Chapitre 24 - Aaron

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— Tu te fous de moi?! Ca fait déjà 3 semaines que je suis ici! 

— J'y peux rien Aaron, il y a eue un vice de procédure, le procès est repoussé d'une semaine le temps que la défense puisse se préparer, c'est comme ça.

— Laisse moi au moins passer un appel, je le supplie.

Il ricane en secouant la tête puis fronce les sourcils en voyant mon visage.

—  Attends, tu es sérieux là? Tu sais bien que c'est impossible, c'est le but de ton isolement je te rappelle! Aucun contact informatique de quelques sortes que ce soit jusqu'à la fin du procès, tu as l'habitude, c'est quoi le problème?

— Il faut juste que je puisse appeler quelqu'un, tu peux rester si tu veux mais..

— C'est non Aaron. 

— Tu n'es qu'un putain de connard Franck!

— C'est ça.

Il lève son majeur en sortant de la pièce avant de m'enfermer pour deux longues semaines encore. Dans ces cas là le temps me parait toujours très long. J'ai droit à une télévision, des livres, à quelques jeux mais rester enfermer pendant 4 semaines sans toucher un ordinateur ou un portable c'est l'enfer mais j'avais signé pour ça et je savais à quoi m'en tenir sauf que cette fois le teaming n'est vraiment pas bon.

Enfermé ici mon cerveau à tout le loisir de l'imaginer avec l'autre pingouin en costard et cette idée me ronge de l'intérieur. Ca pourrait paraître égoïste parce oui je veux la garder pour moi mais dans le fond c'est uniquement parce qu'elle n'est pas heureuse que je ne veux pas la revoir près de lui. Les choses auraient été différents si je l'avais revu épanouie aux bras de son conjoint, même si ça m'aurait fait souffrir je n'aurais rien tenté mais là... Je ne vois vraiment pas pourquoi je laisserais la moindre chance à ce Charly de mes deux. Je vais la récupérer et si je peux l'écraser au passage, ça ne sera que le petit bonus qui m'arrache déjà un sourire de satisfaction.


Deux semaines plus tard, grâce à Sophia, j'attends devant un cinéma du centre ville. Nora apparaît au bras de son amie tout sourire en échangeant sur le film qu'elles viennent de voir. Je n'avais que deux options puisqu'elle m'a bloqué, soit je l'attendais ici soit je l'attendais chez elle.. D'après Sophia, une embuscade en public était une meilleure idée mais quand je croise ses iris je me demande si je ne devrais pas tout simplement fuir à l'autre bout de la planète.

— Salut.

Un ricanement lui échappe et elle détourne la tête tirant son amie par le bras. Sophia se stoppe, Nora la menace silencieusement.

— Désolée, s'excuse t elle avec une moue. Je vais rentrer tôt... Bonne soirée.

— Traîtresse, râle Nora en voyant son sourire en coin.

Nous regardons Sophia partir en silence, quand je me tourne à nouveau vers elle, elle me toise, ses bras croisés sur sa poitrine.

— Je peux t'inviter à dîner?, je lui propose. 

— Ca dépend, tu comptes t'enfuir entre l'entrée et le plat ou tu vas attendre le dessert pour disparaître à nouveau?, crache t elle en avançant le menton en l'air devant moi.

Outch, je l'ai pas volé celle là.. Je la suis en silence alors qu'elle s'engouffre dans un grill un peu plus loin. Le serveur est presque aussi mal à l'aise que moi en sentant la tension entre nous. 

— Est ce que je peux t'expliquer?

— Fais donc ce que tu veux.. j'ai l'habitude, c'est pas comme si tu m'avais demandé mon avis les autres fois!

— Nora!

— Quoi?, s'énerve t elle alors que je soupire en secouant la tête.

Tout ça était une très mauvaise idée, elle me déteste et rien ne changera ça.. mais puisqu'on est là.. 

— Je travaille pour...

— Et voilà, scande le serveur tout sourire en déposant nos plats. 

Je le fusille du regard ce qui le fait déguerpir aussi vite qu'il est apparu. Nora attaque son assiette avec appétit sans se préoccuper de ce que j'allais dire. Je suis sûr que je pourrais lui annoncer que je suis astronaute et que je reviens de la Lune qu'elle ne m'écouterait pas plus. 

— Je travaille pour le FBI.

Elle éclate de rire alors que je me renfrogne vexé. 

— Toi? C'est .... impossible...

Elle n'arrive même pas à aligner deux mots tant elle rit.

— Tu aurais... pu trouver... plus... original...

J'attaque mon steak en attendant qu'elle se calme sinon je risque de lui enfoncer cette fourchette dans la main. 

— Pardon, pardon mais c'est tellement.... 

— Vrai!, je gronde. Tu as finit?

— Oh ça va, détends toi Monsieur l'agent du FBI, pouffe t elle.

— Tu me fatigues! 

— Ok, ok, j'arrête alors vas y, je suis toute ouïe.

Son sourire m'éblouit une seconde avant que je ne ferme les yeux et me lance.

— Je suis l'un des meilleurs hacker du pays et j'ai été recruté par le FBI, par la section cybercriminalité et..

— Tu es un hacker et tu travailles pour coincer des cybercriminels, de mieux en mieux, se moque t elle.

 — Je passe mes journées à traquer des pédophiles!

— Oh...

Son sourire s'efface, elle pose sa fourchette et me scrute attendant la suite. Enfin j'ai son attention et je peux lui expliquer sans qu'elle ne se moque de moi ce que je fais depuis 4 ans.

— Je suis en charge de craquer les ordinateurs de ces pervers pour y trouver des preuves évidentes, ensuite je me fais passer pour un enfant pour les conduire à faire des propositions de rencontre, après mes collègues prennent le relai pour les arrêter. Mon dernier contrat a permis d'arrêter 9 pédophiles recherchés par tout le pays depuis des années. Il avait été convenu que je serais en isolement le temps du procès pour ne pas être corrompu. Quand les avocats de la défense obtiennent les noms des témoins et des personnes qui ont travaillé sur l'affaire, je dois être mis à l'abri pour ne pas risquer d'être approcher dans une tentative de soudoiement. Je suis interdit d'informatique jusqu'à la fin du procès, pas d'ordi, pas de téléphone. Si j'arrive à craquer n'importe quel ordinateur je suis aussi capable d'effacer n'importe quelle donnée, c'est une sécurité que le FBI m'est en place lorsqu'on traque un réseau entier. Ce n'est arrivé que 2 fois en 4 ans, je savais qu'une fois la procédure lancée, je risquais d'être isolé à tout moment, le teaming n'était pas bon mais je ne pouvais pas dire pourquoi je partais.


 

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