28. Rédemption

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Alice Sterling


« Les 5 étapes du deuil sont : Le déni, la colère, le marchandage, la dépression et l'acception. » - Kübler-Ross


Je suis dans la quatrième.

Assise sur le sable fin blanc où nous nous retrouvions toujours, incapable de croire que le monde tourne encore sans Aurora. Chaque matin, la même routine s'installe, je me réveille avec l'espoir insensé de la voir apparaître, puis la réalité de sa mort me frappe à nouveau aussi cruelle et incompréhensible que le premier jour.

Je regarde les vagues lécher le rivage, le coeur en lambeaux. Le vent salé fouette mon visage, mêlant ses emprunts à mes larmes silencieuse. C'est alors que j'entends au loin le vrombissement familier d'une moto.

Juan

Je ne me retourne pas mais je sens sa présence avant même qu'il n'atteigne le moteur. Quelques instants plus tard, il s'assoit à mes côtés, sans un mot, respectant mon silence comme il le fait si bien.

Tu es encore là. Souffle-t-il d'une voix douce.

Je ne sais pas où aller d'autre. Je passe mes journées à errer, sans but. C'est comme si.. comme si je n'avais plus de raison d'être. Réponds-je en soupirant.

Délicatement, il pose une main réconfortante sur mes cheveux, poussant ma tête pour qu'elle se pose sur son épaule.

— C'est normal de se sentir perdue après ce qui s'est passé. Tu as le droit de prendre ton temps.

Son teint mate brille presque à la lueur du coucher de soleil, ses mèches noires virevoltent au grès du vent. Il est beau, peut-être même un peu trop.

Mais combien de temps, Juan ? Mes yeux se lèvent vers lui, cherchant une réponse dans les siens. Combien de temps avant que je ne puisse.. oublier ? Ou au moins, avant que cela fasse moins mal ?

— Le temps qu'il faudra. Et tu n'as pas besoin de tout traverser toute seule. Ne l'oublie pas, un appel, un message et je viens.

Je hoche la tête, reconnaissante mais toujours désespérément triste. Le coeur complètement amorphe.

Et il y a ces trous de mémoires. J'ajoute après un moment. Je me perds dans mes propres pensées, j'oublie des choses simples.. Parfois c'est comme si une partie de moi refusait de laisser partir Aurora et me ramène à mon coma. Elle a été là pour veiller sur moi, tandis que moi j'ai échoué..

— Le cerveau réagit d'une façon étrange au chagrin, comme te l'a dit le médecin, toute ta mémoire ne vas revenir d'un seul coup, il lui faut aussi du temps. Il me serre davantage contre lui. Si ça devient de plus en plus fréquent, c'est peut-être comme mécanisme d'auto-défense.

— Peut-être.. Murmuré-je en retournant mon regard vers les vagues. Mais cela ne rends pas les choses aussi faciles.

— Non, mais je suis là pour toi. Il embrasse mon épaule. Pour toujours.

Nous sommes restées là encore quelque heures à entendre le bruit de l'écume qui s'écrase contre les rochers avant de rejoindre sa moto et filer en direction de chez moi.

NISA, 8 septembre, 07h55.

1 mois s'est écoulé depuis le retour de Alessandro, 1 mois qu'il n'est plus que l'ombre de lui même. Il évite les meetings, les séances de sport et même la commémoration dédiée à Aurora.

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