Chapitre 12 - Aaron

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Les mots de Marc étaient un doux euphémisme! Nora ne m'adresse plus la parole, à priori elle n'a entendu que la partie où je disais vouloir m'éloigner d'elle. Elle est blessée et s'est sentie rejetée 2 fois dans la même soirée... Un vrai connard! 

Elle me manque, pourtant je ne dis rien, je ne tente rien pour rattraper ça et je crois que c'est le pire. Parce que plus les semaines défilent, plus la tension monte entre nous. Elle ne me parle plus, ne me regarde plus, j'ai l'impression d'être invisible et c'est ... déroutant. C'est ce que je voulais, on est bien d'accord! Mais pas avec elle qui se trimbale sous mon nez avec des tenues qui me font tourner un peu plus la tête chaque matin. A croire qu'elle s'efforce de me montrer ce que je rate, mais je vous assure que je le savais bien avant son défilé! 

Ce soir, c'est l'ouverture du marché de Noël et je compte l'y emmener et me faire pardonner, ou pas... elle a l'air tenace!

5 semaines qu'elle me torture avec ses déhanchés envoûtant, ses boucles soyeuses, son sourire immense qui ne m'est plus jamais destiné et ses yeux océans. Elle est en train de boire son café dans la cuisine. Elle porte une robe pull qui épouse chacune de ses formes comme une seconde peau. Je me racle la gorge, je ne sais pas trop comment commencer. Marc se retient de ricaner et préfère sortir plutôt que d'admirer le spectacle pathétique que j'offre actuellement. Elle lève les yeux vers moi puis détourne la tête pour m'ignorer avec classe.

— Ca te dirait qu'on aille au marché de Noël ce soir?

— J'y vais déjà avec mon petit ami, me réplique t elle froidement.

 Je sais qu'elle ment, elle ne voit personne, elle ne va même plus en soirée avec ses amis et je suis avec elle en cours. J'aurais forcément vu si un mec lui tournait autour, enfin je crois..

— Ton petit ami?

— Oui, pourquoi? Ca te surprend?

 — Pas vraiment, je marmonne.

— Oui, c'est vrai que je suis une traînée, alors c'est normal qu'il y ait toujours un mec derrière mon cul, me crache t elle.

 De toute évidence c'est gagné, n'est ce pas? Elle va me manger dans la main ce soir! Ou alors je vais bouffer les pissenlits par la racine avant Noël si je continue à la regarder avec un sourire niais! C'est pas de ma faute si je suis heureux qu'elle me parle.

— On peut savoir ce qui t'amuses?, s'énerve t elle.

— Je me demandais juste sous quel rosier tu comptais m'enterrer... J'aime bien les rouges, mais les jaunes sont sympas aussi.

 J'entends Marc et Anne pouffer dans le salon, super! Ses narines s'élargissent alors qu'elle tente de contenir sa fureur. Je pince mes lèvres pour ne pas rire alors qu'elle fulmine de plus en plus.

— Tu ... je ... va te faire foutre, finit elle par lâcher.

Elle sort de la cuisine excédée.

— Ca veut dire oui du coup?, je crie lorsqu'elle arrive près de l'entrée.

— Connard!

— Ok, va pour 18h.

Elle hurle de rage avant de sortir en claquant la porte.  Les Gramms me rejoignent dans la cuisine et j'annonce fièrement :

— J'ai super bien gérer!

— Oh oui, c'est certain, rigole Anne.

— Tu as tout compris, gamin, rétorque Marc en pouffant.

— Euh, juste pour être sur... les outils de jardin sont sous clés ou ...?, je demande inquiet.

Ils éclatent de rire et je sors pour rejoindre Nora dans la voiture. La journée va être longue à ses côtés, je le sens!


Il est 17h45, j'attends dans la cuisine, nerveux quand la sonnette retentit. Je fronce les sourcils et vais ouvrir. Je tombe sur l'intello à lunette de la classe. Charles, je crois, un truc du genre.

— Qu'est ce que tu veux?, je lance sèchement.

Nerveux, il ne cesse de frotter ses mains moites sur sa veste en daim. Il porte une chemise et une cravate ridicule.

— Je viens chercher Nora, répond il bégayant à moitié.

— C'est une blague?

— Pas du tout, répond la concernée dans mon dos. Je suis prête, on peut y aller Charly.

Elle me bouscule pour passer et attrape le bras du bon fils à Papa. Elle porte une robe en laine beige avec des cuissardes noires, bordel, elle le fait exprès!  Bon, peut être que c'est de ma faute, de toute façon c'est aussi bien comme ça. Je n'ai pas vraiment changé d'avis, elle mérite mieux. 

Je suis affalé sur le canapé avec mon ordinateur quand les Gramms arrivent et s'installent sur les fauteuils face à moi. Je continue ce que je suis en train de faire puis remarque qu'ils me scrutent tous les deux avec insistance.

— Quoi?, je demande en continuant à coder.

— Pourquoi tu n'es pas avec Nora?, me demande Anne.

— Parce qu'elle est sortie avec Charles III, je raille.

— Et alors?, rétorque Marc.

Je me redresse, ferme mon ordi et le regarde en levant les mains.

— Et alors quoi? Tu veux que je leur ouvre l'emballage de la capote? Elle va vous faire plein de petits princes, vous devriez être content.

— Nous, ce qu'on souhaite vraiment, c'est votre bonheur à tous les deux, me dit Anne avec un regard tendre.

Je ricane et frotte mon visage nerveusement, pourquoi faut il qu'ils soient si gentils tous les deux? 

— Rejoint les, suggère Marc. Et montre lui ce qu'elle perd.

— N'importe quoi, c'est ridicule, je marmonne. Et puis c'est aussi bien comme ça.

— Bon, maintenant j'en ai ras le bol, hurle t il en se levant, ses bras s'agitant dans tous les sens.

Je le regarde les yeux ronds, c'est la première fois qu'il hausse le ton, surtout avec moi! 

— Tu vas bouger ton cul et aller la récupérer, maintenant! Sinon je te fous dehors et je te laisse te geler les testicules sous la neige jusqu'à ce que tu ais fait ce qu'il faut pour qu'elle t'adresse à nouveau la parole!

Sa tirade terminée, il se rassied tranquillement comme si de rien n'était! Anne est aussi surprise que moi et j'ai la bouche sèche de l'avoir laissé ouverte pendant son discours.

— Euh... ok....

— Bien! Je t'emmène si tu veux?, me propose t il avec un sourire.

— Euh, non ça va aller...

— Qu'est ce que tu fais encore là?!

— C'est bon, j'y vais!, je grogne en sortant de la maison.

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