Après avoir discuté avec eux pendant près d'une heure, je les invite à rejoindre le terrain d'entrainement. J'ai besoin de voir ce qu'ils ont dans le ventre et ils ne demandent rien d'autres que me le montrer. Tout le monde se lève, je regroupe mes feuilles et avant qu'elle ne disparaisse, je lance :
— Nichols? Je voudrais vous parler un instant.
Trucks, le plus lourd, ricane en faisant des bruits d'animaux auquel Gabrielle répond en levant le majeur. Quand elle vient se poster devant moi, le menton levé et le regard froid, je comprends qu'elle me tient rigueur de la situation mais j'ai besoin de mettre les choses au clair pour être sur d'avancer sur de bonnes bases. Une fois seuls, je commence.
— Personne ne doit savoir ce qu'il s'est passé entre nous, sous aucun prétexte.
— Parce que tu penses que je vais ouvrir ma bouche aussi vite que j'ai ouvert les cuisses?, crache t elle acide.
— Je... non ce n'est pas ce que j'ai dit.
— Non, bien sûr. Tu me baises, tu me mens mais c'est sur moi que repose tous les doutes. As tu la moindre idée de ce que je vis et de ce qu'il se passerait si ça venait à se savoir?, me menace t elle en pointant son index sur mon torse. Je suis une femme, ici ça équivaut à un vide ordure, j'ai travaillé dure pour être là où je suis et ce n'est certainement pas un connard dans ton genre qui va venir tout foutre en l'air.
— C'est toi qui m'a menti, je lui rappelle. Si tu parles, je perds mon grade et passe en cour martiale.
— Pourquoi je voudrais parler de ça?, s'énerve t elle. Je vais déjà devoir te supporter et assurer tes arrières, c'est bien assez. Je n'ai pas spécialement envie de me rappeler de ce moment.
— Ah non?, je lâche sans réfléchir.
Je mords ma langue dans la seconde qui suit. Mais qu'est ce qui m'a pris de dire un truc pareil? Peut être parce que toi tu y penses tout le temps? Je vois ses narines frémirent sous l'énervement. Elle me tourne le dos et part furieuse.
— Gabrielle, attends...
Quand elle se tourne à nouveau vers moi j'ai l'impression qu'elle pourrait me tuer sur place rien qu'avec ses yeux.
— Gaby, corrige t elle. Mais pour vous ce sera Alpha 2 ou Premier Maître Nichols, pas trop difficile à comprendre Maître Principal McShane?
Mes mâchoires se crispent alors qu'elle court rejoindre les autres. Sa chienne me fixe de ses yeux noirs, ses babines relevés découvrant ses crocs avant de rejoindre sa maîtresse.
— Fais chier, je rage en balançant les documents que j'avais en main.
Je mets quelques minutes à reprendre mon calme. Cette nana doit sortir de ma tête à défaut de sortir de ma vie. Elle me prend pour le dernier des connards, à juste titre. Pourquoi lui avoir demander de se taire alors que dans l'histoire elle a plus à perdre que moi? Je sais comment sont les gars. Une femme sur une base et s'est l'effervescence, tout le monde tente sa chance à croire que c'est le gros lot d'une loterie ridicule. Une femme dans les Seals, c'est ça multiplié par 10 tellement elles sont rares.
Après une journée de renforcement musculaire, je leur annonce :
— Je vous veux demain matin à la première heure, prêt pour une randonnée avec paquetage.
Un brouhaha de protestation s'élève des 3 hommes, Gaby restant silencieuse, le regard fuyant.
Le lendemain matin, tout le monde est prêt à temps et on part pour 70km de randonnée avec un paquetage de près de 20kg sur le dos. On avale les premiers kilomètres sans effort, Gaby est en tête, Chira se calant sur son rythme. Au premier quart de la marche, on fait une pause. Les gars se taquinent alors que Gaby reste en retrait. De ce que j'ai compris, deux teams ont été remaniées. Si les 3 autres semblent déjà avoir créé une certaine complicité, le comportement de ma seconde m'inquiète. Est ce que c'est à cause de notre discussion d'hier ou est ce qu'elle agit toujours comme ça?
Je l'observe enlever ses rangers pour soigner deux méchantes ampoules. Elle grimace de douleur et soupire quand je viens m'asseoir à ses côtés. Je lui tends un pansement hydrocolloïde qu'elle regarde à peine.
— Ca ne sert à rien de jouer les gros durs. Prends, ça va te soulager et facilité la suite.
— J'ai fait une erreur en oubliant de prendre les miens, j'assume. Pas besoin d'une nourrice pour assurer mes arrières. Surtout pas pour m'entendre dire ensuite que j'avais de la chance que tu sois là pour me sauver.
Bouche bée, je la regarde remettre ses chaussures et s'éloigner pour jouer avec sa chienne. Je soupire dépité mais je l'ai bien cherché. Adam vient prendre sa place et engage la discussion. Ce mec est plutôt sympa, jusqu'à ce qu'il pose la question qu'il ne fallait pas.
— Il se passe quoi avec l'ange de la mort?
— Hein? De qui tu parles?
Il me désigne Gaby de la tête alors que je fronce les sourcils.
— L'ange de la mort? Pourquoi tu l'appelles comme ça?
— A cause de son prénom... et de tous les mecs qu'elle a mordu après avoir tenté une approche avec elle, se marre t il. Faut être sacrément con pour croire que ce genre de nana s'empresse d'ouvrir les cuisses devant un soldat! Alors? Il se passe quoi?
— Rien du tout! C'est l'alpha 2, il faut qu'on apprenne à se connaître pour la suite, comme nous tous, c'est tout, je rétorque les dents serrées.
— Si tu le dis.. On se connaît pas encore très bien mais quand tu auras besoin d'aide pour te dépatouiller de cette... merde... n'hésites pas.
Il tapote mon épaule avant de se relever.
— Tu es psy le doc?, je raille pour cacher mon malaise.
— J'ai surtout des yeux et je vois très bien où les tiens sont posés en continu depuis que tu es arrivé... Et ça risque de ne pas échapper à tout le monde, c'est tout ce que j'en dis. Vos histoires, je m'en fous.
S'il m'a grillé en moins de 48 heures, ça n'annonce rien de bon pour la suite.
— Faliu?
Il tourne sa tête, les sourcils levés.
— Merci, je souffle.
Il me répond par un simple hochement de tête et nous reprenons notre marche.
VOUS LISEZ
La Seule Journée Facile C'était Hier
RomanceDeux soldats, une unité. Quand l'amour sans mêle, le danger les démêle. Entre amour, passion, courage, force et détermination, il va falloir faire un choix.