Deux mois se sont écoulés depuis qu'Hanna a pris la fuite pour échapper à ce monde sombre empli de tueurs et de malfaiteurs.
Deux mois.
Pourtant, Auguste n'a pas dit son dernier mot. Comment peut-il la laisser s'échapper alors qu'elle devient une...
(Time is running out — Saint Middleton, PYPR, UNSECRET)
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__________________ Hanna
— Auguste.
— Baisse-toi !
J'obéis, et il tire trois coups de feu, dont les balles se logent dans l'abdomen d'un Pisteur. Ne perdant pas de temps pour réagir, je dégaine mon arme et tire sur chaque bruissement suspect qui meut les arbrisseaux. Mes pas ne sont pas assurés, je tente de garder mon équilibre et de ne pas trébucher contre des racines biscornues.
Le dos d'Auguste se colle au mien. Le rappel incongru de sa présence m'extrait de ma torpeur. Je ne peux me payer le luxe de songer à lui alors que ma vie est menacée. Des corps chutent sourdement, mais un cliquetis répétitif m'indique que mon chargeur est à sec et que mon arme est de ce fait obsolète. L'écho derrière moi me révèle qu'Auguste se trouve dans la même situation.
— OK... et ensuite ? je m'enquiers alors que des Pisteurs nous cernent.
— J'avais oublié ta jolie voix.
Un coup de feu résonne, et un Pisteur s'écroule. Les autres se détournent, aux aguets, épiant les bois. Puis, un sifflement flotte dans l'air humide, et recouvre ma peau de chair de poule. Auguste cille, et il me plaque au sol. Ma chute est amortie par le feuillage et le lichen qui jonchent la terre.
Les balles fusent dans tous les sens, et l'une d'elles ricoche à quelques centimètres de mon épaule. Auguste s'appuie sur ses coudes, de part et d'autre de ma tête. Son torse recouvre mon visage, et son menton se presse contre mon front. Mon corps entier se fige, tandis qu'Auguste s'évertue à me protéger de la pluie de plombs.
Je tressaille quand une autre balle nous frôle, et il se serre davantage. Son odeur de menthe et de citron se mêle à celle de la poudre des armes, je patiente, et ma respiration se saccade.
— Ça va aller, ça va aller... murmure-t-il alors que ses lèvres effleurent ma tempe.
Puis, un silence morbide s'installe. Auguste relève la tête, nos regards se croisent et nos souffles irréguliers se mélangent.
— J'interromps vos retrouvailles ?
Je bascule sur le côté et me défait de cette étreinte ou peu importe ce que c'est. Redfield arrache son couteau de la gorge d'un Pisteur et une giclée de sang en résulte. Saint et Morgan le rejoignent, leurs masques sont parsemés de liquide écarlate.
Mon cœur s'emballe quand je me remémore les derniers instants, et la peur me gagne.
— Ezra. Ezra !
Je rebrousse chemin et je m'agenouille auprès de lui. Il n'a pas d'autre blessure. L'avoir laissé, allongé contre ce chêne, et recouvert d'un tas de feuilles mortes, lui a garanti sa sécurité. Mais, mon soulagement est de courte durée. Ses paupières sont toujours closes, et quand j'apporte ma joue sur ses lèvres, une maigre respiration me caresse.
