La discussion

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Je ne dois pas attendre longtemps pour revoir Pierre, qui prévoit un aller retour en voiture exprès sur son seul congé de la semaine. Ça fait 4 jours que je suis rentrée de l'hôpital avec l'ordre de beaucoup me reposer. Je passe mes journées principalement à le stalker et à parler au téléphone avec Alba pour combler les trous de l'histoire. Elle me demande de lui raconter comment on s'est rencontrés et je lui dis toute la vérité.
Elle comprend mieux pourquoi je suis restée secrète sur cette amitié, vu les circonstances...
Pierre toque à ma chambre. Cette fois, il est arrivé par la porte d'entrée.
Il fonce vers le lit où je suis assise et il prend mon visage dans ses mains. On se regarde, il porte son sweat à capuche noir et ses cheveux sont détachés. Il a l'air épuisé, et il sent comme s'il avait fumé 10 cigarettes avant de venir.
- Mon cœur, murmure-t-il avant de m'attirer dans ses bras.
- Ah oui, c'est vrai que tu m'appelles comme ça maintenant ? J'aime bien, j'annonce avec un grand sourire.
Il se retire de notre étreinte pour me regarder.
- comment tu vas ?
Je demande
- Comment moi je vais ? C'est plutôt toi qui doit me dire comment tu vas !
- Ça va mieux. Mais t'as l'air épuisé, et t'as la voix défoncée. C'est pas trop dur, le rythme de la tournée ?
- Quand je fais pas un deuxième concert privé chaque nuit dans une chambre d'hôpital, j'arrive à tenir la cadence, plaisante-t-il.
- Je suis vraiment désolée.
- C'est moi qui suis désolé. J'aurais voulu être là à ton réveil.
- T'es là maintenant.
- Et je pars plus.
- Menteur !
- Bon oui j'avoue j'me suis un peu emballé sur ce coup là. Je voulais dire, je pars plus de ta vie.
- Ah oui ça j'ai cru comprendre que t'avais officialisé les choses, là aussi tu t'emballes un peu, non ?
- Qu'est ce que tu veux dire ?
- T'as un peu forcé le destin... genre t'as décidé tout seul qu'on était ensemble, tu m'as même pas posé la question !
- je te laisse pas le choix, je suis trop amoureux de toi.
Je lui tape le torse avec mon poing mais en vrai je fonds complètement. Et en plus je le connais par cœur et ça ne loupe pas à peine 10 secondes plus tard :
- tu veux bien qu'on soit ensemble ?
Ce mec est un Green flag sur pattes, bien sûr qu'il me laisse le choix. Je décide de faire durer le suspens
- laisse moi réfléchir...
Il s'approche vraiment, vraiment proche, et me fais des petits bisous sur le front, les joues, et dans le cou.
- qu'est ce que tu fabriques ?
- je t'aide à prendre ta décision, me chuchote-t-il avec une voix séductrice. Il finit le tour de mon visage et s'apprête à m'embrasser sur la bouche. Il s'arrête au dernier moment, rit, et lève un sourcil.
- Alors ?
Il est tellement proche que j'ai senti le mot sur mes lèvres. Je mets mes mains sur sa nuque pour l'attirer vers moi et l'embrasse pour de vrai. Au début c'est timide, puis nos langues se rencontrent et le baiser devient plus passionné. Pierre pose ses mains sur mes hanches pour me serrer contre lui. Je fais glisser mes doigts dans ses cheveux, et notre bisou se change en étreinte pleine de tendresse. Il m'allonge à côté de lui et me caresse le bras.
- Tu m'embêtes à être aussi belle.
- Bah regarde pas ?
- Impossible. T'imagines même pas combien de fois j'ai rêvé de pouvoir être avec toi.
- Je veux pas que ça freine ta carrière.
- Si les gens comprennent pas que j'ai le droit d'avoir une vie privée, c'est leur problème. La seule chose qui pourrait freiner ma carrière c'est si ma carrière te freine toi.
Je rigole, mais je vois qu'il est sincère. Qu'il essaie de me mettre sur le même plan que son succès fulgurant, mais c'est impossible. Il a des milliers de fans, il réalise son rêve, et c'est tellement plus important que moi, tout ça.
- allez, détends toi, de quoi t'as peur ?
Je ne sais pas trop ce qui se passe dans ma tête mais avec cette question innocente c'est comme s'il déclenchait un interrupteur en moi, les vannes lâchent d'un coup et je sors tout ce que j'ai sur le cœur :
- Tu crois qu'avec ce que j'ai vécu, j'ai pas une peur bleue de l'abandon ? J'ai tout quitté du jour au lendemain, tous mes repères, alors que j'avais rien fait de mal. Mes parents sont jamais là, même quand j'suis à l'hôpital ils rentrent pas du boulot, et toi, t'es la seule personne qui a toujours été là. Tu crois que je suis pas terrifiée à l'idée de te perdre ? Que tu trouves mieux ailleurs ? Ça n'a aucun putain de sens pour toi de te cacher dans une chambre d'étudiante alors qu'il y a deux heures tu faisais la bise à miss France ! Je suis pas assez bien pour toi et quand tu vas t'en rendre compte je vais faire comment moi ? J'ai pas la force de tout perdre une nouvelle fois, j'ai pas la force de TE perdre une nouvelle fois et...
Sans me laisser finir ma phrase, il roule sur moi et m'écrase de tout son corps. Son visage est au dessus du mien, il me caresse les joues avec ses pouces.
- Comment tu peux douter une seconde que t'es pas la femme de ma vie ?
Ma respiration se calme, bizarrement le fait qu'il mette tout son poids sur moi m'aide à m'apaiser. Je sens chacun de ses muscles contractés, tous les endroits où nos peaux se touchent. On reste un moment à se regarder dans les yeux, comme ça. Je crois qu'il attend que la crise d'angoisse se termine. Il me caresse le visage, les cheveux, m'embrasse sur le nez et le front. Ses gestes sont tellement connectés à ses paroles, que je finis par le croire.

Quelle erreur...

Cœur de PierreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant