Chapitre 25 - Gaby

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Froid et distant, son corps tout entier hurle la rage qui l'habite et je m'en veux d'en être l'origine.

— Je suis désolée, j'aurais dû t'écouter, je commence. 

Ses yeux me fusillent m'intimant au silence. 

— Tu ... tu as failli mourir là bas. Pourquoi tu m'as poussé? Pourquoi tu ...

— Parce que c'est mon rôle de te protéger...

— C'est pas comme ça que ça devait se passer, s'énerve t il. Tu n'as pas à sacrifier ta vie pour moi et tu n'aurais jamais dû être blessée. Je vais demander un transfert et...

— Nooooon, je hurle. Tu n'as pas le droit de faire ça, pas après tout ce qu'on a vécu.

Mes larmes se déversent en torrent. C'est pour ça que je ne voulais pas qu'il se passe quoi que ce soit entre nous, parce qu'inévitablement on voudrait se protéger l'un l'autre au péril de nos vies. 

— Gaby....

Ses mâchoires se crispent nerveusement et ses poings s'ouvrent et se ferment à un rythme régulier. Mes paupières papillonnent, chassant l'eau qui envahit mes yeux quand je le vois approcher. Avec force, il pose son front sur le mien, comme il l'a fait plus tôt dans ce désert. Alors sans réfléchir, je lève la tête et capture ses lèvres. A peine surpris par mon initiative, il me rend mon baiser avec passion. Un bruit derrière le rideau nous sépare, ce n'est pas le moment de se faire prendre, nous avons déjà bien assez de problèmes sur le dos. Entre l'échec de notre mission, la catastrophe de l'hôpital et ma mise à pied de 3 semaines minimum. 

— Je vais parler au psy, je lui promets. Tu avais raison, je n'étais pas prête et je n'ai fait que des erreurs aujourd'hui, tout est de ma faute. 

— Non, vous ne pouvez pas entrer à 4 dans son box Messieurs. Attendez, s'énerve une infirmière alors que le rideau s'ouvre sur Trucks, Howell et Adam qui me sourient avec tendresse.

Ne tenant pas compte des reproches de l'infirmière, ils viennent me prendre dans leur bras chacun leur tour alors que Clay reste en retrait. 

Pour une fois, ma mère n'a pas paniqué en apprenant mes blessures. En temps normal elle m'aurait supplié de rentrer mais pas cette fois. Elle comprend ma décision de rester, nous avons encore 4 mois à passer ici, j'ai encore des tas de choses à faire. Par contre, je ne cesse de me disputer avec Jeff.

Tu n'as plus rien à faire là bas c'est ridicule. Tu risques ta vie pour un mec avec qui tu ne sors même pas.

— Tu sais quoi? On va s'arrêter là. Je vais éviter de t'appeler pendant un moment, je le préviens.

Attends petit ange...

— Non, Jeff! Je n'en peux plus et je n'ai franchement pas besoin de ça ici! Depuis que j'ai rencontré Clay tu es ... différent. Si tu m'aimais, si tu voulais tenter ta chance ou je ne sais quoi encore, il fallait le faire pendant les 25 ans que nous avons passé côte à côte. Le faire de façon respectueuse et dans les règles de l'art pas en me volant un baiser que je ne désirais pas. J'ai essayé de te pardonner, vraiment, mais là je n'en peux plus. J'ai besoin de calme et de sérénité, pas de me prendre la tête avec toi à chaque appel.

C'est exactement ce qu'il veut, tu ne te rends même pas compte qu'il t'a retourné le cerveau, s'énerve mon ancien ami.

— Non, c'est ce que moi je veux, pour moi. J'ai le droit de ne pas vouloir d'une personne hypocrite dans ma vie. J'ai le droit de ne plus avoir confiance en toi et j'ai le droit de vouloir prendre mes distances sans pour autant que ces décisions ne soient dictées par qui que ce soit. Je suis une grande fille capable de réfléchir par moi même. Aurevoir Jeff. 

Quand je relève la tête de l'écran noir, je croise ses yeux de la même couleur. Il s'approche et vient poser son bras sur mes épaules pour m'attirer contre lui.

— Comment tu vas?

— Mieux... je crois.  

— Je suis désolé que ça se finisse comme ça. Je suis sincère, sourit il en me voyant lever les sourcils.

— Je sais, merci. Mais c'est mieux ainsi. Il devenait trop étouffant depuis quelques mois déjà. 

— Tu as eue tes parents?

— Oui, ma mère t'embrasse et mon père espère que tu vas bien. C'est à se demander qui a été blessé, je ronchonne ce qui le fait rire. 

— Ils sont fous de moi, que veux tu?, rigole t il.

 Quand ses iris croisent les miennes, cette connexion unique qui nous lie me coupe le souffle. Je mords ma lèvre pour éviter de lui sauter dessus.

— Dommage que tu ne puisses pas prendre de douche avec tout ces bandages...

— Adam m'a donné quelques conseils pour ne pas mouiller mes bandages, je ne suis pas privée de douche, je murmure en fixant ses lèvres.

— Vivement ce soir dans ce cas, lance t il avec un clin d'œil avant de s'éloigner de moi.

 Il fait drôlement chaud dans ce désert, non? 

Ce soir là dans les douches, notre tête à tête est bien plus tendre que tout ce que nous avons vécu jusque là. 

— On n'aurait pas dû, je lui fais remarquer en me rhabillant.

Il vient se presser dans mon dos et embrasse ma nuque avec douceur.

— On a essayé à ta façon, ça ne marche pas... La preuve, on finit tout nu à chaque fois, rigole t il, et malheureux chacun de notre côté. 

Je me retourne pour lui faire face et pose mes mains dans son cou.  

 — On n'est pas obligé d'officialisé quoi que ce soit, pour le boulot en tout cas. Mais j'en ai marre de faire semblant de m'en foutre alors que je pense à toi jour et nuit, Gaby. Tu m'as retourné le cerveau il y a 9 mois et même la Navy a compris qu'il valait mieux nous mettre dans les pattes l'un de l'autre alors pourquoi lutter?

— Parce que je tiens beaucoup à cette Team et je ne veux pas tout perdre.

— Tu ne perdras rien du tout, je te le promets. 

Il a raison, on recule l'inévitable depuis des mois. On prend un risque énorme, si nos supérieurs le découvrent on risque nos postes, nos grades, notre carrière. Mais pour la première fois, je me sens bien avec un homme qui ne me juge pas, ne me rabaisse pas pour se sentir plus puissant et qui prend soin de moi sans pour autant me traiter comme une petite chose fragile. Ses bras me réconfortent et m'apportent la force nécessaire pour combattre jour après jour à ses côtés.

— Ok, à condition que tu me masses les pieds tous les soirs.

— Bah voyons, rigole t il avant de m'embrasser à en perdre haleine.  

La Seule Journée Facile C'était HierOù les histoires vivent. Découvrez maintenant