Chapitre 15 - Clay

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J'ai passé ma journée avec ma mère et retrouve ma sœur en fin d'après midi. La petite Emma ne me lâche pas et reste pendue à mon cou. Mon beau-frère est en train de préparer un barbecue et je vois le regard lourd de ma sœur posé sur moi.

— Quoi?

— Tu es ... différent.

— N'importe quoi, je ronchonne.

Emma joue avec mes Dog Tags, faisant rouler la chaîne boule entre ses petits doigts potelés. 

— Eh, je suis ta sœur. Tu sais que tu peux tout me dire, non? 

— Je sais bien Louise, mais il n'y a rien à dire, je t'assure.

— Hmm hmm .... comment elle s'appelle?

Je lève les yeux au ciel mais n'arrive pas à m'empêcher de sourire, ce qui me discrédite dans la seconde. Ma sœur prend sa fille qu'elle va coller dans les bras de son mari avant de revenir s'asseoir juste à côté de moi, son visage à quelques centimètres du mien.  

— Allez, dis moi, s'il te plaît, s'il te plaît, s'il te plaît, me supplie t elle avec une moue bien trop adorable qui me rappelle tous les caprices auxquels je cédais ado.

— Gaby, je finis par souffler. Mais ce n'est absolument pas  ce que tu crois, je la préviens.

Après de longues suppliques, je finis par tout lui raconter, de notre rencontre à la nuit d'hier soir. Nuit où elle n'a fait que ronfler et baver pour mieux vomir au petit déjeuner, pourtant je suis content de l'avoir partagé avec elle et ce constat me terrorise bien plus qu'une kalashnikov sur la tempe.

— Tu devrais l'amener demain soir.

— Pourquoi je ferais ça?! 

— Parce que tu l'aimes bien, elle aussi de toute évidence ...

— Ca j'en suis pas si sur...

— Bien sur que si, enfin! Sinon elle ne serait jamais resté avec toi cette nuit. Et puis, il y aura Tristan et Lyna. 

— C'est bizarre... Toute façon je ne la reverrai pas avant qu'on rentre alors...

— Oh je t'en prie, tu vas me faire croire que tu n'as pas son numéro?! Réfléchis y au moins.

J'accepte d'y penser. J'en ai envie, bien sûr, mais l'appeler pour lui proposer de passer l'une des trois soirées de permissions que nous avons avec ma famille et mes amis c'est ... bizarre, surtout qu'on est rien l'un pour l'autre. En tout cas, rien en dehors de frères d'armes. Un soupir las m'échappe et je me frotte le visage. Louise embrasse mon crâne avant d'aller récupérer sa fille qui fait vivre un enfer à John pour venir me retrouver. 

Après le dîner, je décide de rentrer sans passer par la case bar. Je n'ai pas envie de la revoir avec son pote qui m'insupporte. Il la regarde comme un merlan frit et elle ne s'en rend même pas compte. Et puis je n'ai pas tellement envie de baiser, enfin, si, mais pas n'importe qui. Allongé en boxer sur mon lit je contemple le plafond tâché de ma chambre d'hôtel. Le problème est là, je n'ai pas soulevé de nana depuis elle et ça commence à me les briser. Je devrais peut être essayer de trouver une fille pour ce soir... Rien que l'idée me déplaît. Rester fidèle à une femme avec qui on ne couche pas, avec qui on n'a pas de relation, c'est stupide mais c'est plus fort que moi. Si je la vois demain, je ne vais cesser de repenser à ce que j'ai fait avec une autre et je m'en voudrai. Elle n'aurait rien à dire, c'est sûr, mais ce n'est pas pour ça que je me sentirais mieux. Et puis, en lui restant fidèle, j'ai l'espoir qu'elle aussi. Ce qui est à peu près aussi con en y réfléchissant bien! 

Ce sont des coups à ma porte qui me tirent de mes rêveries utopiques. J'enfile mon jogging à la hâte avant d'aller ouvrir. Quand je la découvre, ma gorge s'assèche. Une robe fuchsia, un décolleté en cœur, évasée à mi cuisse, dévoilant bien trop de chair pour rester concentré sur ses yeux. 

 — Salut, couine t elle les joues rouges.

— Salut... Qu'est ce que tu fais là?

— Je ... enfaite je ... euh... 

Ses yeux balaient mon torse qui semble l'hypnotiser autant que ses jambes bien plus longues que dans mes souvenirs. 

— Gaby?

— Je ne savais pas si tu serais là... Ce n'était pas une bonne idée, conclut elle avant de faire demi tour. 

Je la rattrape par le poignet, la faisant pivoter vers moi. Elle se retrouve contre mon torse sans effort, parce qu'elle me laisse faire. Ce soldat pourrait me mettre K.O. en quelques secondes, je n'en n'ai plus aucun doute depuis que j'en ai fait les frais en entraînement, pourtant elle choisit de se laisser aller contre moi et je sais désormais que je ne me fourvoie pas sur le motif de sa venue. Je rapproche mon visage du sien. 

—  Pourquoi tu es là, Gaby?, je redemande en frottant mon nez contre le sien.

Son parfum me chatouille les narines et je n'ai envie que d'une chose... elle.

— J'étais avec Jeff... dans un bar mais ... il n'y avait pas... ce que je voulais là bas. 

— Et qu'est ce que tu veux?, je murmure en posant mes lèvres sur la peau fine de son cou. 

Sa poitrine se soulève à un rythme saccadé, trahissant son impatience et son désir. Ma main dans ses boucles brunes que j'accroche avec force, lui arrachant un gémissement plaintif, je tire sa tête sur le côté pour me donner un meilleur accès. Ma langue vient goûter sa mâchoire, sa nuque, ce petit carré de peau sous son oreille qui la fait frissonner de la tête aux pieds.

— Gaby, je répète, qu'est ce que tu veux?

— Toi, lâche t elle dans un souffle.

Il ne m'en faut pas plus pour foncer sur ses lèvres tendues vers moi. Aussi impatient l'un que l'autre, nous finissons à même le sol en rigolant. 

La Seule Journée Facile C'était HierOù les histoires vivent. Découvrez maintenant