"And if I'm dead to you, why are you at the wake?"
Augustine
Un an plus tôt, Los Angeles.
Je suis assise à ma place habituelle, au fond de la classe, là où je peux observer tout le monde sans qu'on me remarque trop. Là où je peux l'observer lui. Je lève les yeux un instant, balayant la salle du regard. C'est une journée comme les autres, avec les mêmes visages, les mêmes conversations insignifiantes. Mais pour moi, rien n'est plus pareil depuis ce jour. Depuis qu'il m'a regardée droit dans les yeux et m'a lâchée comme si je n'étais rien. Comme si tout ce que nous avions partagé n'avait aucune valeur.
Je sens encore la brûlure de ses mots, leur tranchant cruel. "Il faut qu'on arrête de se voir, j'ai une famille, une femme. Je ne sais même pas pourquoi je me suis retrouvé à coucher avec une fille comme toi." avait-il dit. Chaque fois que j'y repense, quelque chose se brise un peu plus en moi. Mais ce n'est pas de la tristesse que je ressens, pas seulement. Non, c'est autre chose. Quelque chose de plus sombre, de plus puissant.
Je serre les poing sous mon bureau, les ongles s'enfonçant dans mes paumes. Je me rappelle de son regard, de ce sourire en coin qui ne voulait plus rien dire. "Tu es trop compliqué, trop jeune." avait-il ajouté, comme si c'était une insulte. Comme si ma complexité était un défaut, une raison suffisante pour me jeter comme il l'a fait. Comme si c'était moi qui avait fait le premier pas en le draguant. Comme si c'était moi qui avait loué cette putain de chambre d'hôtel et sorti son putain de penis de son pantalon!
Et cette autre phrase. Cette phrase qui a tout déclenché en moi. "Tu n'es qu'un salope comme toutes les autres, t'es juste mon élève, rentre toi ça dans le crâne."
A cet instant, j'ai su que je ne pourrais pas le laisser partir ainsi. Qu'il allait payer pour ce qu'il m'avait fait. Mais pas seulement de m'avoir quittée. Non, c'était bien plus que ça. Il m'avait humiliée, rabaissée. Il avait détruit quelque chose en moi, et je ne pouvais pas simplement l'accepter. Je n'ai pas hésité longtemps. Le lendemain même, j'ai commencé à agir. Je connaissais ses secrets, ses peurs, tout ce qu'il m'avait confié dans les moments de faiblesse. Et je savais exactement comment les utiliser contre lui. Tout ce qu'il avait construit, tout ce à quoi il tenait, j'allais le détruire morceau par morceau.
Ce n'est pas juste la vengeance qui me consume. C'est la certitude que je ne serai jamais la même après ça. Que ce que je fais me change, me transforme en quelque chose de plus froid, de plus dur. Et pour la première fois, je me demande si je n'ai pas fait une erreur. Si je ne vais pas trop loin. Mais il est trop tard pour reculer. J'ai choisi ce chemin, et je dois aller jusqu'au bout. Peu importe ce que cela me coûte.
Quand la cloche sonne enfin, annonçant la fin des cours, la fin d'une année scolaire merdique, je me lève et me dirige vers la sortie. Mais avant de quitter la salle, je lance un dernier regard vers lui. Il range ses affaires, sans même savoir ce qu'il lui attend.
***
La plage est mon endroit préféré. Je peux oublier tous mes soucis pendant un moment, juste pour un instant. Je m'avance lentement sur le sable, mes chaussures à la main, laissant mes pieds s'enfoncer dans la fraîcheur granuleuse. Le soleil commence à se décliner, projetant une lumière dorée sur l'étendue infinie de l'océan. Le bruit des vagues qui s'écrasent sur le rivage est apaisant, presque hypnotique. Pourtant, au fond de moi, je suis en ébullition. J'essaye de me convaincre que ce que je m'apprête à faire est justifié. Que c'est une réponse, un rééquilibrage des choses. Mais à mesure que les vagues se succèdent, je sens le doute grandir en moi. Je sors mon journal de mon sac et inscrit les premières phrases qui me viennent en tête. "Les vagues emportent tout, mais la douleur reste ancrée. L'océan garde en lui les secrets des cœurs brisés." Je range mon carnet et regarde les vagues, cherchant un peu de réconfort.
Je m'assois sur le sable, les genoux ramenés contre ma poitrine, fixant l'horizon. Les mots qu'il m'avait dit résonnent encore dans ma tête, mais avec moins de force. A leur place, c'est ma propre voix intérieure qui prend le dessus. Cette petite voix qui me pousse à agir, à riposter, à ne pas me laisser faire. Mais pour la première fois, elle paraît plus hésitante, moins sûre d'elle.
-Salut. Ça va?
Je tourne la tête, surprise par le garçon qui vient de faire irruption. Il est là, devant moi, un grand sourire aux lèvres. Son sourire est simple, mais il a le pouvoir de dissiper, ne serait-ce qu'un peu, les nuages noirs au-dessus de ma tête. Sa voix est apaisante, douce, je me surprends à vouloir lui répondre, à vouloir lui parler de tout ce que j'ai sur le cœur. Alors que je ne le connais même pas.
Bien entendu, je me retiens de lui avouer que je m'apprête à aller au commissariat pour porter plainte contre mon professeur, espérant le faire aller en prison. Coucher avec une mineure n'est pas bien vu, non? Surtout si elle dit ne pas avoir été consentante... Sa parole contre la mienne. Ce serait dommage d'abandonner sa famille, son travail, sa vie.
-Ça peut aller... et toi? Je me contente de répondre.
-Je vais bien. Je m'appelle James. Se présente-il en me tendant sa main.
-Augustine. Je réponds, lui serrant la main en retour.
Ce jour-là, sur cette plage de Los Angeles, j'ai décidé que je ne laisserais plus jamais quelqu'un me briser le cœur de cette façon, que je ne pleurerais plus jamais pour un homme. Pour quiconque. Et en regardant James, avec son sourire réconfortant et ses paroles douces, j'ai su qu'il serait celui qui m'aiderait à reconstruire ce qui avait été détruit en moi.
Mais je ne savais pas encore à quel prix.
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Ok guysss I'm back!
J'espère que vous aimerez ces trois chapitres!
On se retrouve la semaine pro pour les suivants, bisoussss
⭐🩶
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FOLKORE NAE'S VERSION
RomanceDans une petite ville où les secrets semblent être aussi nombreux que les étoiles dans le ciel, trois destins s'entrelacent dans un tourbillon d'amour, de trahison et de rédemption. Betty, une jeune artiste introvertie, se retrouve prise au piège d...