L'avant

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TW : ce chapitre aborde la harcèlement scolaire vécu par Theodora dans son ancien lycée. Prenez soin de vous, et si vous en êtes victime, parlez en à une personne de confiance, vous ne serez peut-être pas sauvée par Pierre Garnier, mais vous n'êtes pas seule <3


Grâce à ma super forme, je peux rentrer à la maison le jour même. Les médecins ne voient aucune séquelle de ma chute, je n'ai juste pas le droit au sport ni aux rassemblements (comme les concerts...) pendant 3 mois pour éviter à tout prix de cogner ma tête. Alba et Robin rentrent en premier et Haz arrive pour m'apporter des vêtements et me conduire à la maison. Il me prend dans ses bras, je sens qu'il a eu peur parce que c'est le moins démonstratif des trois habituellement. Je m'appuie un peu sur lui pour marcher, puisque j'ai passé 48 heures allongée, mais j'arrive à atteindre la voiture sans soucis.
- Qu'est ce qui t'as pris de monter sur le toit ?
J'étais sûre que j'allais avoir le droit à une petite leçon de morale, on y est. Son ton n'est pas méchant mais j'entends dans sa voix qu'il est déçu.
- je voulais juste rentrer par la fenêtre.
- Pour ?
- Pour essayer...
j'improvise.
- T'allais rejoindre Pierre c'est ça ? C'est lui qui t'a dit de sortir par la fenêtre ?
- Quoi ? Non, pas du tout, je savais même pas qu'il comptait me voir ce soir là.
Mon frère semble réfléchir à cette information.
- j'ai cru que peut être il t'avait incité à faire cette bêtise.
- J'ai eu l'idée toute seule
- Tu lui as foutu une peur bleue à lui aussi tu sais... c'est moi qui l'ai appelé, après qu'on ait reçu le message qui était pour toi. Enfin, j'ai appelé une certaine Helena, qui me l'a passé. Quand je lui ai annoncé que t'étais tombée du toit, il a pleuré... je crois que je l'avais jamais entendu aussi mal. Il m'a dit qu'il arrivait, et une demi heure après il était avec nous dans ta chambre d'hôpital. On s'est tous relayés après ça, mais lui il est resté réveillé toute la nuit. Il ne te lâchait pas du regard...
Je ne sais pas quoi répondre à ça. Je me contente de regarder la route, les larmes aux yeux. C'était un accident tellement bête !
- Dora... j'ai toujours eu un doute au lycée. Quand j'étais dans la classe de Pierre, je sais qu'il prenait exprès les couloirs dans lesquels il allait te croiser, même si ça rallongeait sa route. Quand tu as vécu ce harcèlement... pleure pas ma puce, il faut qu'on en parle... j'avais l'impression qu'il veillait sur toi, un peu comme ces dernières nuits. Je savais qu'il venait te prendre dans ses bras devant ton casier pour te donner du courage, et je savais qu'il laissait toujours la porte de la salle d'orchestre ouverte pour que tu puisses t'y réfugier. Mais j'étais loin de me douter que tout était allé aussi loin... T'avais trois grands frères et pourtant c'est lui qui a réussi à te protéger... je suis désolé si on a loupé quelque chose.
J'essuie mes larmes en repensant à cette période douloureuse. C'est vrai que Pierre était toujours là pour moi, même si j'ai longtemps cru que c'était par hasard que je le croisais entre chaque cours. J'osais pas en parler à ma famille de peur d'empirer la situation, mais lui, c'était mon confident, je lui racontais tout. Un jour, mes harceleuses ont été dénoncées anonymement et j'ai pu me libérer de cet enfer, et Pierre m'a embrassée ce soir là. On était tellement heureux que ce soit terminé.
Mon frère reprend :
- Pierre nous a tout raconté la nuit dernière. Les filles de ta classe qui faisaient tomber tes affaires exprès ou te scotchaient des mots pas sympas sur son casier. Il allait les arracher avant que tu ne puisses les voir, quitte à faire plusieurs détours par jour. Qu'il séchait tes larmes quand elles coulaient sur tes joues. Le temps que vous passiez ensemble dans la salle de musique à discuter, jouer, vous taquiner et les sentiments qu'il avait développés pour toi à mesure que vous appreniez à vous connaître. À quel point il te trouvait incroyable, ta force de caractère à toute épreuve - c'est pour ça qu'on a tous mis du temps à comprendre à quel point c'était grave. Tu riais tout le temps, t'étais un rayon de soleil - rougis pas, il a vraiment employé cette expression. Il supportait de moins en moins la façon dont tu étais traitée par les autres, au point de rater des cours pour être avec toi à la cantine ou dans la cour. Un jour, après une crasse plus méchante que les autres, il a tout balancé au principal. Quelques filles se sont fait virer, mais c'était trop tard, le harcèlement avait repris sur les réseaux et les parents ont fait le choix de déménager et de te faire changer de numéro. Pierre a décidé de te laisser vivre ta nouvelle vie en paix mais il a mis des mois à se remettre de ton départ. C'est pour ça qu'il a coupé les ponts avec nous aussi, c'était trop douloureux pour lui...
Les larmes coulent tellement sur nos joues que Haz est obligé de se garer sur le côté. Je lis sur son visage qu'il se sent coupable, pourtant je ne leur en ai jamais voulu, au contraire j'ai tout fait pour leur cacher cet enfer.
- Il ne m'a pas dit si vous étiez amoureux à l'époque. Mais il m'a dit qu'il t'aimait, là, maintenant.

Cœur de PierreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant