La Seule Journée Facile C'était Hier

Chapitre 23 - Gaby

Comme à chaque fois que je l'aperçois depuis notre "erreur" dans les douches, je fuis. Oh, je ne lui en veux pas, c'est d'ailleurs lui qui devrait m'en vouloir. Si nous avions inversé les sexes, tout le monde aurait crié au viol. Il ne voulait pas, je me suis agrippée à lui complétement désespérée en le suppliant encore et encore jusqu'à ce qu'il craque.. En faite je m'en veux terriblement et ne sais pas comment lui présenter des excuses. 

Cette fois, il me rattrape sur le terrain d'entraînement. Plusieurs unités sont éparpillées en plein exercice.

— Tu compte m'échapper encore longtemps?, râle t il dans mon dos.

— Jusqu'à demain?, je propose en grimaçant.

— Gaby!

— Oui?

Ma voix ressemble à un couinement de petite souris et je me sens d'autant plus ridicule. 

— Tu as appelé tes parents?

Je fronce les sourcils alors qu'il pose un regard bienveillant sur moi. 

— Quoi? C'est pour ça que tu me cours après depuis une semaine?

— Euh.. oui, pour quoi d'autre? Ca va?, s'inquiète t il.

— Tu ... je ... oh merde, je lâche. Je suis désolée pour l'autre soir... je n'aurais jamais dû faire ça et ...

— Tu regrettes?, s'inquiète t il. C'est à moi de m'excuser, tu n'étais pas dans ton état normal et je ...

— Clay! C'est moi qui t'ai forcé! Pas l'inverse!

Un sourire mutin illumine son visage alors qu'il me fixe de ses yeux si sombre.

— Je ne me suis jamais forcé à faire quoi que ce soit, surtout pas avec toi. Je ne regrette rien.

Je sens mes joues s'enflammer sous son regard de plus en plus intense.

— Appelle tes parents, tu en as besoin. 

Il commence à s'éloigner, me laissant à nouveau respirer plus calmement.

— Et c'est un ordre soldat, me lance t il avec un clin d'œil.

Pour une fois, j'écoute son conseil et les appelle. Ma mère est d'un réconfort absolu et j'en suis la première surprise. Elle finit par m'avouer en fin d'appel que Clay les a prévenu, ce qui explique son détachement face à la situation dramatique. Il ne cessera jamais de me surprendre. 

Notre retour sur le terrain arrive enfin. Notre capitaine nous explique notre mission à venir. Je n'écoute pas la moitié de son intervention. Depuis deux semaines, des images de cette petite fille ne cesse de me revenir en pleine face. Je la revois sauter de joie quand je lui ai donné ce bracelet avant de s'effondrer à mes pieds, un trou dans le crâne. 

— Nichols?

Je relève la tête vers la voix qui m'appelle et croise les yeux plissés de Clay. Bien sur à la fin de la réunion, j'ai droit à un sermon.

— Tu n'es pas prête, conclut il. Je t'avais dit d'aller voir le psy. Tu vas rester ici et ...

— Non, je le coupe. Je t'en supplie ne fais pas ça. Je te jure que je vais bien.

— Tu vas pouvoir me faire un compte rendu détaillé de la mission alors?

— Je ... j'ai retenu l'essentiel. Clay, s'il te plaît, me laisse pas sur la touche, j'ai besoin de ... il faut que je sorte d'ici. 

— Il y aura d'autres enfants!

— Cette fois on les protégera. Je suis prête, c'est la seule chose qui m'aidera.

Loin d'être convaincu, il n'est pas dupe et accepte à condition que je lui colle aux basques. Nous décollons à la tombée de la nuit. Chira reste à la base pour cette fois. Nous sautons de l'hélicoptère pour atterrir au nord d'un petit village où l'un des membres les plus importants d'Al Quaïda est attendu dans la nuit. 

Au moment d'ouvrir mon parachute, ma lanière se coince. Je perds de précieuse minute à tenter de la débloquer quand enfin la toile se déploie, je suis déjà bien trop basse en altitude. Pourtant, je le sais, j'aurais dû déclencher ma toile de secours plutôt que de chercher à m'acharner sur la toile principale. Résultat, arrivant à trop grande vitesse, je ne contrôle pas bien mon atterrissage et me tords la cheville. Adam court vers moi pour contrôler ma jambe. Clay fulmine et je n'ose croiser son regard.

— Tu es prête hein?, s'énerve t il. Pourquoi tu n'as pas déclenché ton parachute de secours? Réponds putain! 

Je sursaute alors qu'il s'emporte. Il n'hurle pas pour éviter qu'on ne nous repère mais son intonation n'en reste pas moins impressionnante.

 — Elle était coincée aussi, je mens.

— Ca va aller pour marcher?, demande t il plus doucement.

— Je vais me débrouiller, je lui assure en me redressant.

Je serre les dents pour ne pas hurler de douleur à chaque fois que je pose mon pied à terre. On se met en route vers les collines qui vont nous abriter pour les heures à venir. Howell se place le plus en hauteur possible pour nous guider au mieux, Trucks et Adam sont à quelques dizaines de mètres à notre gauche derrière des rochers alors que je reste avec Clay derrière un amas de buisson défraîchis. 

— J'ai l'entrée du village en visuel, annonce Clay.

Trucks à le côté Ouest et Howell l'Est. Plus qu'à attendre. J'en profite pour bander mon pied avant de m'installer aux côtés de Clay, l'œil dans le viseur. Il reste silencieux, m'ignorant totalement. Après de longues heures d'attentes, Adam finit par dire :

— Le Soleil va bientôt se lever, il ne viendra pas. Les informations étaient fausses.

— J'appelle l'équipe d'extraction?, demande Howell.

— Non, on attend, conclut Clay. Je suis sur qu'il va arriver, regardez.

Au loin, des hommes s'activent dans nos viseurs. Ce qui m'inquiète le plus c'est le petit garçon qui marche dans notre direction à la lueur des premiers rayons du Soleil. 

— J'ai un enfant en visuel, il est à 100 m de votre position Alpha 1. Qu'est ce que je fais?

— Rien du tout. 

— Il va les prévenir, insiste Trucks. Je peux l'attraper et ...

— C'est un enfant, on ne fait rien, on ne bouge pas.