L'hôtel

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Je fonce jusqu'à mon hôtel. Je connais le chemin car j'y ai laissé ma valise plus tôt dans la journée. Je me réfugie dans ma petite chambre et sens l'angoisse monter. Avec l'adrénaline je n'ai pas vraiment réagi à tous les événements de ce soir mais maintenant ils me reviennent en pleine tête et l'anxiété devient étouffante. J'hyperventile et en quelques minutes je me retrouve en énorme crise d'angoisse. Mes mains tremblantes attrapent mon téléphone et je sais que je n'ai pas le choix, mes frères et mes potes sont à des centaines de kilomètres, et puis faut bien avouer que c'est pas eux dont j'ai besoin, comme si ça m'avait traversé l'esprit une seule seconde de contacter quelqu'un d'autre que lui. Je débloque Pierre pour l'appeler.
- Allo ?
En entendant sa voix un sentiment de honte me submerge et je fonds en larmes. J'en reviens pas qu'il me réponde après ce que je lui ai dit ce soir. Je perds mes moyens et me contente de pleurer au téléphone.
- Dora ? T'es où ?
- À l'hôtel.
- C'est quoi le nom ?
- Les Glaïeuls.
- J'arrive.
Je me roule en boule dans un coin de la chambre. Je garde mon téléphone dans ma main pour que Pierre puisse me prévenir quand il est là. J'me trouve bien bête mais j'me rassure en me disant qu'il m'a jamais jugée. On toque à la porte, ce qui me sort de ma torpeur. Je flippe que le type chelou soit venu se venger, qu'il m'ait retrouvée. Mais une voix familière s'élève de l'autre côté de la cloison « Theodora ? C'est moi, ouvre ! »
Je me précipite sur la porte et me blottis contre Pierre. Je sens qu'il se crispe, ce qui me fait mal au cœur, j'ai vraiment dû le blesser, tout à l'heure, mais il finit par enrouler ses bras autour de moi. Il s'est changé, il a remis son marcel sous un sweat ouvert. Je l'entends dire « c'est bon, je vais m'occuper d'elle » et sans défaire notre étreinte, il me guide à l'intérieur. Il libère une main pour fermer la porte derrière nous et m'allonge sur le lit. Je le tiens fermement pour qu'il suive mon mouvement et s'allonge avec  moi. Je suis tentée de lui demander de me grimper dessus comme la dernière fois, mais j'ose pas et lui non plus alors il trouve d'autres trucs qui fonctionnent. Il me couvre de petites caresses et de paroles rassurantes jusqu'à ce que je me calme. « allez ma belle. Ça va aller. Je suis là. Cale ta respiration sur la mienne, voilà, comme ça. Tant que tu voudras bien de moi, je serai là. »
- Comment tu savais dans quelle chambre j'étais ?
- J'ai des contacts maintenant, me dit-il avec un sourire malicieux - la gérante de ton hôtel était même prête à m'ouvrir ta porte avec son double de clés.
- Pierre, je suis tellement désolée, j'ai été infecte, et malgré tout, jamais tu me laisses tomber.
- C'est parce que j't'aime, Dora ! Et je continuerai de te le prouver autant de fois qu'il le faut pour que tu me croies.
- Je me sens vraiment très nulle. J'ai cru...
Je m'arrête, car je n'ose pas aborder le message du manager. Je ne sais pas ce qui se passe avec Helena, mais ce soir Pierre m'a encore prouvé qu'il tenait à moi, et que j'étais sa priorité. Il m'a appelée sa copine devant tout le monde, au risque de compromettre son contrat, et vient de me dire 'je t'aime'. J'ai jamais eu une seule raison de douter de sa sincérité, alors je commence à me demander pourquoi j'ai cru un inconnu au lieu de faire confiance à Pierre. Mais encore une fois, la confiance et moi, c'est une histoire compliquée... il interrompt mes pensées:
- Tu dors ?
- Non, je réfléchis.
- Ah tiens, c'est rare ça ! Se moque-t-il.
Je lui pince la joue pour l'embêter.
- Ma belle, je peux te demander un service ?
- Quel genre de service ?
- J'aimerais qu'on descende et pouvoir te présenter officiellement à mes amis.
- Attends, tu veux dire qu'ils sont en bas ? Dans le hall de l'hôtel ?
- Oui, ils sont tous venus avec moi, ils étaient morts d'inquiétude pour toi après ta mésaventure de ce soir.
- Et t'as envie de me présenter... Même à Helena ?
- Surtout à Helena, à vrai dire. C'est elle que j'ai le plus soûlé à parler de toi, il rit.
- Qu'est ce qu'ils savent sur moi ?
- Ils savent que tu es une fille incroyable et que je suis fou de toi. Panique pas, ma Dora, ils vont t'adorer.
- T'es sûr ?
- Moi j'te trouve adorable en tout cas.
Il me sourit tendrement et je lui rends son sourire. Il me refait un demi cœur avec ses doigts, que je m'empresse de compléter avec les miens.

Cœur de PierreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant