Chapitre 21 - Clay

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— C'est non, je tranche.

— M'en fou, j'y vais quand même, râle t elle en boudant.

— Nichols! Je t'interdis d'y aller.

— Et pourquoi, hein???? On s'ennuie comme des rats morts, ça fait une semaine qu'on est pas sorti de la base, je m'ennuie, répète t elle. Allez, sois sympa.

— Ca ne sert à rien de me faire les yeux doux ça ne marchera pas, je gronde.

— Elle a pas tord... Ils ont besoin de main d'œuvre et on a rien d'autre à faire, intervient Adam.

— Oh c'est pas vrai! Tu ne vas pas t'y mettre. Si le colonel apprend ça, on est mort, je m'énerve.

Howell et Trucks me lancent des regards tout aussi motivés à l'idée de sortir d'ici pour une mission humanitaire. Voilà comment mon équipe m'a obligé à distribuer des médicaments et des crayons de couleurs dans un hôpital pour enfant. 

Ca fait un moment que je suis à l'intérieur avec Howell et Adam et je décide de descendre rejoindre la cour arrière où Trucks et Gaby jouent avec les enfants. Appuyé contre un poteau, je la regarde interagir avec eux. 

— C'est pour moi?, demande Gaby en se désignant du doigt.

La petite afghane hoche la tête en souriant, son dessin tendu vers elle.

— Merci beaucoup, c'est magnifique.

Ce n'est rien d'autre qu'un gribouillis sans queue ni tête mais Gaby semble sincèrement touchée par cette attention. Elle respire la joie de vivre, c'est la première fois que je vois son visage s'illuminer de la sorte. Malgré les horreurs que nous voyons chaque jour, ou presque vu qu'on tourne en rond depuis une semaine, elle garde encore toute son humanité, sa bienveillance, sa douceur, sa .... ok, j'arrête! 

Quand elle croise mon regard, je ne peux m'empêcher de sourire. Trucks est en train de faire un foot avec des gamins un peu plus loin. Gaby a un carton plein de fournitures scolaires à ses pieds et les plus petits se pressent autour d'elle, tirant sur son treillis dans l'espoir d'attirer son attention pour avoir des crayons pour dessiner. 

Tout dégénère très vite, comme toujours. Gaby se penche pour donner quelque chose à la petite fille qui éclate de joie en sautant en l'air. Un tir retentit, une balle en pleine tête et l'enfant s'effondre contre ses jambes. Gaby reste figée, incapable de détacher ses yeux du corps inerte à ses pieds. Je cours vers elle, pour la tirer à l'écart pendant que Trucks nous couvre en échangeant des tirs avec l'assaillant. Ca s'active à l'intérieur, les marines que nous avons accompagné sont sortis pour prêter main forte à Trucks et mes hommes. 

Quelques minutes plus tard nous sommes lancé à toute allure sur la route menant à la base. Gaby reste silencieuse, en état de choc. Quand Adam tente de l'examiner elle se met à hurler.

— Ne me touche pas!

— Ok, ok, je ne te touche pas, calme toi Princesse. 

Ses vêtements sont couverts du sang de l'enfant et je ne sais pas comment les lui enlever sans déclencher une crise. Et par dessus tout j'appréhende notre entrevue avec notre supérieur, parce qu'il ne se privera pas de nous punir de la plus belle des manières. 

Dans le bureau du colonel, côte à côte, au garde à vous nous attendons son ordre qui tarde à venir.

— Repos, hurle t il. J'ai une unité d'élites à disposition pour les missions les plus délicates, les plus dangereuses mais vous préférez allez distribuer des crayons de papier. Des putains de crayons de papier! Vous rendez vous compte de l'erreur diplomatique que vous venez de faire Maître Principal McShane?

— Sauf votre respect, Colonel, c'est de ma faute si..., commence Gaby en s'avançant d'un pas vers lui.  

— Oh excusez moi, Premier Maître Nichols, je ne savais pas que vous dirigiez la Team One, raille t il.

— Je ne ...

— Taisez vous, hurle t il. Tuez une gamine innocente ne vous a pas suffit?

 Gaby blêmit et se fige à ma droite, à mon tour j'avance d'un pas et annonce :

— Je suis le seul responsable de ce désastre, inutile de lui rappelez les dégâts qui ont été causés.

Le Colonel fulmine et s'apprête à répliquer quand Trucks, Howell et Adam s'avancent à leur tour pour être à notre hauteur en signe de soutien. 

— Les Seals et leur supériorité de mes deux, crache t il avec dédain. Ils vont dire que c'est vous qui avez ouvert le feu sur des civils, vous serez traînés dans la boue et je vais devoir nettoyer votre bordel! Vous êtes consigné à la base pour les deux semaines à venir, vous en profiterez pour nettoyer tous les sanitaires de la base jusqu'à ce qu'ils brillent comme le soleil dans ce désert merdique.

— A vos ordres mon colonel.

— Dégagez de ma vue!


Trois jours depuis cette incident. Trois jours sans entendre le son de sa voix, sans croiser son regard. Elle est complétement éteinte. J'ai essayé de l'obliger à aller voir le psy mais en vain. Les gars ont tous essayé de lui parler, rien, le néant total, je désespère et m'inquiète de plus en plus. 

Au milieu de la nuit, je me lève pour prendre une douche, c'est le seul moment de la journée où je suis sur d'être seul et donc tranquille. Sous le jet, je laisse l'eau couler sur mon visage, tentant d'effacer mes doutes quand j'entends du bruit. Surpris qu'un autre soldat soit là à cette heure ci, je n'y prête pas plus d'attention jusqu'à ce qu'il tente d'ouvrir ma porte.

— Clay?

— Gaby?! Mais qu'est ce que tu fous ici?

A peine ai je déverrouillé qu'elle se faufile dans l'entrebâillement pour refermer derrière elle. Elle laisse tomber son peignoir et vient se pendre à mon cou.

— Attends, je l'arrête. On peut pas faire ça... pas là... pas comme ça...

— S'il te plaît Clay. Je veux juste arrêter de penser à elle.

— Gaby...

Pour réponse, elle s'agrippe à mes épaules et se hisse sur mon torse qu'elle emprisonne de ses jambes.  

La Seule Journée Facile C'était HierOù les histoires vivent. Découvrez maintenant