Chapitre 17

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Mardi 18 Juillet : Chez Clarke, New York

PDV Clarke

Je me tiens assise dans mon atelier, face à une toile blanche. La douce lumière du soleil s'infiltre à travers les grandes verrières de mon loft à New York. J'avance le pinceau jusqu'à la toile, la main tremblante. Je respire profondément. Je n'arriverai pas à peindre dans cet état. Trop de problèmes et de pensées se bousculent dans ma tête. Je repose mon pinceau et je passe une main sur mon visage en soupirant.

Je suis bouleversée, pour tant de raisons différentes.

À commencer par la discussion très désagréable que j'ai dû avoir avec Niylah. Elle a pourtant fait preuve de bienveillance, mais cela n'a fait que renforcer ma culpabilité. Je suis toutefois soulagée d'être certaine que notre aventure ne changera rien à notre relation professionnelle. J'ai appris à connaître Niylah, et je sais qu'elle est tout à fait capable de faire la part des choses, et qu'elle ne m'en veut réellement pas d'avoir mis fin à notre idylle.

Autre problème, et non des moindres : je n'arrive pas à encaisser mon licenciement. J'ai travaillé si dur, durant toutes ces années à Arkadia Inc... J'y ai mis tellement d'énergie. J'ai tout donné. J'ai laissé tellement de choses de côté pour ce boulot. Mais malgré tous mes efforts, je me suis fait licencier, écarter, comme si mes années de dévouement ne signifiaient rien. Ils m'ont mise à la porte, juste comme ça.

Comme si je ne valais rien.

Personne n'est irremplaçable.

Une boule de colère et de tristesse se forme dans ma gorge alors que je pense à l'entretien que j'ai eu avec Jaha.

Pour couronner le tout, j'ai dû faire un vocal à Matthew pour m'excuser de mon silence et de la réponse foireuse d'Octavia tout en lui expliquant la situation de manière la plus évasive possible. Il l'a pris avec beaucoup d'humour, et depuis, nous papotons occasionnellement par message.

Je m'efforce de faire le vide. J'ai besoin de peindre.

La peinture, c'est ma bulle, mon échappatoire. C'est le moment où je peux réellement être moi-même, loin des contrariétés. J'ai envie de peindre quelque chose de doux, quelque chose de beau. Quelque chose qui sera capable de me redonner le sourire, une fois mon œuvre terminée.

Quelque chose qui n'est PAS Woods ! je m'engueule mentalement lorsque l'image de son visage s'impose à moi, exaspérée et fatiguée par cette obsession qui n'a malheureusement pas pris fin depuis que la vérité a éclaté sur son identité.

Je reste encore immobile quelques minutes, puis je pose enfin le pinceau sur la toile. Plus je peins, plus je me sens apaisée. C'est impressionnant comment chaque trait sur cette toile me permet de lâcher prise, de m'évader un peu. Je me laisse complètement absorber, presque hypnotisée par les couleurs et les formes qui prennent vie. Quand je reviens à moi, je remarque que j'ai les jambes toutes raides, et que mon dos n'est pas en meilleur état.

Je me lève et j'étire mes membres ankylosés. Je n'ai aucune idée du temps que j'ai pu passer devant cette toile, mais je suis certaine que plusieurs heures se sont écoulées. La lumière du soleil commence à se faire plus faible.

Et surtout, je meurs de faim !

Je saisis mon téléphone qui était posé sur un petit guéridon et je râle en constatant que j'ai encore tâché la coque de peinture. Cette fois, je ne vais pas m'entêter à essayer d'enlever cette tache. Je sais que rien n'y fera.

Je lis rapidement mes notifications sans ouvrir les messages tout en descendant les escaliers et en me dirigeant vers la cuisine. Je fronce les sourcils quand je constate que j'ai un appel manqué d'un numéro qui n'est pas dans mes contacts. Je lance ma messagerie et je mets le haut-parleur, puis je pose mon téléphone sur l'îlot de la cuisine pour fouiller dans le frigo à la recherche d'une canette de Coca.

Madame Woods [T.1]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant