Chapitre 22 - Nora

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Nous nous baladons dans les allées aux odeurs épicées, la chorale toujours près de la fontaine comme chaque année. Je souris en me rappelant cette soirée que nous avions passé ensemble.

— Un tour de grande roue?

Je sursaute en l'entendant murmurer ses mots à mon oreille, je ne le savais pas si proche et tout mon corps réagit à son approche.

— Même pas en rêve, je râle vexée d'être trahie par mon propre corps.

Il passe devant moi et me barre le passage les bras croisés.

— Pousse toi Aaron, je gronde.

Un sourire diabolique qui n'augure rien de bon s'affiche sus ses lèvres charnues que j'embrassais pas plus tard qu'hier. Je fronce les sourcils alors qu'il fonce sur moi et me charge sur son épaule comme un vulgaire torchon. Heureusement que je porte un jean's! Je hurle et frappe son dos mais il rigole et nous dirige vers le manège. Nous traversons la moitié du marché mais personne ne dis rien, je finis par capituler jusqu'aux portes de la roue.

— Au secours, aidez moi, il me kidnappe, je hurle à l'attention du forain qui rigole en ouvrant la nacelle, sale traître!

Une fois assise à ses côtés, je détourne la tête vexée pour bouder comme une enfant.

— Arrête de faire la tête mon ange.

— Non mais je rêve, je hurle excédée, je me fais kidnapper en plein marché de Noël et tout le monde me rigole au nez, c'est scandaleux!, je rage.

— Je me suis fait battre et violé pendant des mois, personne n'a jamais rien fait non plus Nora. Les gens sont hypocrites et égocentriques, c'est comme ça, lâche t il tout naturellement en haussant les épaules.

Je le fixe ahurie, il m'a dit ça d'un naturel désarmant. Je ne sais pas quoi dire, je crois qu'il n'y a rien à dire de toute façon. A l'époque je n'avais pas compris, en grandissant j'en étais arrivée à cette conclusion mais en avoir la confirmation de sa bouche me refroidit. Comment peut on faire ça à un enfant? Non, comment peut on faire ça tout court? Aaron détaille la ville en contrebas sans faire attention à ma réaction, il contemple la ville couverte d'un manteau blanc généreux cette année. 

— Pourquoi tu ne m'as rien dit à l'époque? Les choses auraient peut être été différentes.

— Je ne crois pas, non. Je n'étais pas prêt et j'avais besoin de me soigner seul Nora. C'est pour ça que je suis parti, m'explique t il.

— Et ça a marché?, je demande curieuse. 

Ma curiosité mal placée ne semble pas le mettre mal à l'aise au contraire, il paraît amusé.

— On verra, élude t il.

— Comment ça on verra?, je rigole. 

 Ses yeux brûlants se posent sur moi me faisant déglutir avec difficulté.

— Je n'ai pas encore testé... toutes mes limites, disons.

Je arque un sourcil alors qu'il se détourne de moi en mordant l'intérieur de sa joue pour ne pas rire.

— Alors, il est où le pingouin? Il a finit sous un rosier?, demande t il plein d'espoir.

— Je devrais peut être, je marmonne.

— Il bosse dans quoi pour payer un diamant pareil?

— Banque.. il est ridicule n'est ce pas?

— Charly ou le diamant?, se marre t il.

Je pouffe avec lui.

— Pourquoi tu es parti si longtemps? Tu n'as jamais répondu à mes messages, on aurait pu...

— Non, Nora. Je n'arrivais pas à avancer dans ma thérapie, je bloquais parce que je ne faisais que penser à toi, je passais mon temps à vérifier si tu avais rencontré quelqu'un, alors j'ai..

— Fais un trait sur moi, je termine pour lui.

— Jamais!, s'indigne t il. Je n'ai jamais cessé de t'aimer et de penser à toi mais je voulais que tu aies la chance d'être heureuse. Je ne pensais pas te retrouver... comme ça.

— Comment ça "comme ça"??

— Tu n'as pas l'air si heureuse que ça pour une jeune femme tout juste fiancée!

Il a raison sur ce point, je ne voulais pas me fiancer, seulement lui dire non revenait à rompre. Alors j'ai accepté et depuis un mois je ne fais que repousser la discussion visant à fixer une date.. Je n'aime pas Jean Charles, en tout cas pas comme je l'aimais lui. Il ne me fait pas vibrer mais c'était simple et facile. Les jours, les semaines, les mois puis les années sont passés et me voilà.

— C'était mieux que d'être seule à t'attendre, j'avoue.

 La nacelle s'arrête, je descends et rejoints Anne et Marc qui boivent un vin chaud. Je frotte mes mains l'une contre l'autre, j'ai oublié mes gants et commence à être frigorifiée.

— Alors? Kidnapping concluant?, se marre Marc en donnant une tape sur l'épaule d'Aaron qui rigole à son tour.

Je commande un chocolat chaud et place mes mains autour du gobelet fumant en tentant vainement de me réchauffer. Les garçons rigolent bêtement de choses qu'eux seuls peuvent comprendre pendant que je discute avec Anne. On échange sur les jumeaux et son prochain accueil, je lui parle même de l'un des enfants que j'ai placé dans une famille sûre mais qui pose tout de même beaucoup de problème. J'aimerais réussir à les aider pour qu'ils s'épanouissent ensemble.

— Il est très violent, ils ont déjà des enfants et ça devient très compliqué. Elle commence à avoir peur et malgré la douceur et la patience dont ils font preuve, ils ont de plus en plus de mal à le gérer.

— Il faut qu'ils trouvent le truc qui l'intéresse, qui le canalise, qui le passionne. Regarde toi, tu étais compliquée au début puis tu as passé du temps avec les jumeaux, tu as toujours adoré les enfants. Aaron, il a suffi de lui mettre une jolie fille sous le nez et hop il écoutait au doigt et à l'œil!

— Eh, s'offusque l'intéressé alors qu'on rigole tous de concert.  

— Le problème, c'est qu'il ne veut rien faire. Ils lui ont fait faire plusieurs essais sportifs, rien ne lui convient, ils ont testé des domaines artistiques, rien non plus, je reprends plus sérieusement.

— La mécanique?, propose Aaron.

Je réfléchis une seconde, mais parmi la liste impressionnant que j'ai reçu je ne crois pas qu'elle y apparaisse.

— Je crois qu'ils n'ont pas essayé.

Je sors mon portable et envoie un texto à la famille d'accueil pour leur souhaiter un joyeux Noël et leur soumettre cette idée. Nous échangeons quelques minutes et l'idée leur plaît, le père va tenter sa chance dans la journée. Lorsque je relève la tête, Aaron n'est plus là et je continue à échanger avec les Grams, leur expérience m'est précieuse pour les aider les enfants que je place chaque jours.  

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