Chapitre 19 - Clay

615 65 1
                                    

Profondément endormie, je m'extirpe du lit en douceur pour ne pas la réveiller. En quelques minutes, je suis devant chez lui et défonce sa porte avec mes poings. Lorsqu'il ouvre, à demi endormi, je me saisis de son t-shirt, le soulève avant de le plaquer contre le mur. L'abruti bat des pieds dans le vide, les yeux exorbités par la peur.

— Attends, attends, je peux t'expliquer, geint il comme une fillette.

— M'expliquer quoi? Que tu es le dernier des imbéciles?

— Elle m'a dit que c'était finit tous les deux alors j'ai cru que ...

— C'est ton amie putain, je m'énerve. Peu importe ce qu'il se passe entre elle et moi, tu as brisé le lien qui vous unissait pour une pulsion stupide qui ne mènera jamais à rien. Elle a été clair avec toi, elle ne veut rien d'autre que ton amitié et d'ici la fin de la semaine elle sera en pleine zone de guerre a risqué sa vie pour sauver ton cul. Alors tu te démerdes comme tu veux, mais tu rattrapes tes conneries avant qu'on embarque ce soir. Si sa base arrière n'est pas solide avant son départ, elle risque de faire des erreurs et contrairement à toi, quand elle fait une erreur elle risque d'y perdre la vie. 

Je le relâche en l'envoyant valser un peu plus loin. Il s'étale sur le sol comme une poupée de chiffon en se massant le cou. 

— Tu l'aimes?

— Tu n'as aucun droit de me poser cette question, je crache. Moi, je la protège jour et nuit pendant que tu la détruits en un seul geste à 72 heures de son départ en Afghanistan. Tu n'es qu'un crétin. Si tu ne corriges pas rapidement le tir, je m'occuperai de ton cas.

Je sors sans un regard alors qu'il m'interpelle du haut de ses escaliers.

— Si tu avais été à ma place, si tu l'aimais depuis des années sans qu'elle ne le remarque jamais, tu n'aurais pas tenté ta chance de peur de la perdre justement?

—  Je ne peux pas te répondre. Je n'ai jamais menti à une femme sur mes intentions. Je ne leur fais pas croire qu'on est ami pour ensuite les embrasser lorsqu'elle s'éloigne dangereusement de moi!

Il blêmit avant de baisser la tête honteux. Quand je retourne à l'hôtel, Gaby dort toujours. Je dépose les cafés et les muffins que j'ai acheté sur le chemin, sur la table avant de venir me caler contre son corps. En me sentant dans son dos, elle soupire d'aise avant de reculer son bassin pour mieux s'ancrer au mien. Bordel, elle va me rendre fou à faire ça. Ma main sur son ventre, je caresse sa peau douce tout en m'imprégnant de l'odeur délicate de ses cheveux qui chatouillent mon nez.  

Sa respiration d'abord calme et régulière se fait tout à coup plus courte et rapide. Son bassin commence à bouger contre mon érection et je souris bêtement contre ses cheveux. 

— Bonjour, je susurre.

— Bonjour, sourit elle en insistant un peu plus sur la bosse qui déforme mon jogging. 

Après un réveil des plus agréable, nous déjeunons tranquillement en tête à tête. Je la raccompagne chez ses parents en fin de matinée. Une Camaro attend dans la rue et j'aperçois l'autre imbécile. 

— Je passe te prendre tout à l'heure?, je lui propose.

— Merci mais mes parents veulent m'accompagner.

— Je comprends. Bonne journée, on se voit dans l'avion, je lui lance avec un clin d'œil.

Elle mordille sa lèvre, ne sachant comment me dire au revoir. Elle finit par se décider et embrasse ma joue avant de sortir et se figer en l'apercevant.

— Ca va aller Gaby, je la rassure. Ecoute le, je l'encourage.

 Gaby me regarde les yeux brillants avant de hocher la tête et m'offrir un sourire triste. 

Par on ne sait quel miracle, le crétin a réussi à se faire en partie pardonner. Gaby reste méfiante mais elle n'est plus aussi dévastée et cela me rassure à l'approche de notre déploiement. J'ai rencontré ses parents à l'aéroport. Les joues rouges, au comble du malaise, Gaby est restée discrète. J'ai beaucoup rit avec son père alors que sa mère était un peu ... effrayante. J'avais l'impression d'être un super héros venu tout droit d'une planète inconnue pour sauver l'honneur de sa fille. 

Dans l'avion, Gaby reste silencieuse et distante, perdue dans ses pensées. 

— A quoi tu penses?, je ne peux m'empêcher de lui demander. 

— Je crois qu'on devrait ...

Elle ne termine pas sa phrase, lâchant un soupir qui ne m'annonce rien qui vaille. Pas besoin de dessin, c'est bien assez explicite.

— Oui, sans doute, je réponds. 

 Elle a peur, pour son poste, pour sa réputation et sans doute pour un millier d'autres raisons. Je ne peux pas lui en vouloir, je ne suis pas certain non plus de savoir ce que je veux vraiment. Seulement, ces quelques jours hors du temps rendent notre retour à la réalité un peu trop violent à mon goût. C'est maussade que je rejoints mes quartiers à la base. 3 jours plus tard, nous embarquons avec d'autres Marines en direction de Kaboul où se trouve la base américaine de la Navy. 

Sous la chaleur étouffante, mes lunettes de soleil et ma casquette bien en place, je regarde Chira et Gaby se défouler sur le terrain d'entrainement. Adam vient me rejoindre et me donne un coup de coude en désignant Gaby du menton.

— Alors, qu'est ce qui s'est passé pendant votre perm'? Elle t'a friendzoné?, se gausse t il.

— Même pas.. Ca aurait été plus simple cela dit! 

La Seule Journée Facile C'était HierOù les histoires vivent. Découvrez maintenant