je me rapproche afin de voir l'étendue des dégâts. Ma paume glisse doucement, elle en a deux de cassées. Kewik doit avoir une sacrée force pour tenir tête à une changeling.

— Va voir une Êta, ne traîne pas trop.

— Oui, souffle la jeune femme.

Elle est nue, mais la nudité ne représente rien pour nous autres. Kay s'avance, puis il soulève Camille qui ne semble pas ravie.

— C'est bon Cam, c'est juste le temps que l'Êta te remette sur pieds. Tu n'es pas faible parce que je t'aide.

Kewik se dirige nonchalamment vers la piscine, mais je ne suis pas dupe. Je sens qu'elle cache ce qui se passe en elle, malheureusement le lien est créé entre nous et elle ne peut plus se dissimuler. Je file vers mon dressing avec mes hommes, je leur file des fringues dans le silence.

— Écoute, commence Show.

— C'est bon, j'avais perdu le contrôle, réponds-je.

Je secoue la tête.

— J'ai vu rouge peut-être un peu trop vite.

— Nous savions tous qu'elle se battrait, déclare Vince. Kay nous a ordonné de rester près de tes appartements quand il a su pour elle

Kay est à mes côtés depuis des années. Ses yeux noirs et ses cheveux courts châtain en font un guerrier assez redouté. Il n'a pas une gueule d'ange comme Show ou Vince.

— Oui, mais je n'avais pas prévu qu'elle pourrait prendre une telle direction.

Show se gratte l'arrière de la tête.

— Elle est vierge, aucun d'entre nous n'aurait fait un truc pareil.

— Je sais, je l'ai compris. Elle est intelligente.

— Beaucoup trop, grommelle Show.

— Mais c'est pour ça qu'elle plaît autant à ceux qui l'approchent, renchéris-je. Elle est efficace et douée. Si elle n'était pas Egide, elle pourrait être une bêta assez redoutable.

Ils acquiescent, nous sortons de la pièce pour aller vers la salle à manger. La table s'est remplie de mets en notre absence et ça tombe bien parce que nous avons les crocs après autant d'exercices.

Mes yeux dérivent vers Kewik qui est assise en tailleur près de la piscine. Je ressens son tumulte. Elle est partagée entre quelque chose de sombre qui s'éveille en elle et son envie de mourir. Je dois absolument la faire tendre vers ce qui sommeille en elle. Je me cale dans le fond de mon siège afin de la détailler. Cette femme est belle, je ne l'ai pas vu de prime abord, parce qu'elle a voulu se battre d'entrer de jeu. Sauf que là, j'ai parfaitement conscience de ce qu'elle est, de la grâce de son corps, de ses courbes alléchantes.

L'une de nos lois concerne les Égides : il est interdit de les prendre de force. Les violeurs n'ont pas bonne presse chez nous, je n'aurai jamais pris cette direction, même si elle croit le contraire.

— Ne soit pas brutale avec elle, déclare Show. C'est ce qu'elle attend de toi.

Mon attention se reporte sur mon second.

— Séduis son esprit et elle se livrera à toi.