La Seule Journée Facile C'était Hier

Chapitre 27 - Gaby

— Il t'a cassé combien de doigts?, je ricane en voyant Trucks revenir en se frottant la main avec une grimace.

— Un ou deux je crois, râle t il. Eh Princesse, je suis désolé, tu sais c'était juste une blague pourrie et ...

— Je sais Neil, je le coupe en embrassant sa joue. Tout va bien, je vais aller le calmer.

— A mon avis va falloir ouvrir grand la bouche parce qu'il est sacrément remonté.

— Tu vois c'est pour ça que tu mérites tes fractures crétin, je réplique en frappant sa tête le faisant rigoler comme une imbécile.

Quand je retrouve Clay pendu à sa barre de traction, je ne peux m'empêcher de détailler son corps. Voir ses muscles roulés sous son t-shirt trempé me donne des bouffées de chaleur. Je joue avec son cadeau que j'ai accroché à ma chaîne. Il finit par descendre et m'aperçoit, un sourire en coin, je le sens encore tendu.

— Ca va?, je demande en m'approchant suffisamment de lui pour sentir son odeur que j'aime tant mais pas assez pour paraître suspect. Tu as broyé la main de Trucks!

— Tout juste fêlée, corrige t il.

— Pourquoi tu as réagis comme ça? Ce n'est pas la première fois qu'on me fait du rentre dedans..

— Je sais, c'est juste que ... laisse tomber.

Ses doigts viennent prendre la bague qu'il a lui même créé avec des morceaux de ferrailles.

— Merci, elle est très jolie, je murmure.

— Promis je ferai mieux en rentrant, sourit il.

— Elle est parfaite.

Les tiges fines s'entrelacent pour créer l'anneau et une petite pierre corail la surplombe.

— Comment tu as fait ça?

Il hausse les épaules minimisant son travail. Après avoir vérifié que nous étions seuls, je dépose un baiser rapide sur ses lèvres avant de le presser à nous rejoindre.

— J'ai pas très envie..

— Clay, tout le monde t'attend pour manger. S'il te plaît, c'est Noël.

— Je veux qu'on parle à Dozé, pour nous je veux dire.

— Clay... tu sais bien que c'est impossible. On risque ...

— Je sais ce qu'on risque, me coupe t il sèchement. Mais j'en ai marre que tout le monde te pense disponible.

Comme depuis quelques jours, j'ai la tête qui tourne et ferme les yeux une seconde pour reprendre mes esprits. Les mains de Clay viennent s'emparer de mon bras quand je me sens partir.

— Gaby, ça va?

— Je .. oui, ça va. J'ai juste la tête qui tourne. Je vais manger ça ira mieux.

— On va à l'infirmerie.

— Ca va Clay, je n'ai rien mangé depuis ce matin c'est tout.

Il ne semble pas convaincu mais au moins je réussis à le ramener à table avec les autres. Il me force à manger plus que de raison ce qui est clairement contre productif puisque maintenant j'ai des nausées. Adam ne cesse de nous fixer à tour de rôle ce qui m'énerve presque autant que le milliard de questions de Clay. Quand Trucks et Howell se lancent un défi pompe, on les regarde tout donner alors que leurs visages virent au pourpre.

— C'était quand tes dernières règles?, murmure Adam.

Clay se fige à mes côtés alors que je fronce les sourcils sans comprendre.

— La semaine dernière, pourquoi tu me demandes ça?

— Tu es fatiguée et tu as des nausées...

— Je n'aurais pas de nausées si Clay ne m'obligeait pas à manger pour 4 et je suis épuisée comme vous tous, je lui fais remarquer.

— Tu es sur que..

— Tu veux contrôler mes tampons peut être?, je m'énerve.

— Non, non, répond il en levant les mains en l'air.

— C'est dingue ça, pas d'utérus mais toujours un avis dessus, je crache en quittant la table.

Tout le monde étant encore en plein dîner, je décide d'aller me détendre sous la douche. Cette journée interminable est émotionnellement difficile à gérer, comme chaque année. J'ai manqué beaucoup d'anniversaires, de fêtes nationales, de Pâques et autres, mais Noël reste le moment le plus difficile pour moi.

L'eau bouillante lèche mon corps, détendant mes muscles endoloris. Mon visage levé vers le plafond, je profite de ce moment de relaxation. Je coupe l'eau lorsque j'entends du bruit derrière la porte. Il n'y a pas de sanitaire pour femmes étant trop peu nombreuses mais je n'apprécie pas tellement la compagnie des autres soldats. En règle générale, je m'arrange toujours pour prendre ma douche en même temps que ma Team, ou avec Chira mais elle est restée se prélasser sous la table attendant qu'un morceau de dinde apparaissent devant ses babines comme par magie.

Je me sèche rapidement avant de m'habiller. Quand je sors, je tombe nez à nez avec le bleu qui de toute évidence m'attendait, puisque son dos est appuyé contre le mur face à ma porte, ses bras croisés sur son torse. Je décide de l'ignorer. Tout le monde a bien bu ce soir et je doute qu'il ait fait exception.

— Où tu vas? Tu me dois quelque chose!

— Je te demande pardon? Moi? Je te dois quelque chose?, je ricane.

— J'ai pris le poing de ton chef dans la gueule sans broncher, ça mérite bien un dédommagement.

— Tu n'es pas manchot, sers toi en c'est magique tu verras.

Je me tourne vers la sortie mais sa main vient agripper mon bras avec force. Bon, s'il veut la jouer comme ça... A mon tour j'agrippe son bras et le tire contre mon dos pour m'aider à le faire basculer au sol. Il s'étale comme une poupée, les yeux injectés de sang, il est complétement saoul. Je secoue la tête et me redresse. Sa main vient s'abattre sur ma joue. Le coup est si puissant qu'il se répercute jusque dans mes cervicales et je sens ma lèvre pulsée à l'endroit où elle s'est fendue. Je suis sonnée une seconde mais réplique rapidement en enfonçant mon poing dans son visage à plusieurs reprises. Lorsque je ne distingue plus ses traits sous le sang, je m'arrête.