La confrontation (version 2)

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MILLE MERCIS pour votre patience !!! J'ai tourné et retourné ce chapitre pour qu'il soit cohérent avec la suite que je voulais donner à l'histoire et ça y est, j'en suis contente !!!!
Je croise les doigts pour qu'il vous plaise à vous aussi : n'hésitez pas à me le dire si c'est le cas 😇

Bonne lecture et encore merciiiii


Les jours passent et se ressemblent, mais cet après-midi je reçois un appel d'un numéro masqué qui fait basculer ma journée.
- Allo ?
- Theodora ? Faut que tu viennes, Pierre a besoin de toi.
- Quoi ? Qui êtes vous ?
- Je m'appelle David, je suis producteur sur la tournée.
Alors là, je tombe des nues, David qui m'appelle, ça doit vraiment être grave.
- Il a quoi Pierre ?
- Il refuse de chanter tant qu'il ne t'a pas vu. Le concert est dans 5 heures, il est filmé en direct pour la télé. Je t'envoie une voiture. Dépêche !
Son ton est sec et agacé, mais en même temps, la stratégie de Pierre semble marcher puisque je vais le rejoindre ! Je saute dans une tenue un peu plus classe et vais prévenir mes frères de mon absence. Ils sont méfiants mais me font confiance, même si Joe me glisse un petit objet métallique dans mon sac à main que je devine être un spray au poivre. Toujours plus ! Je leur dis au revoir et descends attendre mon chauffeur, en me pinçant pour vérifier que ce n'est pas un rêve. J'ai du mal à y croire ! Quand la grosse berline se gare devant chez moi je réalise que c'est bien réel et je m'engouffre dans le véhicule. Le trajet se passe en silence même si le chauffeur est adorable et essaie de détendre l'atmosphère, je suis bien trop stressée pour être bavarde. Le véhicule s'engouffre directement dans les entrailles de Bercy, si bien que quand je sors de la voiture je suis déjà dans la périmètre réservé aux artistes. Un agent m'accueille et me demande de le suivre. Il marche au pas de course mais franchement ça me va, si je pouvais courir pour arriver plus vite auprès de Pierre je le ferais.
Nous arrivons devant une porte et mon accompagnateur passe son badge sur un capteur pour m'ouvrir la porte.
La pièce est une loge, avec une sorte de buffet et un coin salon. Elle est jonchée de papiers et de fringues étalés sur le sol, et une lampe est tombée par terre.
Pierre est debout au milieu de la pièce, en train de faire les cent pas une clope au bec et la fumée s'accumulant dans la pièce me confirme que c'est la suite d'une longue série. À l'instant où je le vois mon cœur palpite dans ma poitrine. Il a mauvaise mine, semble nerveux, la mâchoire crispée... Il ne lève pas les yeux vers moi mais me prend tout contre lui sans un mot, me protégeant de la fumée de la clope en la changeant de côté. Je cherche à prendre son visage entre mes mains pour le regarder mais il ne veut pas, il résiste et enfouit son visage dans mon cou. Il se cache contre moi alors si c'est d'un câlin dont il a besoin, je le laisse. Je passe ma main sous son teeshirt pour caresser son dos, je sens instinctivement qu'il a besoin que je le touche. Je sens ses muscles contractés se détendre à mon contact.
On reste enlacés comme cela un moment jusqu'à ce que j'entends un raclement de gorge et découvre avec horreur qu'on est pas seuls dans la pièce. L'homme qui se tient près de la table est plus âgé que nous, peut être dans les 40 ans. Je vois tout de suite que ce n'est pas un artiste et je pense directement à David.
Il voit que je le regarde.
- Bonjour, je suis David, c'est moi qui t'ai appelé.
Ma seule condition pour te faire venir, c'était de pouvoir discuter avec vous deux, j'ai quelque chose à vous proposer : je vous ai préparé un contrat de discrétion. Vous allez pouvoir être ensemble, tant que personne ne l'apprend. En échange, Pierre signe avec moi pour sa tournée solo.
- David, vous avez essayé par tous les moyens de nous séparer. Vous m'avez envoyé un message anonyme pour me demander de laisser Pierre vivre son histoire d'amour avec Helena.
Pierre fait une drôle de tête, signe qu'il n'était toujours pas au courant, mais je poursuis : - vous avez menti pour nous séparer, jamais je ne pourrai vous faire confiance.
Pierre a l'air plus confus que jamais.
- Pierre fuguait tous les soirs... on pouvait pas laisser faire ça. J'ai juste essayé de préserver sa carrière, rien de plus, se justifie David.
- Et quand vous priviez Pierre de dates de concert, c'était pour protéger sa carrière aussi ? Je lance, énervée.
- Il avait mérité cette sanction. Je l'avais prévenu.
- Vous avez menti à ses fans, au public. Quel genre de producteur fait ça ? Ensuite vous nous avez menacé Pierre et moi, directement dans sa chambre d'hôtel.
- Je fais ça pour son bien, vous ne connaissez rien au showbiz. Vous me paraissez bien prétentieux pour penser que la carrière de Pierre aurait été lancée sans moi ! Trêve de plaisanterie, signez ce contrat ou tous les artistes dont je me suis occupé te tourneront le dos les uns après les autres. Vous avez deux heures. Après on arrête les conneries, toi tu vas dans le public et Pierre tu montes directement faire tes balances.
- vous voyez bien que même s'il le voulait, il ne pourrait pas monter sur scène ? Il tient à peine debout !
David réfléchit.
- c'est vrai qu'il est un peu amorphe. Je lui ai donné un petit truc pour le détendre, j'ai dû trop doser.
Je comprends avec horreur la portée de sa phrase. Il a drogué Pierre pour qu'il signe son contrat ? Cette fois je force Pierre à me regarder et je vois directement qu'il n'a pas son regard normal.
- qu'est ce qu'il a pris ? Je m'informe
- un petit cachet, me répond l'homme en haussant les épaules. Ça ne m'aide pas beaucoup. - Bon, faites ce que vous avez à faire, et on se retrouve à 17 heures.
David quitte la pièce et je sens Pierre pousser un soupir de soulagement. Sa cigarette terminée, il plonge sa main dans sa poche pour allumer la suivante; comme un automate. J'intercepte son geste et le guide jusqu'à l'un des canapés pour l'assoir.
- Pierre ?
- je suis désolé.
- Désolé de quoi ?
- on va devoir signer ce contrat. On a pas le choix, je ne tiens plus sans toi.
- Il faut surtout qu'on dénonce David à la police, je dis en cherchant mon téléphone dans mon sac.
- Non, on peut pas.
- pourquoi pas ?
- je me suis énervé contre lui. J'ai tout cassé. Tu me manquais trop, j'ai vrillé. Je l'ai menacé de pas chanter, d'arrêter ma carrière, de m'enfuir te rejoindre. C'était plus important que tout le reste, ma seule idée en tête. Je lui ai dit que si tu venais pas tout de suite, j'irai pas sur scène.
Je comprends que c'est Pierre qui a mis la loge dans cet état. Mais je ne vois pas le rapport avec le contrat...
- Pierre, il va rien nous faire, tranquille.
- Tu comprends pas... j'ai commencé à balancer des meubles par terre, à être en crise de colère, à hurler ton prénom... et il m'a filmé.
Pierre a les larmes aux yeux.
- Pierre, c'est pas ta faute, David t'a drogué ! T'aurais jamais fait ça consciemment ! T'es pas violent, et t'es quelqu'un de bien.
- Personne ne croira ça s'il diffuse la vidéo.
Une larme coule le long de sa joue et je vois qu'il flippe. Je lui essuie avec le pouce et cette fois il se laisse faire. Il m'embrasse doucement et j'approfondis le bisou pour qu'il sente à quel point je l'aime. J'ai besoin de lui donner de la force, parce que je vais les appeler, les flics.
Ma main saisit un objet circulaire et je le sors de mon sac : une petite lumière rouge clignote à côté d'un prénom écrit au marqueur : Joseph. Ce n'est pas un spray au poivre que mon frère m'a donné, c'est un Dictaphone, et il est en marche.

Cœur de PierreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant