11. Désillusion

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Alessandro Dimartino

Nous sommes toujours en face de l'autre, nos respirations guidées par nos coeurs s'échappent à l'unisson.

Mais la bataille de pensées qui se forme dans ses yeux dès que mes mains effleurent sa peau me ramène à la vraie réalité.

Celle où nos deux mondes ne peuvent pas s'unir, où notre passé est synonyme de destruction pour l'un comme pour l'autre.

Et pourtant, l'envie de creuser au plus profond de son être pour atteindre la dernière étincelle qui émane en elle me ronge car je sais qu'elle existe même si elle n'y croit plus.

Même si je dois y perdre mon âme, je le referais autant de fois qu'il faut.

Elle continue à s'approcher de moi jusqu'à que son souffle chasse le mien et je distingue pour la première fois des minuscules tâches de rousseur qui orne le haut de son nez.

Si tu entres dans ma vie, tu tomberas dans un chaos sans fin. Dit-elle dans un souffle en se reculant. Ça n'en vaut aucunement la peine Alessandro.

La bulle éclate, c'est terminé.

Elle remet son masque, elle redevient complètement indifférente à la situation.

Et surtout à moi.

La pièce devient soudainement froide, je me recule et la regarde partir vers la porte d'entrée.

Retourne toi !

Regarde moi !

Aurora..

La porte claque, le silence prend place mais dans mon esprit c'est l'incompréhension totale.

La sonnerie de mon téléphone interrompt mes gestes et je me dépêche de répondre sans même regarder qui m'a contacté.

Allô ?

- Alors, on délaisse son bras droit de Griante ?

Je laisse échapper un ricanement en reconnaissant la voix à travers le téléphone.

Bonsoir à toi aussi Safiya, comment tu vas depuis le temps ?

- Très bien mais tu me manques terriblement.

Elle se lamante sur nos retrouvailles loupées car elle est pianiste de renommée. C'est grâce à elle que j'ai commencé à en jouer quelque fois dès que je venais chez elle.

On passait nos étés dans cette pièce dédiée à son art.

Et les enfants ? Demandé-je en m'asseyant sur mon canapé.

Ils vont bien mais ils n'ont plus personne pour leur apprendre à nager maintenant.

Je lâche un soupire en sachant pertinemment que je ne peux plus faire machine arrière.

Malheureusement, je ne pouvais pas rester avec eux, leur innocence est trop pure pour moi et incompatible avec mon travail.

Je m'enfonce encore plus dans mon canapé comme si il pouvait m'aspirer moi et mes pensées.

Ma tête se renverse en arrière, j'entends à travers le téléphone le bruit étouffé du vent et des vagues.

Tu es à notre endroit ?

- J'y vais tous les soirs dès que tu m'envoies un message pour me dire que tu pars en mission, ça me rassure.

Après la mort de mon père je me suis éloigné de tout le monde, il n'y a que Safiya qui est restée auprès de moi.

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