Chapitre 18 : Souvenirs

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TW : mention de v*ol et de violence. Il n'y a rien de détaillé mais préservez-vous <3

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Je pense que j'ai toujours détesté ma magie. La première fois qu'elle s'était manifestée, j'avais pu voir la déception dans les yeux de ma mère.

Comme un peu tous les grands frères, Anton m'embêtait beaucoup lorsque j'étais petite. Ce soir-là, il m'avait pris l'un de mes jouets. J'étais vraiment énervée.

« Si tu me rattrapes, je te la rendrai ! m'avait-il lancé.

- Mais tu cours plus vite que moi ! C'est pas juste ! »

Même si je pleurais, il s'en fichait et continuait à courir dans la maison sous les yeux fatigués de ma mère.

« J'en ai marre ! »

Vraiment énervée, j'avais tapé du pied sur le sol, qui se retrouva gelé en quelques secondes. Mon frère tomba à la renverse. Heureuse qu'il s'était enfin arrêté, j'avais couru pour récupérer mon bien.

« De la glace... C'est pas vrai... »

Je m'étais tournée vers ma mère qui semblait alors abattue. Ni mon frère, ni moi n'avions compris à cet instant. Je venais d'une famille qui maîtrisait la magie de l'eau depuis des générations. Il s'agit de l'une des magies des plus utiles pour un village. Alors que la mienne pouvait tout faire mourir en un instant.

Ce n'est que plus tard que je compris que je n'aurais jamais un rôle important pour le village, même en étant la petite-fille du chef. Et cela m'agaçait profondément.

Je me souviens encore de cette journée. Le jour où tout a changé. Pourtant, elle avait commencé normalement. Le matin, j'avais pris le petit-déjeuner avec ma mère. Puis, je m'étais rendue au centre du village, là où il y avait le bâtiment qui servait d'école. Malgré nos origines paysannes, les chefs qui se sont succédé ont toujours mis un point d'honneur à l'éducation.

Étant donné que ma magie ne servait pas à grand chose, j'étais un peu la professeure des enfants. Je leur apprenais surtout à lire et à écrire. Pour tout avouer, je trouvais cette vie un peu ennuyante. Mais j'aurais aimé mieux en profiter. Si seulement j'avais su ce qu'il se passerait.

Lorsque ces mages sont entrés dans l'école, je n'ai pas eu le temps de prononcer un sort défensif qu'ils nous avaient entravé avec leur magie. Seule avec les enfants, ces derniers criaient en me regardant, espérant que je les sorte de là. Affolée moi aussi, je ne pouvais que supplier.

« Ne leur faîtes pas de mal, je vous en prie !

- La ferme salope ! »

L'un deux me frappa au visage. Face contre le sol, je crachais du sang, choquée et sonnée. Et ce n'était que le début. Une fois le village entier neutralisé, on nous dispersa en plusieurs groupes. Les enfants étaient réunis dans l'école, les femmes et les hommes dans plusieurs maisons, tous séparés. Lorsqu'ils m'ont fait sortir de l'école, plusieurs cadavres jonchaient déjà le sol.

Je m'étais alors retrouvée avec Violette. Je n'avais pas vu ma mère, ni mon frère, ni mon grand-père. Je n'avais aucune idée s'ils allaient bien. Mon amie était dans la même incertitude que moi. Honnêtement, je ne me souviens plus combien de temps ce cauchemar a duré. Au final, je n'ai même jamais compris le but de ce siège. Tout ce que je sais, c'est que chaque heure qui passait amplifiait ma peur. La peur de ne plus jamais revoir ma famille, la peur de mourir... Et puis la peur d'être choisie.

Choisie pour distraire les mages de Spade. La première fois qu'ils sont venus chercher une femme, nous n'avions pas tout de suite compris la raison. Ou alors, nous avions bien trop peur de voir la réalité en face. Mais lorsque cette pauvre femme est revenue en larmes, des traces de coups et les vêtements à moitié déchirés... Nous avions compris. Ne posant aucune question, nous nous soutenions mutuellement. Et puis, mon tour est arrivé.

Passé brisé, destins entrelacés [Nozel x OC]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant