Aaron réapparaît avec une paire de gants marrons ornés de 2 petits yeux rigolos qui bougent à chaque mouvements et un gros pompon rouge en guise de nez. J'éclate de rire quand il les secoue devant mes yeux et les enfile rapidement pour me réchauffer.
— Ils sont trop mignons, je rigole en faisant bouger mes doigts.
— J'étais sur qu'ils te plairaient, se moque Aaron en me tendant un bonnet de la même couleur avec 2 petites oreilles et des bois.
— Faut pas pousser quand même!, je rétorque les yeux ronds. Je ne vais pas mettre ça, je vais avoir l'air ridicule.
Il hausse les épaules avant d'enfiler le sien. Il a l'air parfaitement à l'aise avec, tout à fait sur de lui. Ses mèches roses dépassent du bonnet en laine et je me rends compte du chemin qu'il a fait depuis la première fois où je l'ai aperçu caché sous la capuche de son sweat et sa casquette.
Une jeune femme blonde passe à nos côtés et le détaille avec envie, je lève les yeux au ciel alors qu'elle fait demi tour pour l'aborder.
— Salut, j'adore ton bonnet. Tu l'as trouvé où?, demande t elle mielleuse.
Il ne la regarde pas et lui indique un chalet un peu plus loin complétement indifférent.
— Tu ne veux pas m'y accompagner? On pourrait discuter, tente t elle une dernière fois en posant sa main sur son bras.
Il fronce les sourcils à son contact.
— Non, ça va aller, répond il sèchement en retirant son bras.
La jeune femme repart vexée en marmonnant des noms d'oiseaux peu gracieux.
— Ok, va pour les petites oreilles, je lui dis en prenant le bonnet ridicule qu'il tient toujours entre ses mains.
Son sourire m'éblouit quand j'enfile la laine jusque sur mes oreilles, retournant un peu plus mon pauvre cœur qui ne sait plus comment ou pour qui battre.
Quelques heures plus tard, nous décidons de rentrer à pied avec Aaron. Nous jouons dans la neige en rigolant comme des enfants avant de finir le chemin plus sérieusement. Il pose un bras sur mes épaules et joue avec les bois sur ma tête en faisant des bruits ridicules. C'est hilare que nous entrons dans la maison pour tomber nez à nez avec Jean Charles qui attend dans l'entrée, les bras croisés et sourcils froncés.
— Tu n'es plus malade apparemment!, gronde t il.
— Merci de t'en préoccuper aussi tôt mon chéri, je raille.
— Non, mais tu t'es vu?, dit il d'un air dégouté en montrant mon accoutrement de petit renne.
— Quoi?! C'est mignon et j'avais froid.
Je me déchausse, pends ma veste et mes gants mais décide de garder mon bonnet juste pour l'embêter. Aaron est appuyé contre la porte d'entré et nous observe en silence.
— Tu ne vas pas garder ça, tu me fais honte, s'énerve Jean Charles.
— Et bien retourne chez tes parents dans ce cas, je propose en levant les bras au ciel.
— Alors quoi? Ca y est tu vas me quitter pour l'autre dégénéré? J'aurais dû me douter que tu n'étais qu'une petite sal...
Il n'a pas le temps de finir sa phrase qu'Aaron le soulève par le col de sa chemise et le plaque violemment contre le mur.
— T'avises pas de lui manquer de respect ou je te fais bouffer tes molaires, gronde t il les dents serrées, son index menaçant pointé sur son torse.
— Aaron s'il te plaît, je dis doucement en posant ma main sur son épaule.
Il tourne la tête vers moi et soupire avant de lâcher Jean Charles qui s'écrase par terre, ses jambes tremblotantes ayant cédées sous son poids. Aaron me jette un regard noir avant de quitter la pièce. Quand Jean Charles se relève, il époussette sa chemise lui donnant un air ridicule.
— Non mais vraiment, une honte, marmonne t il. Je devrais..
— Tu devrais rentrer chez toi, je le coupe.
— Tu n'es pas sérieuse! On est fiancé je te rappelle!
— Oui bah justement!
J'enlève la bague monstrueuse à ma main et la lui tend.
— Mieux vaut maintenant que devant l'autel!
— Nora! Tu ne peux pas me faire ça! Qu'est ce que les gens vont dire enfin!
Encore et toujours les apparences ...
— Tu sais quoi, je m'en contre fous de ce que les gens peuvent bien dire! Rentre s'il te plaît, on parlera à mon retour.
Il finit par capituler et part sans un mot. Je ne suis même pas triste, disons plutôt lasse de cette histoire. Dans le salon je retrouver Aaron et les Gramms qui regardent une comédie romantique de Noël. Je m'installe près d'Anne qui m'ouvre grand ses bras comme lorsque je pleurais la mort de mes parents. Aujourd'hui je ne pleure pas, mais ses bras réconfortant me font un bien fou. Je suis perdue depuis le retour d'Aaron et ces dernières 24 heures ont été riches en émotions et révélations. Ce dernier évite d'ailleurs prodigieusement de me regarder.
Mon téléphone sonne, je lis le message que j'ai reçu et annonce souriante :
— Ca a marché!
Tout le monde me regarde sans comprendre.
— Le gamin a aidé le père de famille à faire la vidange de sa voiture, c'est la première fois qu'ils interagissent sans crise.
Aaron acquiesce avec un demi sourire et tout le monde replonge dans le téléfilm qui est diffusé jusqu'à ce que son téléphone se manifeste à son tour. Ses sourcils se froncent lorsqu'il regarde son écran et sort de la pièce pour prendre l'appel.
— Oui... Maintenant?... Mais, on pourrait... Juste pour cette fois... Ok.
Il raccroche et nous rejoint le visage blême. Ses yeux plongent dans les miens alors qu'il tente de me transmettre quelque chose qui m'échappe.
— Un problème gamin?, demande Marc.
Sans me lâcher du regard une seconde il répond.
— Il faut que je parte.
— C'est pas grave, tu reviendras plus tard, le rassure Anne avec bienveillance.
— Non, je dois partir maintenant pour ... un moment.
Mon pouls s'accélère, l'air s'engouffre dans mes poumons de plus en plus vite pourtant j'étouffe. Ma tête tourne alors qu'il me regarde droit dans les yeux, le salaud. Je me lève te quitte la maison rapidement avant de sauter dans ma voiture et rouler sans but précis.
J'avale les kilomètres autour de la ville espérant me vider la tête, libérer mon esprit mais mon portable qui ne cesse de vibrer sur le siège passager ne m'aide pas. Je le déteste, il joue avec mon cœur. Je me retrouve sur la route de mon appartement malgré moi. Je ne veux pas confronter Jean Charles ce soir mais je ne peux pas retourner chez les Gramms pour l'instant.
Comment peut il me faire une chose pareille? Surtout maintenant! On vient à peine de se retrouver et il veut à nouveau disparaître. Il s'est bien moqué de moi, il n'a jamais eu l'intention de me recontacter, je me sens si stupide et humiliée.
Une fois devant mon immeuble, je décide d'enfin regarder mon téléphone. 75 appels en absence, tous d'Aaron, rien que ça! J'hésite une seconde, puis décide d'ouvrir les messages qui vont avec.
Je te jure de tout t'expliquer mais pas par téléphone. Je reviendrai dans quelques semaines.
Nora décroche s'il te plaît. Je n'ai pas le choix. Je ne veux pas te perdre à nouveau.
Je t'aime mon ange, ne m'en veux pas.
Je sursaute lorsqu'il vibre entre mes mains annonçant un appel entrant d'Aaron. Je raccroche et bloque son numéro avant d'effacer ces messages. J'ai besoin d'être au calme pour y voir clair.

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Host Family
RomanceNora est en accueil longue durée chez les Gramms, elle voit sa vie bousculée par l'arrivée d'Aaron, un adolescent perturbé au passé destructeur et à l'avenir incertain. Comment l'aider s'il ne la laisse pas approcher? Comment la protéger sans l'écl...