Chapitre 15 : Mission sauvetage.

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“ Il y a dans l’impuissance quelque chose qui nous fait mépriser celui qu’elle accable. Il y a dans le désespoir quelque chose qui nous rend incapables d’accepter de l’affection ”

- Katerina, me souffle-t-il en faisant un pas vers moi tandis que je m’empresse de remettre mon jean et mon chemisier malgré son état déplorable.

Je veux lui dire de ne pas m’approcher, mais ma gorge est bien trop nouée pour me permettre d’émettre le moindre son. Alors je choisis simplement de prendre la fuite. Je pars à toute vitesse vers la petite salle de bain. Je claque la porte derrière moi avant d’appuyer mon dos contre celle-ci et de me laisser lentement glisser au sol jusqu’à être assise, les genoux collés contre ma poitrine et mes bras entourant mes jambes. Je tente en vain de créer une bulle de protection autour de moi.

- Katerina, m’appelle doucement Daniel, laisse-moi t’aider s’il te plaît.
Non.

Je veux lui dire non, mais encore une fois les mots ne peuvent sortir de ma bouche. Je pose ma tête contre mes genoux et me berce légèrement, priant pour oublier. Oublier tout : cette ville de merde, mes parents de merde, l’enlèvement de mon père, le fait d’avoir tiré sur Scott, d’avoir failli mourir, de m’être fait enlever dans Central Park et ici, à Philadelphie, le fait de m’être fait battre, humilier, violenter... presque violer.

Je suis faible, incapable de me défendre. Une incapable, c’est tout ce que je suis. Ça fait des semaines que je passe toutes mes matinées à m’entraîner et à suer pour être enfin capable de me défendre toute seule, et pourquoi ? Pour rien. Je serai toujours celle qui sera en détresse, obligée d’être soumise à la force et à la volonté de mes assaillants.

Les larmes continuent à couler, traçant de brûlants sillons le long de mes joues. La souffrance continue à enflammer mon cœur et la peur à paralyser mes entrailles. Je retiens mes sanglots, mais je suis sûre que ça n’empêche guère Daniel de les entendre à travers la porte.

- S’il te plaît..., supplie-t-il.

Il a l’air tellement désespéré que je suis à deux doigts de craquer. C’est à cet instant que je l’entends murmurer faiblement :

- S’il te plaît, Kate… Kate.

Il m’a appelée Kate.

Je déglutis fortement et souffle un bon coup avant d’essayer de formuler une phrase cohérente.

- Plus de Katerina ?

Je l’entends inspirer, comme abasourdi d’avoir réussi à obtenir une réponse de ma part.

- Non, juste Kate maintenant, me répond-il comme un aveu.

À ces mots, et j’ignore pourquoi, les larmes et les sanglots redoublent,
m’empêchant de continuer la conversation. Je continue à m’enfoncer dans ma crise de larmes, n’entendant même plus ce qu’il me dit. Je reste cloîtrée là, à évacuer toute la tension qui m’habite.

Peter

Tout est en place. Jason et moi sommes garés à quelques rues de l’entrée de la maison. Et nous écoutons dans la voiture nos deux petits scouts qui, très innocemment et sans savoir qu’ils sont placés sur écoute, vont toquer à la porte des Russel pour leur proposer de leur acheter de succulents brownies. Ce que ces enfants ignorent aussi, c’est qu’ils vendent des brownies remplis de drogues destinés à endormir les ravisseurs. Nous souhaitons au départ y mettre du poison, mais nous ne pouvons pas prendre ce risque. Pas si les autres brownies vont être vendus au reste du voisinage.

𝗠𝗔𝗙𝗜𝗔 𝗟𝗢𝗩𝗘 | 1, 2 & 3 | Où les histoires vivent. Découvrez maintenant