25. Renaître de ses cendres

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Froid. Noir. Fade.

C'est le goût de ma dernière gorgée de café avant de reposer la tasse et de faire face au regard remplit de déception de mon père.

Je reformule depuis le début pour essayer de comprendre ta stupide bêtise. Dit-il tout en se pinçant l'arête du nez. Tu viens de détruire ta vie pour essayer de résoudre un meurtre datant d'il y a 3 ans ?

- Ce n'est pas un simple meurtre, il s'agit de l'affaire « dolce mare ». Elle te concerne autant qu'elle me concerne.

Le visage de mon père reste impassible après mon annonce mais je sais qu'au fond de lui, un torrent de sentiments se déchaîne.

Je ne te reconnais plus. Je n'ai plus devant moi l'enfant baigné d'innocence. Dit-il d'une voix douce.

Son bras s'allonge sur la table ainsi que sa main, la pulpe de ses doigts vient caresser mes phalanges que je retire aussitôt de la table. Les traumatismes sont encore profondément ancrés en moi.

Je n'ose pas le regarder, peur d'affronter encore une nouvelle fois ces iris bleus perdant de leur éclats.

Je vais aller me coucher, passe une bonne nuit. Dis-je en repoussant la chaise dans un bruit strident.

Son soupir résonne dans la pièce, comprimant mon coeur un peu plus. Ma tasse dans la main je m'en vais la déposer dans l'évier avant de tourner les talons en direction de ma chambre.

Je suis désolé

                                                                                                                                                                Pardonne-moi

Bonne nuit, Aurora.

À l'entente de mon prénom, une larme sillonne ma joue avant de s'échouer sur le sol. Cela faisait bien longtemps qu'il ne l'avait pas prononcé de cette manière, mon coeur se fissure de nouveau.

Je suis de retour chez mon père que depuis 2 semaines car j'ai passé les 5 derniers mois à l'autre bout du monde pour me faire oublier et pourtant la vie n'a jamais été aussi fade, nos journées consistent à s'éviter, tournant autour du pot de nos secrets les plus inavouables et des non-dits.

Je tire d'un coup sec sur le loquet pour ouvrir ma fenêtre, la lune est à son paroxysme ce soir tout comme ma solitude grandissante. Mon reflet se dessine peu à peu sur la vitre, comme me disait mon père, moi non plus je n'arrive plus à me reconnaître.

La lumière cendrée de celle-ci crée une ambiance presque apaisante. Intérieurement, je prie pour que mes cauchemars cessent chaque nuits.

En me dirigeant vers ma salle de bain, je tourne la tête vers l'objet permettant de cacher une partie de mon identité. La casquette rouge orné du logo de mon ancienne vie est posée sur ma commode.

Ma poitrine se serre douloureusement, son visage apparaît alors laissant une marque au fer rouge. J'inspire profondément pour essayer de me redonner bonne conscience.

Tu fais ça pour lui, pour eux. Pensé-je avant de rentrer dans la baignoire qui m'engloutit entièrement.

Quelques heures plus tard, mon système nerveux envoie à mon corps les signaux que je suis restée trop longtemps dans l'eau stagnante.

J'enjambe le rebord pour me retrouver devant mon miroir. Toujours le même regard dégouté que je me porte encore plus depuis mon acte. Ma peau se laisse dépérir à petit feu laissant mon être se consumer. Mes clavicules ne sont que relief traçant un collier d'os horrible.

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