FOLKORE NAE'S VERSION

Chapitre 27

"The devil's in the details, but you got a friend in me."

Augustine

Depuis que Betty m'a rendu mon journal, je suis dans une confusion totale. Ça fait plusieurs jours, mais j'ai toujours l'impression qu'un poids me pèse sur la poitrine. Mon cœur bat lourdement chaque fois que je repense à tout ce qui est inscrit dans ce carnet, à mes pensées les plus sombres, mes secrets les plus honteux. Je sais que maintenant que Betty peut parler de ce qu'elle a lu à tout moment, il faut que je me débarrasse des preuves. Que je le brûle. Mais comment? Comment pourrais-je réussir à brûler un journal si important à mes yeux, le seul endroit où je me sens réellement moi-même, où j'écris toute ma vie. Je suis sur des charbons ardents, incapable de savoir à quoi m'attendre. J'aurais dû le savoir, rien ne reste jamais caché longtemps.

Le silence des couloirs me berce doucement, un écho vide qui résonne entre les murs de ce lycée trop vaste, trop étouffant. Chaque pas que je fais me semble lourd, comme si le sol sous mes pieds me retenait, me tirait vers le bas. Mes pieds me guident presque inconsciemment à travers les couloirs. Je ne sais pas vraiment où je vais, mais j'ai besoin d'air, d'espace. J'ai besoin de réfléchir à ce que je vais faire maintenant. Alors que je tourne au coin du couloir près des vestiaires, je l'aperçois. James. Il est assis sur un banc contre le mur, seul, comme une statue silencieuse perdue dans ses propres pensées. Il fixe le sol comme si c'était la chose la plus captivante du monde. Je n'avais pas prévu de le voir, encore moins de lui parler, mais il a l'air tellement...vidé.

Je m'arrête à quelques pas de lui, hésitante. Je pourrais juste tourner les talons et m'éloigner, mais quelque chose me retient. Peut-être que c'est parce que je le connais mieux que je ne le voudrais. Peut-être que c'est parce que je me reconnais un peu en lui en ce moment.

-Ça va? Je demande finalement, brisant le silence.

Il relève lentement la tête, comme s'il n'avait même pas remarqué ma présence jusqu'à maintenant. Ses yeux sont fatigués, marqués par le manque de sommeil.

-Augustine...murmure-t-il, presque surpris. Qu'est ce que tu fais là?

Je hausse les épaules.

-Je pourrais te poser la même question. Tu as l'air..., je m'arrête, cherchant les bons mots. Épuisé.

James passe une main sur son visage, soupirant profondément.

-Je suis épuisé.

Il n'y a pas de sarcasme, pas de tentative de jouer à celui qui va bien. Juste la vérité crue, et pour une fois, ça me surprend. James a toujours été le type à garder le contrôle, à prétendre que tout va bien, même quand il est au bord du gouffre. Mais là, il semble différent. Plus vulnérable.

Je m'assois à côté de lui, sentant l'air lourd entre nous.

-Qu'est ce qu'il y a?

Il se passe une éternité avant qu'il ne réponde.

-C'est Betty. Finit-il par dire. Je ne sais plus quoi faire pour la récupérer. Je l'ai perdue pour de bon, cette fois. Et c'est ma faute.

Mon coeur se serre malgré moi. Bien sûr que c'est à cause de Betty. Tout tourne toujours autour de Betty, n'est ce pas? Cette sensation de piqure dans ma poitrine refait surface, ce sentiment d'être un second choix, une ombre dans sa lumière. Je devrais me lever et partir, mais je ne peux pas. Je veux enfin comprendre pourquoi.

-Pourquoi, James? Ma voix est basse, presque cassée. Pourquoi m'avoir fait croire que j'avais une place?

Il baisse les yeux, incapable de me regarder.