Chapitre 14 : Haïr à la folie

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____________Hanna

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Hanna

Le Manoir Harmon, 13h24.

— Aïe !

— Tu n'auras pas besoin de point de suture, c'est superficiel.

Auguste tapote une compresse à l'arrière de mon crâne. Devant le miroir de la salle de bain, j'observe le reflet de son regard concentré. Sa présence dans mon dos hérisse les poils de ma nuque, j'essaye encore d'assimiler sa promiscuité, et son non-désir de me tuer.

Il m'a fallu trois jours pour me remettre de mon retour. Je me suis réveillée dans mon lit comme aux premières heures après l'évasion du bunker, en fixant le lustre à pampilles en cristal qui diffusait la lumière du soleil. Je suis restée figée pendant de longues minutes, sans réfléchir, pour apprécier la paix éphémère qui m'était accordée.

La pièce n'avait pas changé. Quand j'ai ouvert les placards, mes vêtements étaient toujours là, pliés et rangés à l'endroit même où je les avais laissés, comme si je n'étais jamais partie. La chambre était nettoyée et aérée, aucune poussière ne recouvrait la commode ou la table de chevet. Tout était intact, parfait, et à sa place sauf... un oreiller disparut. Ce détail m'a sauté aux yeux, mais cela ne me fait ni chaud ni froid.

Auguste a essayé de me parler au bout du troisième jour. Jusque-là, j'entendais le parquet crisser sous ses pieds alors qu'il passait devant la pièce et qu'il s'arrêtait quelques minutes avant d'opérer un demi-tour découragé. Je voyais les ombres se mouvoir sous la porte, tard, la nuit quand je ne dormais pas. Je humais son odeur particulière tôt le matin. Et parfois, j'avais l'impression d'une caresse sur ma joue, avant de me réveiller.

J'ai dû rassembler toutes mes forces pour ne pas me retourner quand il est entré. Je veux l'ignorer comme s'il n'existait pas parce qu'admettre sa présence me fend le cœur. Lorsqu'il m'a effleurée, c'en était trop pour moi, j'étais contrainte de le repousser, il fallait que je l'empêche d'avoir le dessus sur moi.

Je suis faible.

Faible parce qu'il me manque, et il ne devrait pas me manquer.

Ce couteau que j'avais précieusement gardé depuis le soir de la rencontre avec Lucien était pour moi la seule échappatoire trouvée pour parer son toucher.

Ce que j'ai vu dans ces yeux m'a troublée. C'était un bouquet d'émotions : des remords, de la tristesse, de la stupeur, du... désir.

Je me racle la gorge quand j'aperçois la teinte rouge de mes joues.

— Tu es Médecin aussi ?

Il s'interrompt, et son regard croise le mien à travers le miroir.

« Tu as dit que tu m'aimais. »

On est tous les deux de très bons menteurs, j'ai répondu.

DIVERSION - Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant