Chapitre 23

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"You showed me colors you know I can't see with anyone else..."

James

Je n'arrête pas de repasser cette conversation dans ma tête. Comment Betty a-t-elle pu savoir que je connaissais Augustine depuis plusieurs étés? C'est impossible qu'elle ait deviné ça toute seule, quelqu'un a dû lui en parler. Mais qui? Ce serait Augustine? Je ne vois qu'elle qui aurait pu lui dire un truc comme ça, elle ne voulait pas que je me remette avec Betty, après tout. Mais pourquoi maintenant? Tout se complique, et je me retrouve coincé entre ces deux filles, chacune avec ses propres secrets et ses mensonges.

Je suis avec William, assis sur les marches extérieures du lycée. Il parle de choses et d'autres, probablement de ce qu'il prévoit de faire pendant le week-end, ou bien de la fille qu'il compte inviter au bal d'hiver, mais je ne l'écoute qu'à moitié. Mon esprit est ailleurs, concentré sur ce que je dois faire ensuite.

-Tu m'écoute, mec? Demande Will, fronçant les sourcils en me jetant un regard intrigué.

Je secoue la tête pour me ressaisir.

-Ouais, désolé, j'étais dans mes pensées.

Il hausse les épaules, nonchalant, et continue de parler. Mais je ne peux plus rester là à l'écouter quand je vois Augustine passer devant nous. Je dois aller la voir. Je me lève brusquement, coupant William au milieu de sa phrase.

-Je dois y aller, on se parle plus tard, ok?

Il me regarde partir sans poser de questions, habitué à mes sautes d'humeur ces derniers temps. Je me dirige vers Augustine, marchant plus vite pour la rattraper.

-Augustine, attends!

Elle se retourne, surprise et s'arrête pour que je puisse la rejoindre, au milieu du couloir.

-Qu'est ce que tu veux, James?

-C'est toi qui as parlé à Betty de nous?

Elle fronce les sourcils, ne comprenant pas ma question.

-De quoi tu parles?

Je soupire, essayant de contrôler ma colère.

-Elle sait qu'on se connaît depuis plusieurs étés. C'est toi qui lui a dit ça?

Augustine reste silencieuse un moment, et je la vois réfléchir à toute vitesse. Ses yeux se plissant légèrement, et je sens qu'elle cherche ses mots avec précaution.

-Je n'ai rien dit à Betty. Finit-elle par répondre, sa voix calme mais trahissant une légère nervosité. Pourquoi je lui dirais quelque chose comme ça?

Quelque chose dans son ton me fait hésiter, mais je ne la lâche pas.

-Je ne sais pas, tu as toujours détesté l'idée qu'on puisse se remettre ensemble.

Elle se redresse, croisant les bras sur sa poitrine.

-Et bien maintenant c'est réglé. Si Betty sait, c'est qu'elle l'a découvert par elle-même, ou que quelqu'un d'autre lui a dit.

Ses mots me frappent, mais ce qui m'interpelle le plus, c'est l'expression qui traverse son visage un court instant. Un mélange de frustration et... d'inquiétude?

Je me recule légèrement, essayant de déchiffrer ce qu'elle cache.

-Comment je peux savoir que tu dis la vérité?

Elle secoue la tête, ses lèvres se serrant.

-C'est ça qui est drôle, t'es obligé de me faire confiance. Mais maintenant que tu le dis, je me demande comment elle a pu savoir...

Son regard s'assombrit, et je sens qu'il y a quelque chose qu'elle ne me dit pas. Mais avant que je puisse poser une autre question, elle détourne les yeux, comme si elle venait de comprendre quelque chose.

-Augustine, si il y a quelque chose que tu ne me dis pas...

-Je ne sais rien de plus, James. Maintenant laisse moi tranquille. Me coupe-t-elle, sa voix plus froide qu'avant.

Elle commence à s'éloigner, me laissant sur place avec plus de questions que de réponses.

***

Je rentre chez moi, la tête pleine de questions sans réponses. Je n'arrête pas de penser à Betty, j'ai cherché son regard toute la journée mais elle l'évite, elle m'ignore. J'aurais préféré qu'elle soit en colère contre moi, au lieu de montrer de l'indifférence.

La maison est vide, silencieuse, ce qui est rare. Je laisse tomber mon sac à l'entrée, sans énergie pour faire autre chose que traîner les pieds jusqu'à ma chambre. En passant par le salon, je m'arrête devant le piano. Le voir là, immobile, poussiéreux, déclenche une vague de nostalgie qui me frappe en plein cœur. Je ne peux m'empêcher de me souvenir de cette fois ou Betty et moi étions ici, dans cette même pièce.

*Flash-back*

Je m'assois sur le canapé, observant Betty qui se dirige vers le piano avec cette grâce qui lui est propre. Ses doigts glissent sur les touches avec une aisance naturelle, comme si elle et l'instrument ne faisaient qu'un. Elle commence à jouer une mélodie douce, une de celles qu'elle compose elle-même, ce sont mes préférés. La mélodie qui s'échappe du piano est douce, envoûtante, comme si chaque note racontait une histoire. C'est ça que j'aime chez elle, cette façon de transformer ses émotions en musique, de tout exprimer à travers ces notes, à rendre visible l'invisible.

Je la regarde, fasciné, incapable de détacher mes yeux de ses mains qui dansent sur les touchent. Elle tourne la tête vers moi, me surprend à l'observer, et un sourire se dessine sur ses lèvres.

-Tu joues vraiment bien Betty. Je te l'ai déjà dit?

Elle rit, son sourire est la plus belle chose au monde. Elle est magnifique, parfaite.

-Oui, à chaque fois!

Sans réfléchir, je me lève et m'approche du piano. Elle continue de jouer, ses yeux ne quittant pas les miens. Je m'assois à côté d'elle, nos épaules se touchent à peine, mais je sens la chaleur de son corps contre le mien. Je pose ma main sur la sienne, l'empêchant de continuer à jouer. Sans un mot, je me penche vers elle, mes lèvres frôlant les siennes. Je l'embrasse avec passion, ses mains quittent les touches du piano pour se poser sur ma nuque, et je la tire un peu plus près de moi.

Betty est la femme de ma vie. Je l'aime. Je l'aime plus que tout, plus que n'importe qui. Et rien ne pourra nous séparer. Rien.

Je secoue la tête pour revenir au présent. Tout semble si loin maintenant, si irréel. Le souvenir de Betty au piano me hante. J'ai vraiment tout gâché. Son rire me manque, ça fait si longtemps que je ne l'ai pas entendu. Son sourire me manque, sa façon de jouer du piano me manque. Ses yeux pleins d'étoiles quand elle joue me manquent. Tout me manque chez elle. Elle me manque.

Je continue vers ma chambre, mais l'image de Betty, concentrée sur les touches de piano, reste imprimée dans mon esprit. Comment ai-je pu la tromper? Comment ai-je pu merder à ce point?

FOLKORE NAE'S VERSIONOù les histoires vivent. Découvrez maintenant