Chapitre 5 - Aaron

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Il est un peu plus de minuit quand mon téléphone vibre, c'est Bruno. Il me fournit en herbe depuis que je suis arrivé ici alors j'ai gardé contact avec lui. Il est sympa mais je ne suis pas doué pour me faire des potes. Je décroche après le 3ème appel.

— Quoi?, je réponds sèchement.

— Mec, faut que tu viennes.

Sa voix est bizarre, il a l'air inquiet et je n'aime pas ça.

— Qu'est ce qu'il y a?

Je me redresse dans mon lit sur le qui vive.

— Ils tournent autour d'elle comme des vautours, je vais jamais réussir à tous les gérer et elle refuse de partir. Elle n'arrête pas de boire, elle va finir par s'écrouler et j'ai peur qu'il y en ait un qui en profite...

— Pourquoi tu n'appelles pas son père? Il se fera un plaisir de venir récupérer sa Princesse.

 — De qui tu parles? Ses parents sont morts et je n'ai pas le numéro de votre famille d'accueil.

NOTRE famille d'accueil? Attendez, j'ai loupé un truc là, non? Ce n'est pas leur fille? Mais ... Putain, je ne capte plus rien!

— Aaron, elle a besoin de toi, elle déraille complet là!

— J'arrive.

Je raccroche sans attendre de réponse et saute de mon lit. Je m'habille, enfile mes boots, attrape mon portable et mes clopes et descends les escaliers discrètement pour ne pas réveiller les Gramms. Je bute sur une masse en bas des escaliers et manque de tomber mais on me rattrape par le bras.  A son contact je me débats violemment envoyant mes poings valser dans tous les sens. Je finis par heurter quelque chose, ou plutôt quelqu'un, il grogne mais ressert sa prise.

— Lâche moi, putain, je hurle en me débattant de plus belle.

— Mais arrête enfin, je t'empêche de tomber, calme toi, gronde t il en appuyant sur l'interrupteur dans son dos.

 La lumière m'aveugle quelques secondes, je suis au bord de la marche, prêt à les dévaler dangereusement. Je me stabilise sur mes pieds et enfin il me lâche. Sa lèvre est fendue, je m'attends à des représailles mais au lieu de ça il sort un mouchoir de sa poche pour tamponner sa lèvre.

— Qu'est ce que tu fous dans les escaliers au milieu de la nuit?, je demande avec hargne.

— J'attends que ma fille rentre.

Je le regarde et recule d'un pas, notre proximité me met mal à l'aise et il le remarque. Marc descend les 3 marches qui le sépare de l'entrée pour me permettre de respirer à nouveau normalement. Il ne me pose pas de question, ne m'engueule pas pour l'avoir frappé. J'attends, mais rien.

— Désolé pour ta lèvre, je finis par marmonner gêné.

— Je l'ai bien cherché! Je n'ai pas pensé à toi en m'installant ici dans le noir! Je sais que Nora allume toujours pour monter mais je ne voulais pas risquer de réveiller ma femme ou les jumeaux en laissant la lumière toute la nuit. 

— Toute la nuit?, je répète. Tu es là depuis quand?

— Depuis qu'elle est partie, avoue t il.

Je le regarde ahuri. Il attend ici depuis 3 heures déjà, n'importe quoi! Ce n'est même pas sa fille.

— Pourquoi tu t'es levé?, me demande t il en détaillant ma tenue.

— J'allais la chercher. Bruno m'a appelé.

— Je t'emmène, décide t il en sortant les clés de sa voiture de sa poche arrière.

— Non!

— Aaron, je sais que tu n'as aucune confiance en moi, mais si tu ne me donnes pas l'occasion de te prouver que j'en suis digne, les 6 mois à venir vont être compliqué... Je ne suis pas ton ennemi, je sais que tu as un passif lourd mais laisse moi t'aider. A pied, tu vas mettre des plombes à y aller. Je ne rentrerai pas dans la maison si tu veux, tu n'auras qu'à t'occuper d'elle à l'intérieur et je me contente de faire le chauffeur, ça te va?

Je réfléchis une seconde. Bruno m'a envoyé l'adresse et j'ai près de 40 minutes de marche jusque là bas. Même si je cours, je mettrais toujours deux fois plus de temps qu'en voiture et ce temps peut être crucial.... Je finis par acquiescer et le suis à l'extérieur. J'hésite une seconde à monter à côté de lui mais finis tout de même par m'installer sur le siège passager. 

— Ce n'est pas votre fille, je finis par lâcher au bout de deux longues minutes de silence.

 — Non, elle est en accueil longue durée chez nous, confirme t il.

— Pourquoi vous ne me l'avez pas dit?

— Parce que tu n'as pas demandé, rétorque t il en fixant la route.

— Pourquoi elle est là?

— Ca, c'est à elle de te le dire. Nous ne révélons pas le dossier des enfants que nous accueillons à quiconque, me lance t il avec un regard entendu.

Donc la brunette ne sait rien de moi... c'est aussi bien. Mais c'est légèrement perturbant. Elle me regarde toujours avec ce sourire beaucoup trop grand pour son visage mais qui me réchauffe le cœur un peu plus à chaque fois. Pourquoi elle fait ça? Je pensais que c'était par pitié ou une connerie du genre mais apparemment non... 

Les basses de la musique Pop commencent à nous parvenir quand Marc tourne dans une rue bondée de voitures. Il se gare en double file et allume ses warnings. 

— Je reste là, vas y, me lance t il.

Je saute de la voiture, abaisse ma capuche sur ma tête, enfonce mes poings dans mes poches et entre dans la maison. L'odeur de sueur, d'alcool et de tabac se mélangent, c'est écœurant.

Host FamilyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant