Chapitre 2 - Nora

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Dans les escaliers qui mènent à l'étage qui nous est réservé, je l'entends soupirer alors que son pas lourd me suit. 

— Tu verras, ils sont cools, je tente de le rassurer.

Il ricane à nouveau comme si cette idée lui paraissait absurde. Je m'arrête au milieu des marches pour lui faire face. Les bras croisés, je m'énerve.

— Tu sais faire d'autres bruits ou c'est tout ce que ton vocabulaire te permet?

Pour la seconde fois, ses iris me percutent alors que ma peau se couvre de chair de poule. Son majeur se lève pour se placer juste devant mon nez, je louche une seconde dessus puis acquiesce satisfaite.

— Ca devrait suffire, je dis en rigolant.

 On arrive dans le couloir, je lui désigne la porte de gauche.

— C'est ta chambre. A droite c'est la mienne et au bout du couloir c'est la salle de bain.

Il fixe la porte de ma chambre où un arbre magique de voiture vert, délavé par le temps, est accroché.

— C'est pas censé être dans une voiture, ça?, demande t il d'une voix grave.

— Si tu y touches, je te découpe en morceaux avant de t'enterrer sous les rosiers, je le menace.

— Ok, répond il en haussant les épaules.

Il se tourne et franchit la porte de sa chambre qu'il claque dans son dos sans un mot de plus. 

2 heures plus tard, Anne nous appelle pour le dîner. Je sors de ma chambre et attends dans le couloir qu'Aaron sorte également. Au bout de 5 minutes, je frappe à sa porte. Il ne répond pas bien sûr. Je réitère 4 fois l'opération avant qu'il ne daigne enfin m'ouvrir. Il a ôté sa casquette et sa capuche est baissée me laissant tout le loisir d'admirer son visage. Ses yeux lancent des éclairs alors que ses mèches blondes tombent sur son front.

— On descend manger, je l'informe.

— Tant mieux pour toi, répond il en tentant de fermer la porte.

— Tu dois descendre avec nous!

— Je ne crois pas, non! 

— Fais un effort! Si tu n'apprends pas à les connaître, tu ne sauras jamais à quel point ils sont géniaux! 

 — La petite bourgeoise s'évertue à sortir le pauvre garçon de sa grotte, c'est pitoyable!, crache t il acide. Retourne donc à ta vie de fille à Papa et lâche moi, tu veux?

Il me claque la porte au nez pour conclure sa tirade. Quel connard! Je descends furieuse. Il ne me connaît pas et ses préjugés débiles me gonflent prodigieusement. Qu'il se démerde tout seul!

— Il ne vient pas?, me demande Anne tristement.

Je secoue la tête même si elle connaît déjà la réponse. Marc se lève en direction de l'entré mais sa femme l'arrête.

— Je devrais peut être y aller moi, non?

— Je ne vais pas l'éviter pendant 6 mois, il faudra bien qu'il s'y fasse, autant commencer maintenant!

 — Qu'est ce...

Anne me coupe en secouant la tête, ils ne répondront pas à mes questions. Je hausse les épaules et m'assois face aux jumeaux démoniaques. Marc redescend dix minutes plus tard, Aaron sur les talons, la tête baissée, les mains dans les poches. Il s'assoit à ma droite alors que les parents se placent à chaque extrémités. Un saladier énorme remplis de salade verte trône au milieu de la table, de chaque côtés une pizza xxl dégoulinante de fromage et de peppéroni. C'est le rituel pour chaque arrivée. Je prends le saladier et le tend à Aaron après m'être servie. Mon bras frôle le sien et il se crispe instantanément.

— Désolée, je m'excuse gênée de la réaction que j'ai produit sur lui.

Ses mâchoires puissantes se contractent faisant grincer ses dents.

 — Tu la trouves pas belle Nora?, demande Louis.

— Bah si, t'es bête! Justement il est amoureux, c'est pour ça qu'il est gêné, hein dit Aaron?, ajoute Lucie un sourire sur les lèvres, fière de sa théorie.

— Laissez le tranquille, intervient Marc. Mangez votre salade.

Les petites têtes blondes retournent à leurs assiettes mais ne lâchent pas l'affaire de si tôt. 

— Tu as une amoureuse?, demande le petit bonhomme. La mienne elle s'appelle Léa.

— Je croyais que c'était Hélèna?, demande Anne.

— Bah ça c'était la semaine dernière.  

— Oh et tu changes toutes les semaines?, demande t elle amusée.

— Il fait comme Nora, rétorque Lucie.

Mes joues s'empourprent alors que tout le monde me scrute, Aaron comprit.

— C'est pas exactement ça... je tente de rattraper maladroitement.

— Alors pourquoi Papa a acheté plusieurs tailles de ballons pour tes fêtes?, demande Lucie les mains sur les hanches. Il a dit qu'on ne devait pas y toucher, que c'était des ballons spéciaux pour les grands garçons, même que Louis il a pas le droit de jouer avec!

— Je... euh...

— S'il y a plusieurs tailles de ballons c'est qu'il y a plusieurs tailles de grands garçons, non?

Anne se cache derrière sa serviette pour ne pas exploser de rire alors que Marc la fusille du regard.

 — A quoi ils servent les ballons? Pourquoi on n'a pas le droit de jouer avec?, demande Lucie boudeuse.

— Stop, intervient Anne. D'ailleurs, chérie, je vais en course demain, tu me diras s'il faut en racheter.

— Non bah ça va! Je n'ai pas vidé 3 boîtes en un mois non plus, je râle vexée.  

— Aaron aura le droit de jouer avec, lui?, demande Louis jaloux.

L'intéressé se lève brusquement et quitte la table pour rejoindre l'étage.

 — Qu'est ce qui lui arrive?, je demande à Marc.

— Il a besoin de temps, c'est tout..

— Je sors avec Sophia et Bruno ce soir, il peut venir?

— S'il en a envie, bien sûr.

 Nous finissons de dîner tranquillement puis je monte me préparer pour retrouver mes amis. Une fois habillée, je frappe à sa porte. J'entends grogner et prends ça pour une invitation. Allongé sur son lit, les bras croisés derrière sa tête, il fixe le plafond.

— Je sors avec des amis, tu veux venir?

— Non!

— Ils sont sympas, je le rassure.

— Si tu l'dis.

Je croise les bras sur ma poitrine et attends appuyée contre le chambranle. Il finit par se tourner vers moi.

— Tu comptes rester là longtemps?

— Jusqu'à ce que tu te décides à venir, je souris.

— J'espère que tu n'es pas pressée, ricane t il.

— Pas du tout, je rétorque en exagérant mon sourire.

Il souffle bruyamment, excédé

— Ils ont de l'herbe tes potes?

Je réfléchis une seconde.

— Bruno doit pouvoir te trouver ça, je conclus.

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