chapitre 2 face à face

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BARDELLA....

— J'ai trouvé le gigot d'agneau un peu sec, fit remarquer Corinne, le visage légèrement inquiet.

— Oui, c’était un peu fade, acquiesça Jordan.

— Et puis, le serveur était d'une maladresse, non ? Tu n'as pas remarqué ?

— Oui, chérie, si tu le dis, finit par répondre Bardella en déboutonnant sa chemise, l'air distrait.

— Je vais sûrement écrire un commentaire sur le site, je pense qu’il devrait s’organiser mieux, ajouta-t-elle en se démaquillant.

— Si ça te fait plaisir, murmura-t-il en se laissant tomber sur le lit, les mains derrière la nuque, fixant le plafond. Pendant ce temps, Corinne continuait à se plaindre, tandis que Jordan laissait son esprit s'égarer dans un souvenir qu'il aurait préféré oublier.

En enfilant sa nuisette, Corinne fronça légèrement les sourcils, dévisageant Jordan avec inquiétude. Elle s'approcha de lui, se faufilant sous les draps et posant sa tête sur sa poitrine, mordillant sa lèvre inférieure. Elle lui demanda si tout allait bien.

— Pourquoi tu me demandes ça ? rétorqua-t-il, un peu perdu.

— Je t'ai trouvé très bizarre au restaurant. Tu n'as quasiment pas dit un mot, et là, ça fait cinq bonnes minutes que tu fixes le plafond. Qu'est-ce qui te tracasse ?

— Désolé, chérie, je... je... suis nerveux pour demain.

— Je te connais, Jordan, ce n'est pas ça. C'est à cause de Papi, dit-elle en s'appuyant sur ses coudes, son regard insistant sur lui.

— Le chef ? Non, ça fait longtemps que je ne prête plus attention aux absurdités de ce vieux sénile, s'exclama Jordan, un peu trop vivement.

— Il a peut-être des opinions différentes des tiennes, mais tu exagères, répliqua-t-elle, un brin déçue.

— Tu sais ce que je pense de lui. On ne va pas remuer le couteau dans la plaie toute la nuit, quand même ! s'écria Jordan sèchement.

— Désolé, je ne disais pas ça pour t'énerver. C'est juste que je t'aime, avait-elle murmuré, la voix tremblante.

Voyant sa femme dépitée, Jordan la prit dans ses bras. Il l'embrassa tendrement et chuchota un "désolé", espérant apaiser les tensions qui s'étaient installées entre eux.

— Non, c'est moi qui suis désolé. Tu as raison, je ne devrais pas m'en prendre à toi juste parce que je suis de mauvaise humeur. Je m'excuse, je suis fatigué de cette journée, et demain va être chargé, avoua-t-il, sa voix chargée d'émotion.

— Je comprends, on oublie, mon amour. Bonne nuit, dit-elle en l'embrassant.

Jordan lui rendit son baiser et se tourna sur le côté. Éteignant la petite lampe, il murmura un "je t'aime" à Corinne.

— Moi aussi, je t'aime. Ah, j’allais oublier, tu me raconteras s'il est sympa.

— De qui tu parles ? demanda-t-il, essayant de masquer son inquiétude.

— De cet Attal Gabriel. Tu vas sûrement le croiser demain à l'Assemblée.

À cet instant, une vague d'angoisse le submergea. Il se leva brusquement, ses pas légers le menant à la salle de bain. Une fois à l'intérieur, il ferma la porte derrière lui et se laissa glisser contre celle-ci, le dos appuyé contre le bois. Son estomac était noué, au bord de lui donner la nausée. Le prénom Gabriel résonnait à nouveau dans sa tête, tel un tambour sourd.

Il se laissa tomber sur le carrelage froid, se frottant le visage avec frénésie, sentant les larmes monter. Sa respiration s'accéléra, les souvenirs revenaient comme un boomerang. Il murmura "Gabriel", puis un "Gabi", son Gabi... Les images de leur première rencontre à l'université lui revinrent en mémoire, son sourire angélique, son regard charnel, l'odeur de sa peau contre la sienne lors de cette soirée où ils avaient scellé leur amour.

Je T'aime moi Non Plus Tome 1(BARDELLAXATTAL) TerminéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant