Avant même que j'ouvre la fenêtre, il lève les yeux et m'aperçoit. Il me sourit et me fait signe de descendre.
Je fais non de la tête. Je peux pas, on vient de rentrer, mes frères ne dorment pas encore et je ne vais certainement pas le rejoindre dehors par ce froid glacial alors qu'il m'a interdit de le voir quelques heures avant. Il joint ses mains et fait une petite moue, comme pour m'amadouer. Je refais non de la tête mais cette fois ci un sourire apparaît malgré moi sur mon visage. Il est chou quand même. Il insiste, et je sais que je vais céder. Mais il reste cette histoire de sortir en toute discrétion, pas sûre de ne pas me faire griller... Alors j'ai une idée, et c'est moi qui lui fais signe de monter me rejoindre. Je vois qu'il regarde la porte, puis la fenêtre sans comprendre... Puis il saisit mon idée et il pousse son scooter sans l'allumer juste devant la porte de mon garage. Il prend appuie sur les tuiles et grimpe sur son scooter jusqu'à escalader le toit. Il arrive prudemment juste devant moi, seule la vitre nous sépare encore. Il sourit. Je m'empresse de lui ouvrir et de lui donner la main pour le faire passer à l'intérieur.
Il est gelé. Je referme la fenêtre derrière lui et lui fais face. Je n'ai même pas le temps de l'admirer qu'il ouvre ses bras et m'attrape à l'intérieur. Je lui frotte le dos instinctivement pour le réchauffer et respire son odeur. Il glisse son visage dans mon cou et le froid me fait frissonner. On ne s'est toujours pas dit un mot mais on reste comme ça quelques secondes, à apprécier la présence l'un de l'autre. Je sens qu'il me serre fort, j'ai l'impression que cette étreinte est sincère et qu'il est content de me voir. J'espère vraiment qu'il a une bonne explication pour tout à l'heure. Mais d'abord, j'ai tellement de questions... Je rassemble toute ma volonté pour me détacher de lui et je le regarde dans les yeux.
Il se dirige vers mon lit,
- Je peux ?
Je lui fais signe que oui et vais lui chercher un plaid. Il enlève son manteau, sa capuche mais garde son bonnet, je lui passe le tissu douillet autour des épaules. Il se blottit dedans et je me pose à côté de lui.
- Je suis heureux de te voir
- Moi aussi je suis heureuse de te voir Pierre. C'est assez... inattendu !
- Tu veux dire que tu pensais pas me voir débarquer ce soir dans ta chambre une heure après un concert devant 3000 personnes ? Se moque-t-il en riant.
- Comment t'as su où j'habitais ?
- Je savais pas... j'ai reconnu ta voiture violette et... je vous ai suivis.
- Mais WHAT ?
- Il fallait que je trouve un moyen de te voir, et... je n'ai pas le droit de te contacter.
- Comment ça 'pas le droit' ?
- C'est une clause de mon contrat, je dois rester célibataire pendant la tournée.
- Et en quoi me contacter ça serait ne pas être célibataire ?
- Je... n'ai pas le droit non plus de contacter des filles, ni de les inviter en loges si elles ne sont pas de ma famille. Encore moins d'être vu avec quelqu'un.
- Et... avec les filles de ton groupe ?
- Tu parles d'Helena ? Ça au contraire, ça plaît au public. Il faut en jouer, plus il y a d'ambiguïté plus mes managers sont contents.
- Et pour de vrai ?
- Pour de vrai, c'est une très bonne amie, me dit-il sincèrement.
Je prends le temps de digérer cette info, Pierre parait tout intimidé, ce qui contraste avec l'artiste incroyable que j'ai vu sur scène. Là, il est redevenu le jeune homme pas vraiment sûr de lui que je connaissais. Il joue avec un petit fil de laine qui dépasse du plaid, je vois qu'il n'ose pas trop me regarder. C'est comme deux facettes de sa personnalité, mais celle ci est rien que pour moi.
- Quand je t'ai aperçue dans le public hier soir... toute notre histoire m'est revenue... t'étais tellement belle... puis t'as disparu dans la foule et j'ai passé la fin du concert à chercher ton visage. J'en ai même parlé à Helena au debrief, tellement ça m'a perturbé. Et là tu vois, t'avoir devant moi, ça confirme carrément ce que j'ai ressenti.
Il semble chercher ses mots, je l'encourage en lui prenant la main.
- tu m'as beaucoup manquée. Il chuchote. Genre, vraiment beaucoup.
Il rougit, et moi aussi j'ai l'impression. On rit, et il passe sa tête sous le plaid, pour se cacher. Puis il ouvre une petite ouverture pour m'inviter dans sa cabane. On se retrouve sous le tissu, dans le noir, nos visages très très proches l'un de l'autre. Il retire sa main de la mienne pour la poser sur ma nuque. Il ne m'attire pas à lui, il la laisse juste posée là, comme une caresse.
- je peux t'embrasser ? Murmure-t-il et le fait qu'il demande la permission me fait complètement craquer.
- Pierre, tu sais que j'en ai autant envie que toi mais... je comprends toujours pas... ce que tu fais ici maintenant... avec quelqu'un comme moi.
- C'est quoi quelqu'un comme toi ?
- Une fille comme toutes les autres...
Il enlève la couverture de nos têtes et en un instant la magie est rompue. Je cois qu'il est confus.
- t'es tellement pas...
Pierre n'a pas le temps de finir sa phrase car il est interrompu par la voix d'Helena à travers son téléphone « Pierrot t'as été grillé ils viennent de voir que t'étais pas à l'hotel, j'te couvre mais dépêche de rentrer »
Il soupire et attrape son manteau.
- quand est ce qu'on peut se revoir ?
- Pierre... tu vas pas risquer ta carrière pour moi, c'est hors de question.
Il s'approche à nouveau tout près, et je le prends dans mes bras. Je le serre fort en essayant d'enregistrer chaque détail sur lui. Il me serre aussi, et me glisse à l'oreille « je reviendrai pour toi » avant d'ouvrir la fenêtre et de s'engouffrer dans l'air glacial de la nuit.
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Cœur de Pierre
FanfictionDora est prise par surprise quand ses amis de la fac l'invitent au concert de la Star Ac' pour son anniversaire. Sa vie tranquille basculera-t-elle en apercevant son amour d'adolescente briller sur scène ?