Chapitre 4 - Aaron

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Je suis arrivé chez les Gramms il y a tout juste une semaine. Ils sont tranquilles et ne me font pas chier, mais je sais d'expérience que cela ne dure jamais très longtemps. Nora a été privée de sortie toute cette semaine, du coup elle s'obstine à venir squatter ma chambre pour y regarder la télévision. Cette nana est complétement timbrée, elle ne peut pas rester seule 2 minutes alors que je ne supporte pas les gens! C'est une merveille de vivre au même étage qu'elle! 

On toque à la porte, c'est surement elle, comme tous les soirs. Quoiqu'elle n'attend jamais que je lui dise d'entrer. Sa première somation vaut pour acceptation d'après ses dires. 

— Va faire chier tes parents, Nora, j'suis pas d'humeur!, je grogne depuis mon lit.

— Euh... c'est Marc.

 Je me crispe instantanément, qu'est ce qu'il me veut? Pourquoi il vient dans ma chambre? Pourquoi il ne m'a pas parlé tout à l'heure? Mon rythme cardiaque s'emballe accélérant ma respiration à vitesse grand V.

— Je peux entrer?

Je mets un certain temps à répondre mais il ne s'en formalise pas et patiente.

— Oui, je finis pas souffler après avoir retrouver un semblant de calme.

Il ouvre la porte mais ne franchit pas le seuil, restant dans le couloir afin de ne pas envahir mon espace vital. 

— Tiens, dit il en me tendant un carton. C'est pour toi, tu en auras besoin pour le lycée. Je t'ai noté le code Wifi sur la boîte.

 Je me lève lentement et m'approche suspicieux. Je prends le carton qu'il me tends, un Mac, rien que ça, putain de bourges!

— Il est à toi. Tu pourras partir avec quand tu auras décidé de nous quitter, me précise t il avec un sourire crispé. 

J'acquiesce maladroitement avant de lui tourner le dos.

— Euh.. une autre chose.., m'interpelle t il.

Evidemment, on a rien sans rien...

— Est ce que tu pourrais accompagner Nora ce soir?

— Pourquoi?

— C'est une journée particulière pour elle, disons... J'aimerais que quelqu'un est l'œil sur elle... juste au cas ou... Tu as mon numéro?

J'acquiesce. C'est vrai qu'aujourd'hui elle n'est pas encore venue me faire chier, alors que c'est sa nouvelle activité favorite.

—Tu m'appelles s'il y a besoin de venir vous chercher?

— J'irai pas. 

Je fais demi tour et me réinstalle sur mon lit. Il reste une minute dans l'encadrement de la porte mais finit par abandonner en soupirant. Je ne suis ni le clébard de ce mec, ni le bodyguard de la traînée. Ils me gonflent à jouer la petite famille modèle, qu'il se démerde avec sa fille! 

Une heure plus tard, j'ai pris mon nouvel ordinateur portable en main et le business recommence. Ca fait un bien fou, il y a des mois que je n'ai pas pu hacker, pourtant à chaque fois que je me suis fait prendre c'était pour des merdes, vols de caisses ou trafic de stupéfiants alors que je suis l'un des meilleurs hackers du pays. Mais personne ne sait qui je suis et ça me fait bien marrer. 

J'entends la jolie brune sortir de sa chambre. Bruno et Sophia l'attendent surement déjà en bas. Elle s'arrête et finit par toquer à ma porte. Je ne réponds pas comme à chaque fois mais elle ne s'en formalise jamais et entre comme à son habitude. Elle m'exaspère à empiéter sur mon territoire, c'est dingue!

— Qu'est ce que tu veux?

— Tu voudrais pas venir avec nous?, me demande t elle en nouant ses doigts, les yeux baissés.

— Non.

— S'il te plaît..

 J'arrête ce que je fais et prends le temps de la détailler. Elle ne s'est pas maquillée aujourd'hui et porte un jean's et un t-shirt trop large. Ses yeux sont rouges comme si elle avait passé une partie de la journée à pleurer. Je fronce les sourcils, est ce que c'est Marc qui l'a fait pleuré?

— Pourquoi tu as pleuré?, je demande brusquement en me levant pour la rejoindre.

— Je n'ai pas pleuré, ment elle dans un murmure en détournant le regard.

— Pourquoi tu veux que je vienne alors?

— Je ... laisse tomber c'était une mauvaise idée.

— C'est certain, je lui réponds avant de fermer la porte devant son air ahuri.

Elle va finir par me rendre dingue avec sa bouche trop grande qui sourit sans arrêt inutilement, son nez qui se retrousse dès qu'elle est contrariée, ses yeux bleus hypnotiques et ses boucles qui cascadent sur ses épaules. Je ne me sens pas à l'aise avec elle, je suis bien trop fracassé et je ne sais pas comment réagir normalement. 

Je l'entends renifler disgracieusement et je m'en veux, mais il faut qu'elle arrête de s'accrocher à moi comme une moule à son rocher. Je ne suis pas son mec, pas son pote non plus, je ne suis rien, je ne suis personne et je disparaitrai dans 6 mois.

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