FOLKORE NAE'S VERSION

Chapitre 1

"And when I felt like I was an old cardigan under someone's bed, you put me on and said I was your favorite."

Betty

L'été. Cette saison que tout le monde attend avec impatience. Les longues journées baignées de soleil, les nuits étoilées, les moments volés à la routine quotidienne pour se perdre dans l'aventure et la liberté. L'été a toujours été ma saison préférée. C'est une période où tout semble possible, où rien ne compte.

Le soleil d'août se couche lentement, teintant le ciel de nuances rose et orange. L'air du crépuscule d'été a une douceur presque surnaturelle, enveloppant la petite ville de WillowBrook d'un voile doré. Les jours sont longs et chauds, et l'air est rempli du parfum des fleurs estivales. Les saules pleureurs se balancent doucement au rythme du vent, leurs branches effleurant la surface du lac comme des doigts effleurant une harpe. Je suis assise sur le ponton, les pieds plongés dans l'eau fraîche du lac. C'est notre endroit à James et moi, notre refuge depuis toujours. Chaque été, nous passons des heures ici, à parler de tout et de rien, à rêver de l'avenir.

Aujourd'hui est un jour spécial. James revient de Los Angeles après trois longues semaines, pour aller voir sa famille. Je lève les yeux et scrute l'horizon, impatiente de le voir apparaître. Mon cœur bat la chamade à l'idée de le retrouver enfin. Il m'a terriblement manqué.

Mes doigts glissent machinalement sur le bracelet en argent qui enlace mon poignet, un objet modeste mais chargé de tant de significations. Gravés avec soin, les noms de mes parents brillent doucement à la lumière déclinante du jour. C'est un rappel constant de qui je suis, d'où je viens. Je laisse mes pensées dériver alors que je me concentre sur le métal froid contre ma peau. Les souvenirs affluent, me transportant à travers le temps.

Enfin, je le vois. Il marche lentement vers moi, sa silhouette se coupant contre le ciel brillant. Je me lève d'un bond et cours vers lui. Sans réfléchir, je me jette dans ses bras. Il me soulève et me serre fort contre lui. Nos lèvres se rencontrent dans un baiser long et tendre.

-James! Tu m'as tellement manqué! Je m'exclame en le serrant contre moi.

-Toi aussi, Betty. Répond-il doucement.

Je recule un peu pour le regarder dans les yeux.

-Comment c'était à Los Angeles?

-C'était... intéressant. Déclare-t-il en se passant une main dans ses cheveux bruns. Beaucoup... de choses se sont passées.

Nous nous asseyons sur le ponton, nos pieds effleurant l'eau. James commence à me raconter son séjour, les grandes avenues, les plages dorées et les collines de Hollywood. Pourtant, malgré ses récits passionnés, il semble distrait, presque ailleurs. Je lui parle des petites choses qui se sont passées ici pendant son absence, tandis qu'il a l'air dans ses pensées.

-Tu sembles fatigué. Je déclare doucement, posant ma main sur la sienne.

Il hoche la tête.

-Oui, le voyage était épuisant. Mais maintenant que je suis avec toi, ça va mieux.

La brise du soir caresse doucement mes joues, mais je frissonne malgré la chaleur estivale.

Je lui adresse un sourire doux, tandis que nous restons là, en silence, bercés par le murmure de l'eau, perdus dans nos propres pensées, nos doigts restent entrelacés. Soudain, le téléphone de James vibre dans sa poche, brisant le calme de l'instant. Son visage se fige, une ombre passagère assombrissant ses traits. Je le regarde, perplexe, alors qu'il décroche rapidement et murmure quelques mots précipités dans le combiné.

-Je... je dois y aller... articule-t-il finalement, sa voix trahissant une note d'urgence que je ne lui avais jamais entendue auparavant.

Il se lève d'un mouvement brusque, se détachant de moi avec une hâte palpable.

Mon cœur rate un battement alors que je l'observe partir, une boule d'appréhension se formant dans le creux de mon estomac. Après tout ce temps passé à attendre son retour, après tous ces moments volés ensemble, je ne peux m'empêcher de me demander pourquoi il s'en va si soudainement.

Les questions tourbillonnent dans ma tête, mais je reste là, sur le ponton, incapable de bouger, incapable de comprendre. Pourquoi partir si précipitamment? Pourquoi laisser derrière nous cet instant de calme et de proximité?

Je rentre chez moi, désorientée et préoccupée par le comportement étrange de James. La maison est calme lorsque j'entre, mais je sais que ma sœur, Ivy, est là. Elle est toujours là pour moi, surtout quand j'ai besoin de parler.

Ivy est assise dans le salon, en train de lire un livre. Elle lève les yeux et voit immédiatement que quelque chose ne va pas. Ses yeux verts s'emplissent d'inquiétude.

-Betty, qu'est ce qu'il ne va pas? Demande-t-elle doucement en posant son livre sur la table basse.

Je m'effondre sur le canapé à côté d'elle, sentant les larmes monter.

-C'est James, je réponds en soupirant. Il est revenu de Los Angeles aujourd'hui, et on a passé la journée ensemble. Mais... il était différent. Il semblait distant, et puis il a reçu un appel et est parti précipitamment. Je ne comprends pas.

Ivy passe un bras autour de mes épaules et me serre contre elle. Elle a toujours été ma confidente, celle à qui je peux tout dire. Elle a deux ans de plus que moi, et elle a une sagesse et une maturité que j'envie parfois. Elle est tout l'inverse de moi, ses cheveux bruns foncés, souvent ondulés, tombent en cascades souples autour de son visage, et elle a ce calme apaisant qui me fait toujours me sentir mieux. Sans elle, je ne sais pas si j'aurai pu me relever du décès de nos parents.

-Peut-être que le voyage a vraiment été épuisant, déclare-t-elle doucement. Il a peut-être eu un problème avec sa famille.

Je hoche la tête, mais une partie de moi reste inquiète.

-Je sais, mais c'était tellement étrange. On était ensemble après si longtemps, et il n'avait même pas l'air heureux d'être là. Et cet appel...ça semblait tellement urgent.

Ivy me regarde avec compassion, ses mains douces caressant mes cheveux.

-Ne t'inquiète pas trop, Betty. Parfois, les choses ne sont pas ce qu'elles semblent être. S'il y a quelque chose qui ne va pas, il te le dira quand il sera prêt.

Je m'accroche à ses paroles, essayant de trouver du réconfort. Ivy a toujours su comment me calmer, comment transformer mes peurs en quelque chose de plus supportable. Elle a une façon de voir le monde avec optimisme et de trouver des solutions même dans les situations les plus difficiles. Ivy a toujours été la grande sœur parfaite, celle que tout le monde admire.

-Merci, Ivy. Dis-je enfin. Tu penses que je devrais aller le voir?

-Ne sois pas trop...envahissante. S'il est parti sans rien te dire, peut-être qu'il préfère être seul.

Je connais James depuis toujours, je sens qu'il me cache quelque chose. Son comportement d'aujourd'hui était trop étrange pour être seulement le résultat de la fatigue. Malgré les paroles rassurantes de ma sœur, je ne peux m'empêcher de penser que quelque chose d'important m'échappe.

Ou peut-être que je suis trop paranoïaque?