Prendre ses marques (suite).

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Comme tous les matins, nous sommes sur le ring, Peter et moi, et, comme d'habitude depuis deux ou trois jours, je me fatigue vite. Il se plaint que je suis fainéante et je prétends qu'il est trop exigeant et que je me donne déjà à 100 %.

- Kate, secoue-toi ! Même à la première séance, tu te battais mieux. Je croyais qu'on avait dépassé le stade de « je dois te faire peur et te mettre en danger pour que tu réagisses ».

J'en ai assez. Marre de m'entraîner. Je fais ça tous les matins, c'est d'un barbant ! Et la rengaine « motivante » de Peter devient lassante. Je m'essuie le front, lasse, et me dirige vers le côté pour descendre du ring, mais j'ai à peine fait quelques pas que Peter me retient par le poignet.

- Eh ! Qu'est-ce que tu fais ! Tu abandonnes ou je rêve ? Je ne t'ai jamais dit que tu pouvais arrêter ! s'exclame-t-il d'un air interdit.

Je vois ses prunelles s'obscurcir. Le coach semble vraiment ne pas apprécier mon comportement.

- Tu n'y mets pas du tien et tu prends beaucoup trop tes aises. Ce n'est pas parce qu'on est amis hors du ring que tu peux te permettre de défier mon autorité lors de l'entraînement. Ici, je suis ton supérieur et si je ne te dis pas d'arrêter, tu n'arrêtes pas !

Il me fixe durement, en resserrant progressivement son emprise sur mon poignet.

- Est-ce que c'est clair ? me prévient-il, menaçant.

C'est capricieux de ma part, je le sais, mais j'en ai marre qu'on me donne des ordres. Je suis fatiguée et ça fait deux semaines qu'on travaille à ce rythme. Alors pourquoi ne peut-il pas me céder une putain de pause ?

- J'ai compris, mais, là, je veux une pause. Ne vois-tu pas que je suis épuisée ? Lâche-moi un peu les baskets, tu veux. Je te promets d'être plus en forme demain.

Je tente de me défaire de son emprise. Il commence sérieusement à me gonfler à me restreindre ainsi.

- Continue comme ça, Kate, et tu vas avoir de sérieux problèmes. Dans la mafia, l'une des principales valeurs est le respect de l'autorité, et tu es en train d'y faire une très grosse entorse, me prévient Peter.

- Va te faire voir avec tes menaces, j'assumerai, répliqué-je sans crainte.

Une voix grave s'élève soudainement dans la salle. Je la reconnais entre mille. Elle provient de derrière moi et j'ai le sentiment que je ne vais pas aimer du tout ce qu'elle va annoncer.

- Laisse-nous, Peter, je vais m'occuper d'elle, déclare le chef du clan.

Je me fige. M. Barrish est rentré, et, apparemment, il a décidé de venir nous saluer en premier...

J'entends le bruit de ses mocassins italiens s'avancer sur le ring. Il se place juste derrière moi, tellement près que je peux sentir son souffle hérisser les poils sur ma nuque. Il avance sa bouche près de mon oreille et murmure d'un ton malicieux :

- Je vois que tu as pris le dessus sur Peter. Tu le mènes à la baguette, mon chaton.

- Non, je...

- Chut... Ce n'était pas une question, Katerina. Qui donne les ordres ici ?

Je déglutis. Pourquoi n'ai-je pas fait un effort ? Si je n'étais pas aussi capricieuse, je n'aurais pas à me faire corriger par le big boss...

Il voulait vraiment que je le dise ? De toute évidence, oui... Je ravale ma fierté de côté pour lui répondre.

- C'est vous, monsieur, annoncé-je posément.

- Qui ça ?

Il en voulait pour son argent, décidément.

𝗠𝗔𝗙𝗜𝗔 𝗟𝗢𝗩𝗘 | 1, 2 & 3 | Où les histoires vivent. Découvrez maintenant