Chapitre 17 : Responsabilités

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(Lapse — Black Math)

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Auguste

Le manoir Harmon.
Six ans plus tôt.

Remettre constamment les choses au lendemain ne m'aidera pas à avancer. J'évite ma maison d'enfance depuis plusieurs semaines maintenant, il est temps que je rentre chez moi. Claire et Eva m'ont ôté un poids de mes épaules en triant les affaires de mes parents. J'ignore d'où elles puisent leur force pour surmonter cette épreuve. Elles travaillent tous les jours à la Corporation, et Claire garde le sourire même si ses yeux rougis trahissent ses émotions. Moi, je n'arrive pas à faire semblant, quelque chose me ronge de l'intérieur.

Quand je pousse la porte du manoir, la température glaciale me surprend. Un silence pesant règne et l'odeur familière du parfum de ma mère s'est volatilisée. Sur les murs, les portraits de famille s'alignent à mesure que j'avance. Je me vois grandir parmi ces photos, jusqu'à devenir ce jeune homme insouciant sur les dernières. Je me demande bien à quoi je ressemblerai maintenant. La nouvelle photo serait vide, occupée uniquement par Claire, Eva et moi, avec des expressions qui ne trompent personne et qui dépeignent l'univers morose dans lequel nous sommes piégés.

J'ai enterré mes parents trois semaines auparavant, alors que l'automne s'installe et amène sa pluie et sa brume mélancolique. Je n'ai jamais connu un mois d'octobre aussi froid et morne, à croire que tout Londres pleure leur disparition.

Je garde mon manteau sur les épaules et entreprends d'allumer le feu de la cheminée. L'analogie est bien choisie, j'ai peut-être besoin de flammes chaudes dans ma vie, alors que mon âme n'est que fumée. Le bout de mes doigts se réchauffe devant l'âtre. Le crépitement remplace le silence morbide, et soulage une sorte d'angoisse à laquelle je n'ai jamais été confronter : celle d'être seul. Néanmoins, la flasque dans la poche intérieure de ma laine me tient compagnie. Voilà que j'erre dans les étages supérieurs, les portes closes défilent, j'ai demandé à Claire de verrouiller certaines pièces que je voulais à tout prix oublier, dont la chambre de mes parents. Quand j'entre dans la mienne, un poids écrase mon estomac. La pluie battante ne laisse pénétrer que peu de lumière. C'est gris, et déprimant.

Sur la table de nuit, j'attrape un cadre où ma mère et mon père se sourient au dernier gala qu'ils ont organisé. J'ignore qui les a photographiés, j'ignore qui a posé leur image ici, j'ignore pourquoi ma mémoire me joue des tours. J'envoie tout valser contre le mur, chaque photo, chaque souvenir parce que je refuse de les voir, c'est une torture.

Essoufflé, je me renverse sur le fauteuil capitonné de ma chambre. Ma dernière nuit complète remonte à une éternité désormais. L'habitude de survivre avec les paupières alourdies me poursuit. Pourtant, je sais que mon corps réclame du sommeil alors je fais ce qu'il faut pour l'aider, c'est-à-dire éteindre mon cerveau qui carbure à cent à l'heure.

DIVERSION - Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant