Chapitre 13

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"And when I break, it's in a million pieces."

Betty

Je me suis toujours tue. Toujours. Je suis toujours celle qui se tait. La fille discrète qui ne cherche pas les problèmes, qui préfère passer inaperçue plutôt que de se retrouver au centre d'une tempête. Depuis des années, j'ai appris à laisser glisser les remarques, à ignorer les petites trahisons et à éviter les conflits. Mais quand Augustine m'a accusée aujourd'hui, ce fut la goutte de trop. Je n'en pouvais plus de cette injuste culpabilité qui pesait sur mes épaules. La rage que j'avais si longtemps réprimée a éclaté, et j'ai senti quelque chose en moi se briser. Augustine m'a toujours semblé être une fille perdue, quelqu'un qui cherche désespérément sa place, peut-être de l'attention. Mais cette fois, elle a franchi une limite que je ne pouvais plus ignorer, elle a insinué des choses qui m'ont profondément blessée.

La cloche sonne, annonçant la fin des cours. Je me dirige vers la salle de retenue, mon esprit tourbillonnant de la confrontation avec Augustine. Les autres élèves dans le couloir me regardent avec curiosité, chuchotant des mots que je ne peux pas entendre mais dont je devine le contenu. Ils se délectent du drame, assoiffés de scandale. Je suis sûre que tout le lycée est déjà au courant de ma dispute avec Augustine.

Cette salope.

J'ai toujours été une fille calme, respectant les règles, mais aujourd'hui, je me retrouve avec une heure de colle, aux côtés de celle que je considère maintenant comme ma rivale. Je n'en revient d'avoir été collé pour si peu, que cette dispute avec Augustine avait soit disant "dérangé les autres cours, y compris les élèves."

Non mais je rêve!

Je n'arrête pas de repenser à ce message que j'ai reçu ce matin. Évidemment, il était de cette même personne anonyme, cette personne qui me fait douter de tout, même de moi. Je serre mon téléphone dans ma poche, tentant d'effacer de mon esprit les mots qui y étaient inscrits.

En entrant dans la salle de retenue, je remarque que Augustine est déjà là, assise au fond de la classe, le visage fermé. Je m'installe à l'autre bout de la pièce, loin d'elle. L'enseignant chargé de la retenue nous observe d'un œil fatigué, visiblement désabusé par cette situation.

-Je ne vois pas en quoi une dispute privé entre deux élèves est cause de retenue. Déclare Augustine à l'intention du professeur.

-Si c'était une dispute privée, il ne fallait pas la faire dans une salle de classe, devant tout le monde. Rétorque celui-ci.

Le professeur se lève et nous distribue un travail pour faire passer l'heure.

Le silence est lourd et oppressant. J'essaie de faire le travail demandé, mais mes pensées reviennent sans cesse à notre dispute. Pourquoi a-t-elle dit "chaque été"? Et ce message... Qu'est ce qu'il signifie réellement? Finalement, après ce qui semble être une éternité, la cloche sonne, marquant la fin de notre retenue. Je rassemble mes affaires et me dirige vers la porte, voulant fuir cet endroit le plus vite possible.

Je prends le chemin de ma maison, l'esprit encore agité. Mes parents me manquent. Beaucoup. J'ai peur de les oublier, d'oublier à quoi ils ressemblent, j'ai oublié le son de leur voix. Leur absence est un vide que je ressens chaque jour, une douleur sourde qui ne s'éteint jamais vraiment. Aujourd'hui, cela fait maintenant 11 ans qu'ils ne sont plus là. Mes grands-parents ont fait de leur mieux pour nous offrir une vie stable et aimante, mais certaines blessures sont difficiles à guérir.

Quand j'arrive enfin à la maison, je suis en retard à cause de ma retenue, et je peux voir l'inquiétude sur le visage de ma grand-mère lorsqu'elle ouvre la porte.

-Betty, ma petite étoile, où étais-tu? Ça va faire une heure qu'on t'attends.

Je me force à sourire pour la rassurer.

-Désolée, grand-mère. J'ai eu une heure de colle.

Son visage se crispe de surprise et de préoccupation.

-Une retenue? Mais que s'était-il passé?

Mon grand-père, assis dans son fauteuil habituel avec un livre à la main, lève les yeux en entendant cela.

-Rien, c'est une longue histoire, j'ai juste envie de me reposer.

-Tu ne veux pas manger? S'inquiète ma grand-mère Marjorie.

-Non, ça ira...

Je monte les escaliers jusqu'à ma chambre, laissant tomber mon sac sur le sol. Je m'effondre sur mon lit, fixant le plafond. Les événements de la journée tournent en boucle dans ma tête. Je sors mon téléphone et décide de relire le message qui me hante, celui que j'ai reçu ce matin.

"Chaque été, James te ment."

Pourquoi? Pourquoi maintenant? Pourquoi je reçois ce message pile au moment où Augustine parle de "chaque été." Cette personne m'espionne? Et depuis quand? Je devrais peut-être en parler à la police, non? Soudain, Ivy entre dans ma chambre sans frapper, me faisant sursauter au passage.

-Bon, Betty maintenant raconte. Je sais qu'il se passe quelque chose.

Je soupire, me redressant un peu. Elle me regarde avec cette intensité que j'ai toujours admirée chez elle. Elle a toujours réponse à tout, alors je décide de lui parler des messages, sachant qu'elle pourra sûrement m'aider à comprendre.

-D'accord. Tu te souviens de cette personne anonyme qui m'envoie des messages? Et bien, j'en ai reçu plusieurs depuis la dernière fois.

Je lui montre tous les messages reçus depuis, Ivy lit attentivement, ses sourcils se fronçant davantage. Ivy se lève et commence à faire les cent pas dans ma chambre, son esprit clairement en train de formuler des théories.

-Où est ce que t'étais quand t'as reçu le dernier message?

-Dans le couloir, je venais de me faire virer de cours...

Elle s'arrête net.

-Virer de cours? Répète-t-elle. Pourquoi?

-J'étais en train de me disputer avec Augustine.

-Donc juste avant t'étais dans quel cours?

-Mon cours de littérature, mais je ne vois pas en quoi ça va nous aider.

-Commence pas faire une liste de toutes les personnes présentes dans ce cours. C'est forcément l'une d'entre elles l'auteur des messages.

Ivy s'assied à mon bureau et ouvre un cahier, tandis que je fronce les sourcils, sceptique.

-Tu es sûre que ça peut être quelqu'un de ma classe?

Ivy hoche la tête.

-C'est probable, les messages sont trop précis pour venir de quelqu'un qui ne te connais pas bien.

Je m'exécute et fais une liste de toutes les personnes présentes dont je me rappelle. Une fois la liste terminée, je la tends à Ivy. Elle la scrute attentivement, son expression devenant encore plus concentrée. Elle ne connaît probablement aucun nom inscrit, elle a fini le lycée il y a trois ans.

-Très bien. Déclare-t-elle. On va creuser et découvrir qui a envoyé ces putains de messages. 


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Alors, ce chapitre?

J'adore Ivy!! 

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