Chapitre 13 - Aaron

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Moins d'une demi heure plus tard je suis devant le marché. Il fait très froid mais il n'y a pas encore eue de chute de neige malgré les annonces. Des chalets en bois ornent chaque côtés de la place. Des stands de marrons chauds, de chocolat, jus d'orange ou vin chaud, toutes ses odeurs se mélangent créant cette atmosphère si particulière et caractéristiques de ces endroits. Une petite chorale est en train de chanter près de la fontaine alors que des haut parleurs diffusent des chants de Noël aux quatre coins du marché. Une grande roue et un petit train pour les enfants ont été installés au fond. Je décide de faire le tour, je finirai bien par les croiser.

La tête enfoncée dans mes épaules, ma capuche sur la tête et mes mains dans les poches, j'affronte la foule qui est venue en masse pour l'ouverture. Je me faufile entre les gens, regarde vaguement les chalets proposant des décorations, des articles fait mains ou encore des produits locaux. Au bout d'une heure, je ne l'ai toujours pas vu et décide d'acheter un chocolat chaud pour me réchauffer. 

Lorsque je vais m'asseoir près de la fontaine, à l'opposé de la chorale, je la vois enfin. Elle est assise par terre, en pleurs et tremblotante. Je m'installe à ses cotés sans un mot. J'imagine que son rendez vous ne s'est pas passé comme prévu, mais je me garde bien de faire un commentaire. Mon chocolat chaud tendu vers elle, elle me regarde surprise avant de l'accepter avec un faible sourire. Ses yeux sont rouges, son mascara a coulé et elle n'arrête pas de renifler, pourtant je la trouve toujours aussi belle. Elle boit quelques gorgées du breuvage sucrée et réconfortant avant de me le rendre.

— Merci, dit elle dans un murmure à peine audible.

Elle frotte ses mains l'une contre l'autre alors que son corps entier est pris de tremblement. Je retire ma veste puis mon pull que je lui tends. 

— Tu vas attraper froid en t-shirt.

— Tu seras de corvée de soupe alors.

Elle me regarde un sourcil levé, je hausse les épaules et elle finit par enfiler mon pull par dessus ses vêtements. Il couvre presque sa robe et je la surprends à sentir le col les yeux fermés, ce qui m'arrache un sourire en coin. Je remets ma veste et me lève en lui tendant la main.

— On va faire un tour de grande roue?

Ses yeux s'arrondissent et me fixent horrifiés comme si je venais de lui proposer d'aller égorger une douzaine de bébés chats. 

— Quoi? J'ai dit une connerie?

— Charly m'a proposé de lui faire une fellation dans la grande roue, m'explique t elle en contemplant la pointe de ses chaussures, mal à l'aise.

J'explose de rire. Je sais je n'aurais pas du mais là franchement... Ce mec est un génie. Génie des abrutis mais génie quand même!

— Je vois, dit elle vexée en se levant pour faire le tour de la fontaine.

— Attends, Nora. Excuse moi! C'est juste que c'est tellement... enfin sérieusement, qui fait ça?! Pis avec son air de fils de bonne famille... ok,ok, j'arrête. Pardon!

J'ai du mal à me calmer, mais elle ne fuit plus et attend les bras croisés que je me contrôle à nouveau.

— On le fait alors ce tour? Promis, je ne te demanderai pas de mettre ma queue dans ta bouche, je lui dit en enfonçant mon coude dans ses côtes alors qu'elle lève les yeux au ciel. 

Je suis à nouveau pris d'un fou rire et Nora se dirige d'un pas furieux vers le manège.

— Attends, Nora. Pardon.

Je n'arrive à me calmer qu'une fois la nacelle arrêtée en haut de la roue.

— Tu rigoles moins là, gros malin!

— Ouais, bah je voyais pas ça si haut, je marmonne.

Je regarde le marché qui paraît ridiculement petit vu d'ici, j'ai l'impression qu'on ne redémarrera jamais, c'est hyper long ce truc!

— Je connais un moyen de te détendre, susurre t elle à mon oreille.

Je me crispe alors qu'elle éclate de rire. 

 — Très drôle, je grogne.

On commence enfin à tourner lentement, la vue est magnifique. Les lumières de la ville brillent dans la nuit noire nous offrant un spectacle exceptionnel. Nora est aussi émerveillée que moi, les lumières se reflètent dans ses yeux qui brillent en millier d'étoiles étincelantes.

— Je ne voulais pas te faire de peine, je lui avoue.

— Tu me repousses, puis me dit que je ne te dégoûte pas, on dort ensemble, puis tu t'apprêtes à nouveau à dormir avec moi mais quand j'essaie de t'embrasser tu me repousses et tu vas dire à Marc que tu veux t'éloigner de moi. J'ai du mal à te suivre Aaron!

— Moi aussi!

Elle souffle excédée et se tourne vers le paysage.

— Nora, je ... c'est compliqué.

— Si tu ne me parles pas, je ne peux rien pour toi...

— Tu ne pourras rien de toute façon, je murmure.

Elle tend sa main vers moi et entrelace nos doigts. Je regarde nos mains jointes, elle mérite tellement mieux.

— Arrête de te torturer et laisse toi aller pour une fois, me dit elle les joues rouges.

La roue s'arrête et c'est main dans la main que nous descendons de la nacelle. La chorale chante une reprise du classique "All I want for Christmas is you", Nora sautille comme une enfant et se place face à moi, ses bras crochetant ma nuque.

— Qu'est ce que tu fais?, je grogne.

 — Danse avec moi s'il te plait.

Son regard azur me percute, son sourire s'élargit effaçant la moitié de son visage et je secoue la tête, vaincu. Mes mains trouvent leur place au creux de ses reins et nous tourbillonnons lentement sur le rythme de la musique. Nous sommes les seuls à danser, plusieurs choristes sourient en nous regardant, nous avons sans doute l'ai particulièrement ridicules mais ça n'a pas l'air de déranger la jolie brune blottie contre mon torse.

— Tu as froid?, demande t elle.

— Non, pourquoi?

— Tu trembles, murmure t elle en relevant ses iris brillants vers moi.

—  C'est compliqué, je répète pour la deuxième fois de la soirée.

— Merci, répond elle simplement avant de reposer sa tête contre mon cœur qui bat bien plus fort qu'il ne devrait, lui révélant l'effet qu'elle a sur moi d'un simple contact. 

 Je commence enfin à me détendre, nous tourbillonnons toujours quand je me stoppe et lève la tête vers le ciel. Nora suit mon regard, surprise.

— Il neige, disons nous en même temps avant de rire comme des enfants.

Comment de si petits flocons peuvent ils vous transporter sur un nuage simplement par leur présence? Ses cheveux sombrent se couvrent de ces petits agrégats de cristaux de glace. Je replace l'une de ses mèches de cheveux derrière son oreille et effleure sa joue. Ses lèvres pulpeuses et brillantes ne demandent qu'à être goûtées. Je me penche vers elle, frôle son nez du mien, son souffle chatouille ma joue. Du bout de la langue, je découvre ses limbes. Un soupir d'aise lui échappe et je souris, satisfait. Ses pupilles dilatées me scrutent impatientes et je capture enfin ses lèvres charnues.

Notre baiser, au départ timide et tendre, se veut désormais possessif et impatient. Ma langue se fraie un chemin entre ses dents, une main dans sa nuque, l'autre sur ses reins, je la plaque un peu plus contre moi. Je la désire tellement que s'en est douloureux, mais je sais que je n'irai pas plus loin, je ne pourrai pas. Ses mains qui partent à l'exploration de mon torse sont déjà beaucoup trop invasives à mon goût. Je finis par me crisper, elle le sent et ses bras retombent le long de son corps. Je soupire et mets fin à notre échange, mon front sur le sien.   

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