La Seule Journée Facile C'était Hier

Chapitre 16 - Gaby

Après avoir fait l'amour sur la moquette, dans la douche, puis dans son lit, je somnole contre lui. Son bras passé dans mon dos, il caresse mes fesses nues, son nez dans mes cheveux. 

— Tu dors ici? Ou tu vas attendre que je dorme pour t'enfuir?

Il me demande ça en rigolant, pourtant je sens une pointe d'espoir dans sa voix. 

— Tu auras la surprise demain matin, j'élude ne sachant pas moi même ce que je veux.

— Tu es diabolique Nichols, rigole t il avant d'embrasser mon front. Bonne nuit.

— Bonne nuit.

Je repense aux heures que nous venons de passer. Cette connexion, comme la toute première fois, comme si on se connaissait depuis toujours, comme si c'était évident. Je ne regrette rien. Seulement, j'ai peur. Peur de ce que je crois ressentir, peur de ce qu'il pourrait ou non ressentir, peur des conséquences sur notre travail. J'aime cette Team plus que tout. Pour la première fois, je m'y sens à ma place. J'ai changé de Team 3 fois en 9 ans et même si je me suis toujours bien entendu avec mes frères d'armes, la preuve en est qu'aujourd'hui je ne suis plus en contact avec aucun d'eux. Mais avec Adam, Howell et Trucks c'est différent et je ne veux pas perdre tout ça à cause d'un homme qui se moque peut être de moi, ou peut être pas. Je finis par m'endormir, complétement perdue mais totalement comblée. 

Quand je me réveille, la place à mes côtés est vide et froide. Je me lève et me rhabille quand je découvre un mot sous mon téléphone.

"Désolé, j'avais RDV avec ma mère, je ne voulais pas te réveiller. 

Je passe la soirée chez ma sœur, elle aimerait beaucoup te rencontrer. 

Si ça te dit, RDV ici à 18h. 

J'espère à tout à l'heure. 

Bonne journée. C."

Oh, wahou! Il a parlé de moi à sa sœur? Je ne sais pas comment prendre cette information. Quand je rentre à la maison, ma mère est dans la cuisine en larmes. Je me précipite vers elle pour lui faire un câlin et commence à paniquer à l'idée qu'elle ait une mauvaise nouvelle à m'annoncer.

— Qu'est ce qui se passe Maman? Tu es malade, c'est ça?

— Quoi? Non, pas du tout. Je suis désolée pour ce que je t'ai dit quand tu es arrivée. 

— C'est rien Maman, je sais que tu rêves de petits enfants.

— Ce n'est pas rien! Tu n'es là que 3 jours et tu découches pour me fuir. Je m'en veux tellement, je n'ai déjà pas beaucoup de temps avec toi et je te fais fuir. 

Elle pleure de plus belle contre moi alors que je me fige. Malgré moi, des larmes commencent à poindre et je finis par pleurer aussi. 

— Je ne te fuis pas, je ... S'il te plait, tu me promets de ne pas t'emballer si je te raconte tout?

Je me confie alors à ma mère sur ma pseudo relation avec Clay. Elle ouvre de grands yeux en apprenant que j'ai passé les deux dernières nuits avec mon chef d'équipe, encore plus quand je lui dis que j'ai envie d'aller à cette soirée chez sa sœur.

— Je suis stupide, n'est ce pas?

— Pas du tout ma chérie, pourquoi tu dis des choses pareilles?! S'il a parlé de toi à sa famille, c'est que tu comptes bien plus à ses yeux qu'il ne veut bien te le dire.  

— Mais on n'est pas un couple... on est ... je sais même pas ce qu'on est.

— C'est l'occasion de le savoir. 

Je profite de ma journée en compagnie de ma mère. Nous avons une relation à la fois fusionnelle et explosive. Quand je suis avec elle, je ne la supporte plus au bout de quelques jours et pourtant elle me manque à la seconde où mon avion décolle. Notre séance shopping se termine en séance relooking avec coiffeuse et maquilleuse.  

— Tu devrais faire tes ongles.

— Maman, je pars en Afghanistan dans moins d'une semaine, je lui rappelle.

— Et alors, tu ne peux pas aller dans le désert avec des ongles?

— Ce n'est pas pratique non, je rigole en imaginant mes mains manucurées autour du cou d'un Djihadiste. 

Dans l'après midi, je profite de mon père et discute avec lui en le regardant entretenir sa voiture de collection. Depuis toute petite, j'ai toujours adoré m'asseoir sur son établi et discuter de tout et rien pendant qu'il bricolait. Il ne cesse de me jeter des regards en coin et finit par pouffer. Je lève les yeux au ciel, sachant très bien pourquoi il se moque.

— On dirait une poupée de porcelaine. Si tu tombes de cette établi, ta mère va me tuer en voyant les morceaux éparpillés, se gausse t il.

 — Ah ah ah, très drôle Papa. J'ai juste voulu lui faire plaisir, je sais que c'est ... trop. 

La maquilleuse a eue la main lourde sous les exclamations de joie de ma mère et je n'avais pas le cœur de me disputer pour des futilités pareilles, surtout que j'avais déjà dû me battre avec la coiffeuse qui voulait absolument couper ma longueur!

— Tu es heureuse en ce moment.

Ce n'est pas une question, du moins pas vraiment. Il relève la tête de sous son capot et pose ses yeux si semblables aux miens sur moi avec tendresse.

— Ils sont vraiment chouettes, je lui confirme avec un sourire. 

Ces crétins me manquent déjà et j'ai hâte de les retrouver. 

— Est ce qu'il y en a un plus chouette que les autres?

— Papa, je gronde.

— Ok, ok, je ne pose pas de question, rigole t il en levant les mains. 

Après une minute à torturer ma lèvre inférieur, je finis par lâcher.

— Il est vraiment génial Papa.

Le sourire de mon père me pince le cœur. Je me rends compte d'à quel point mon mode de vie les touche.