Chapitre 18

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"What died didn't stay dead."

Augustine

Je rentre chez moi avec une sensation étrange, comme si les ombres du voyage me suivaient encore. Chaque pas résonne dans la maison silencieuse, et l'air semble plus épais, presque étouffant. Je laisse mon sac tomber sur le sol de ma chambre, un bruit sourd qui me tire de mes pensées. Je m'approche de la fenêtre et observe le ciel, ses nuances de gris s'entremêlant comme des secrets qu'on essaie de dissimuler. 

Je me tourne enfin vers le désordre que j'ai apporté avec moi et commence à ranger mes affaires. Le sac est un méli-mélo de vêtements froissés, de souvenirs encore frais et d'émotions que je n'ai pas encore eu le temps de digérer.

Ce voyage était merdique.

Vraiment.

Je fouille à l'aveuglette dans le sac, mes mains cherchant sans réfléchir. Et puis, soudain, je m'arrête. Un frisson me parcourt. Il manque quelque chose. Mon journal. Mon souffle se bloque un instant, puis s'accélère.

Ce journal est plus qu'un simple carnet. C'est mon refuge, le seul endroit où je peux être totalement moi-même, sans masque, sans peur du jugement. C'est là que je confie tout ce que je n'ose pas dire à voix haute, les pensées les plus sombres, mes peurs, mes désirs, mes regrets... Mes secrets. Et maintenant, il a disparu.

Je me redresse d'un bond, le cœur battant à tout rompre. Je retourne mon sac de fond en comble, chaque poche, chaque recoin. Mais il n'est nulle part. Le malaise que je ressentais tout à l'heure se transforme en une panique froide. Où est-il?

Où est ce putain de journal?!

Je me précipite vers mes tiroirs, les ouvrant avec frénésie, les refermant aussi vite. Rien. Je m'agenouille, je regarde sous le lit, entre les coussins du fauteuil. Je revisite chaque endroit où j'aurais pu le poser, où il aurait pu tomber. Mais mon journal reste introuvable.

Je sens les larmes monter, mais je les réprime. Je ne peux pas me permettre de pleurer maintenant. Je dois penser, réfléchir. Où ai-je bien pu le laisser? Je suis pourtant sûre que je l'ai emmené pendant la sortie scolaire. Je tente de me rappeler les moments précis où je l'ai utilisé la dernière fois, mais mes pensées sont embrouillées. L'image de la forêt me revient, celle où je me suis éloignée des autres pour me retrouver seule avec mes pensées, loin du chaos et des mensonges. Est-ce là que je l'ai laissé tomber? Il devait être dans mon sac, je suis ensuite tombée et... Betty. C'est elle qui m'a rendu mon sac quand elle m'a trouvé. Et si elle l'avait gardé? Non, elle ne ferait jamais ça...

Je m'effondre sur le lit, submergée par la panique. Tout est là-dedans. Chaque pensée que j'ai eue sur James, sur Betty, sur ce que j'ai fait, sur ce que je ressens. Toute ma vie est dans ce putain de journal.

Je repousse l'idée que quelqu'un ait pu lire ces mots. Je me répète que je l'ai sûrement oublié quelque part, qu'il finira par réapparaître, comme par magie. Mais au fond de moi, je sens que quelque chose cloche. L'idée que mes secrets puissent être découverts, que mon monde soigneusement construit puisse s'effondrer, me terrorise. Et je sais que si quelqu'un l'a trouvé, si Betty me l'a vraiment volé... tout pourrait changer.

Tout.

Je me tiens dans ma chambre, fixant le chaos de mes affaires éparpillées un peu partout, la panique toujours autant présente. Chaque minute qui passe alourdit l'oppression qui serre mon cœur. Il faut que je fasse quelque chose.

Je saisis mon téléphone, les mains tremblantes, et je fais défiler les contacts jusqu'à tomber sur le nom d'Inez. Le téléphone sonne, et quand elle décroche enfin, je ressens une étrange combinaison de soulagement et d'angoisse.

FOLKORE NAE'S VERSIONOù les histoires vivent. Découvrez maintenant