Cœur de Pierre

4 ans plus tôt

Hello ! 

Ce n'était pas prévu, mais j'ai eu envie de vous ramener 4 ans en arrière dans cette histoire et d'écrire un petit aperçu de l'histoire de Theodora et Pierre au lycée...

J'espère que ca vous plaira !

Je passe la manche de mon sweat sous mes yeux pour les essuyer avant que les larmes ne coulent. Pas question de leur faire ce cadeau. Qu'elles me voient pleurer ? Jamais de la vie. Elles n'attendent que ça. Jetant un furtif regard sur le côté, j'accélère le pas, priant intérieurement pour qu'elles ne me suivent pas. Arrivée à mon casier, je me cache quelques secondes derrière la porte en métal pour reprendre mon souffle. Allez Dora. Plus qu'une heure de lycée et tu rentres. Allez. Je recule d'un coup et me cogne contre le torse de quelqu'un. C'est Pierre, un ami de mes grand frères. Il me sourit timidement.

salut Salut Theodora. Tout va bien ?

Je hoche la tête, le noeud dans la gorge ne me permettant pas de répondre à cette question.

j'ai fini les cours, il ajoute, je vais chez toi pour faire de la musique. Je te ramène ?Il me reste une heure de cours. Oh, okay. On se voit plus tard, alors ?

Il sort de son manteau son paquet de cigarettes et tourne les talons.

Je ferme mon casier, et décide finalement que la journée a été assez longue comme ça. Je sors discrètement du lycée en espérant ne pas croiser la prof du cours que je m'apprête à sécher et rejoins Pierre qui fume appuyé sur son scooter. Le sourire qu'il a quand il me voit marcher vers lui n'est plus du tout timide. Au contraire, il a même un petit côté taquin. Je crois qu'il savait très bien ce qu'il faisait. D'ailleurs, il avait sorti deux casques. J'en prends un et l'enfile avant de passer mes bras autour de Pierre.

accroche toi bien ma belle.

Arrivés à la maison, je sonne au portail mais Pierre fait la grimace

errr, en fait, tes frères sont pas encore arrivés.Quoi ? Je croyais que tu venais répéter avec eux, je demande en fouillant dans mon sac et en sortant la clé.Ouais, je comptais les attendre avec toi... il m'avoue, gêné.Et t'aurais fait comment si j'étais allée en cours ?

Il hausse les épaules, son regard rempli de malice. Je sens qu'il voudrait dire quelque chose mais il se retient. Pierre et moi, on est pas du genre à se confier l'un à l'autre. Je le connais de vue depuis des années, puisqu'il a toujours été dans la classe d'au moins l'un de mes frères, mais ce n'est que depuis qu'ils s'intéressent à la musique qu'il est régulièrement à la maison et que je sais vraiment qui il est. Qu'on se dit bonjour en se croisant dans les couloirs du lycée, qu'on parle de nos goûts musicaux quand on se retrouve par hasard dans la queue de la machine à café ou devant le petit kebab qui sert de cantine à tout le bahut.

Pierre enlève son manteau et s'installe au piano. Il commence à jouer des mélodies plus ou moins connues, puis à improviser. Il ouvre la bouche et je vois à son air qu'il va sortir des bêtises.

Theodora, viens t'asseoir à côté de moi, t'es vraiment trop chou à me regarder comme ça, mais ça sera encore mieux quand tu te rapprocheras

Son impro est uniquement destinée à me faire rire, je le sais bien. Pourtant, je fonds un peu pour sa voix grave et ses grands yeux. Je sais que Pierre me considère comme une petite sœur, je le vois dans l'attention et l'affection avec laquelle il me traite dès que l'on se croise. Mais quand il se décale pour me laisser une petite place à ses côtés, au piano, et qu'il me laisse gâcher sa compo avec mes notes au hasard, qu'il lève les yeux au ciel, l'air exaspéré, et est obligé de guider mes doigts pour que ça ne nous arrache pas les oreilles, quand on chante n'importe quoi tous les deux en riant de nos paroles délirantes, je ne peux pas m'empêcher de penser que Pierre est mon seul ami, l'unique personne en qui je trouve du réconfort.