Chapitre 33

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Son sang est froid. Bien trop froid.

Il grelotte, allongé sur le sol, en position phoetus.

Il n'arrive pas à ouvrir les yeux.

"N'était-il pas sur un lit d'hôpital ?"

Il tente d'arrêter ces tremblements, en vain.

Tel un chiot abandonné. Tel un insecte apeuré. Tel un coeur endeuillé.

C'est pour ça qu'il tremble. Son coeur sursaute dans sa poitrine et pleure. Sans doute que son corps a compris avant lui la fin tragique qu'il va connaitre.

Seul, dans un hôpital, avec pour seule compagnie ces démons.

Il aurait aimé, un peu plus longtemps, se tenir au côté de Katsuki. Il aurait aimé l'appeler encore un fois Kacchan.

Kacchan...

Il ne veut pas le perdre.

Il ne veut pas se faire engloutir par les ténèbres.

Il ne veut pas mourir ici.

Une voix cassée murmure à son oreille.

- Ne meurs pas alors.

Ses yeux s'agrandissent d'un coup. Son coeur accélère, comme lancé dans un grand huit.

Non....

C'est pas vrai.

Ce n'est pas possible.

Sa vue est brouillée de larmes.

Il ne veut pas y croire.

Et pourtant...

Il murmure, sans vraiment y croire, la bouche pâteuse et la respiration courte.

- Ma... Maman ?

Sa voix se casse à la fin de sa phrase. Il n'a pas le droit d'y croire. Il veut vérifier, se lever, mais son corps ne lui répond pas. Les tremblements de son corps semble s'accentuer avec les quelques sanglots qui le traversent et le punissent d'y croire. D'espérer.

Il sent une main se poser sur son dos. Elle trace une ligne curviligne avec pour point final le haut de son crâne.

Il n'en peut plus.

Il serre très fort sa mère dans ces bras, avant d'exploser. Sa tristesse le rend aphone, mais il se sent heureux. Le doux parfum de sa mère le conforte dans cette impression de bien être.

Il enfouit son visage dans le cou de sa mère, humide par ses larmes. Il sent d'ailleurs le liquide lacrimal de sa mère mouiller sa propre chemise, mais il s'en fout. Les tremblements de ses muscles engourdies se sont tues.

Putain, qu'est-ce que ça fait du bien.

Ce bonheur le fait culpabiliser, mais le plus troublant est cette impression de tristesse qui persiste.

Il veut rester avec sa mère. Il veut rester près de ce sentiment de confort, de bien-être, qui lui souffle de se poser. Ce sentiment de légèreté le sèche de toutes larmes.

Le corps asséché mais le coeur en entier, il offre un sourire éblouissant à sa mère. Il n'ose pas y croire. C'est dans un murmure qu'il l'interroge.

- T'es bien réelle, maman ?

Cette dernière répond à son sourire.

- On peut dire ça.

Une nouvelle vague de larmes l'assaille. Il la laisse l'envahir, pendant de longues minutes. Un silence paisible s'est installé où les deux dernières années se rejouent dans leur mémoire respective. Il étouffe ce cri qui marque le manque de l'autre dans une étreinte chaleureuse. Le temps se dérègle, et finalement reprend sa course lorsqu'Izuku reprend la parole.

Malentendant mal entenduOù les histoires vivent. Découvrez maintenant