Chapitre 1 - Gaby

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Le bruit du moteur de sa Camaro raisonne dans la rue. J'embrasse mes parents et m'empresse de sortir pour le retrouver. Jeff m'attend, le dos appuyé contre sa portière, un large sourire sur les lèvres. Revoir son visage si doux est aussi apaisant et réconfortant que les bras de ma mère. En quelques enjambées je suis blottie dans ses bras. 

— Tu m'as manqué petit ange, murmure t il contre mes cheveux.

— Toi aussi Jeff. Elle est encore plus belle en vrai, je le complimente en détaillant la nouvelle femme de sa vie.

— Moteur V8, elle passe de 0 à 100 en 5,3 secondes et ....

Je pouffe en le voyant faire le tour de sa nouvelle voiture. Il me détaille absolument toutes les caractéristiques de son bolide, des étoiles plein les yeux. Quand il se rend compte que je ne le suis pas pour faire le tour du propriétaire, il relève le tête vers moi et se renfrogne.

— Tu t'en fous en faite?, râle t il.

— Complétement, je rigole. Je veux juste aller boire un verre et m'amuser.

— Allez grimpe petite ingrate.

Sans me faire prier, je m'installe côté passager. Jeff passe la majeur partie du trajet à venter le confort de l'habitacle alors que je regarde défiler les bâtiments de la ville qui m'a vu grandir. Les rues sont illuminées par les décorations de Noël et les gens sont joyeux. Cette période a toujours un goût particulier pour moi.

— Depuis quand tu n'as pas passé Noël avec tes parents?

Je prends quelques minutes pour répondre même si je n'ai pas besoin d'y réfléchir. Je sais précisément qu'elle a été mon dernier Noël auprès d'eux et cela m'arrache une larme malgré moi.

 — 6 ans, je finis par répondre sans affronter son regard de reproche que je sens dans ma nuque.

— Ca va être génial, tu verras. 

On se gare sur le petit parking d'un bar de la ville. Jeff vient m'ouvrir la porte et m'offre son bras comme un vrai gentleman ce qui me fait rire.

— Je préfère ça à tes larmes.

Je fronce le nez avec une moue avant d'embrasser sa joue.  C'est bras dessus bras dessous que nous entrons dans le bar. J'enchaîne les verres avec Jeff en jonglant entre rire et pleure au fil de nos anecdotes de nos vies respectives sur les 6 derniers mois. Mes abdos et mes zygomatiques n'en peuvent plus d'entendre ses dates foireux.

— Mais enfin tu n'as pas vu sa Pomme d'Adam?, j'éclate de rire.

— J'étais trop obnubilé par sa poitrine, réplique t il en mimant une poitrine généreuse avec ses mains. Et toi alors? 

— Je suis en manque, 7 mois d'abstinence, j'en peux plus, je geins.

Cette fois c'est lui qui rigole tout en faisant un rapide état des lieux.

— Tu devrais trouver de quoi faire ici, non? Regarde le mec au bar.

Je me tourne pour découvrir un quadra bedonnant à la moustache mal taillée. Je recrache ma gorgée de bière, éclaboussant Jeff au passage qui hurle comme un putois.

— Tu fais chier, râle t il en s'essuyant.

— Calme toi princesse. Va vite te rincer, la blonde à 4h n'arrête pas de loucher sur toi et elle a ....

A mon tour je place mes mains devant ma poitrine, il se tourne aussitôt pour jauger sa prochaine victime. Sans un mot, il se lève et se dirige vers le fond de la salle. Pendant quelques minutes, je le regarde faire. Amusée par son numéro de Casanova, je m'apprête à aller commander une nouvelle bière quand un homme vient s'asseoir face à moi. Sa tête tournée vers le bar, il ne me regarde pas.

— Putain, j'ai cru qu'elle me lâcherait jamais la grappe celle là, une vraie psychopathe. Tu l'as vu ressortir?

Ne voyant pas de réponse, il se décide enfin à me regarder. Je lève un sourcil rieur en l'observant. Perdu, il regarde autour de lui et je comprends qu'il aurait dû atterrir sur la table derrière moi en le voyant fixer son ami qui rigole dans mon dos.

— Oh désolé, s'excuse t il en se levant aussitôt.

Je lève ma bière pour le saluer en contemplant sa chaise vide. 

— Finalement... si la place est libre, je vais peut être m'incruster un peu, rigole t il en s'asseyant à nouveau.

— Tu devrais faire attention, je suis peut être, moi aussi, une psychopathe.

 — Au point où j'en suis, se marre t il, je prends le risque. Tu fais quoi dans la vie?

Je ne me souviens pas de la dernière fois où j'ai répondu honnêtement à cette question. 90% des mecs que j'ai rencontré était tellement macho que si j'étais honnête ça se finissait en combat de coq pour savoir lequel de nous deux était le plus légitime à ce poste. Alors, par habitude, je lui offre mon plus beau sourire.

— Esthéticienne, je roucoule en sachant très bien qu'il n'avalera jamais une couleuvre pareille. Et toi?

Il prend une seconde pour me détailler et préparer sa réponse. A son tour, il me ment avec un sourire charmeur.

— Trader à WallStreet.

Je pouffe face à sa bêtise. Des épaules larges, des bras puissants, il put la testostérone à des kilomètres et j'ai du mal à l'imaginer derrière un ordinateur toute la journée. C'est un préjugé aussi ridicule que celui qui entoure ma profession mais n'empêche... Il a plutôt l'air du mec prêt à se jeter sous une voiture pour sauver une vieille dame que de prendre des risques en misant sur les mauvaises actions. Il me fait un clin d'œil avant de faire signe à la serveuse de nous apporter deux autres bières.

Au loin, Jeff semble avoir conclut puisque je ne distingue plus mon ami de la blonde. Il va surement bientôt m'abandonner lâchement. 

On passe un moment à siroter nos boissons en discutant de sujet léger et sans intérêt. Toute personne qui me connaît sait que je n'ai absolument aucune patience et quand je veux quelque chose, je le prends, point. 7 mois, j'ai déjà bien assez attendu!

— Tu habites loin d'ici?

Ses sourcils se lèvent de surprise et un sourire enjôleur étire ses lèvres.

—  Mon hôtel est juste à côté, annonce t il ses yeux noirs rivés aux miens. 

Je me lève sans plus attendre. Il prend le temps de m'observer avant de se lever à son tour. 

— Je ne connais même pas ton nom, souligne t il.

— Pourquoi? Tu comptais m'épouser demain matin?

 — Là, tu marques un point. Après vous Madame, rigole t il en tendant la main vers la sortie.

Plus qu'à prier pour qu'il soit aussi doué pour me faire jouir que pour sourire. 

La Seule Journée Facile C'était HierOù les histoires vivent. Découvrez maintenant