Deux mois se sont écoulés depuis qu'Hanna a pris la fuite pour échapper à ce monde sombre empli de tueurs et de malfaiteurs.
Deux mois.
Pourtant, Auguste n'a pas dit son dernier mot. Comment peut-il la laisser s'échapper alors qu'elle devient une...
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__________ Auguste
Lac de Côme, Italie.
Les rayons de soleil iridescents se reflètent sur le lac et me forcent à plisser les yeux. Pour un mois d'octobre, le climat demeure agréable en méditerranée, j'en profite avant de retourner à Londres dans sa saison automnale.
L'envie de retirer la cravate autour de mon cou me démange. Cela fait plusieurs jours que j'ai pour obligation d'être présentable, et je n'ai qu'une hâte, c'est d'en finir avec cette cérémonie aussi barbante que ridicule.
J'arpente l'allée de fleurs odorantes qui me foutent la gerbe, une flûte de champagne à la main. Claire doit adorer, elle qui aime combler chaque recoin de sa maison de vases tous autant garnis. Les invités discutent en plusieurs groupes dans ce gigantesque domaine au bord l'eau.
Les échanges de vœux entre Thomas et Francesca ne tarderont pas à commencer, je me demande comment la mariée accédera-t-elle à l'autel. Peut-être à dos d'un somptueux pur-sang arabe, ou en tombant du ciel, attachée par des milliers de ballons de baudruche blancs ? Tout cela, afin de rendre cet évènement encore plus spectaculaire aux yeux des sept cents convives qui regarderont les époux devant un écran géant, tandis que les personnes les plus importantes — selon les Moretti — y assisteront au premier rang.
Cela dit, j'aurais volontiers cédé ma place si cela pouvait m'éviter de mourir d'ennui. Il faut croire que Thomas se donne beaucoup de peines pour me lécher les bottes.
Je ricane à mes propres plaisanteries, et me gratifie d'une gorgée de champagne pour mon humour débordant.
— Vous aussi, vous trouvez cela dérisoire ?
Georgia Moretti, la Négociatrice, se poste à mes côtés sans me jeter un regard, trop occupée à toiser avec dédain la splendeur des lieux. Ses cheveux sont attachés en une queue de cheval ondulant jusqu'au bas de son dos. Les lèvres pincées, elle se retient d'ajouter d'autres commentaires, et j'évite de répondre sans savoir où elle désire en venir. Le tatouage d'une panthère noire sur sa clavicule me ramène à sa loyauté aux Moretti, peut-être veut-elle me tirer les verres du nez.
— Cette jeune ignare secondera le réseau Moretti, comme s'il n'était pas déjà assez fragile, reprend-elle.
Je cille et l'observe déblatérer des critiques qui pourraient la mettre en porte-à-faux, cependant, elle n'a pas l'air d'avoir peur de cela.
— Et elle fera plusieurs petits héritiers mâles qui finiront par détruire ce que je maintiens à flot depuis des années, parce que mon cher cousin est incapable de réfléchir plus de deux minutes d'affilée.
— J'ignorais que vous étiez cousins.
— Parce que j'ai la place d'une Négociatrice alors que je devais être la cheffe de ce réseau. Malheureusement, étant la première née de ma génération, mon seul tort est de ne pas être un homme. Ici, les femmes ne sont pas faites pour gouverner.
