Chapitre 24

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Lundi 31 Juillet : Arkadia Inc

PDV Clarke

Je pousse les portes du hall d'Arkadia Inc avec le menton relevé, mais le cœur palpitant. Tout le monde me dévisage, même les employés que je ne connais ni d'Eve ni d'Adam. 

A priori, eux, ils savent très bien qui je suis. 

Je me dirige d'un pas confiant jusqu'à la réception, et je suis soulagée d'y voir les visages familiers de mes deux collègues et amis.

– Clarke, viens par là ! s'exclame Hugo avec un énorme sourire en se levant de suite de sa chaise pour venir à ma rencontre.

Il ouvre grand ses bras et je réponds à son étreinte avec plaisir.

– Qu'est-ce que tu nous as manqué, on est trop heureux de te revoir ! me dit-il sans se décoller.

– Oh ça oui ! s'écrie Eric en nous rejoignant dans ce nouveau câlin groupé.

– Vous aussi, vous m'avez trop manqué ! je leur affirme avec émotion. J'ai l'impression de revenir à la maison ! 

– Un peu que tu reviens à la maison, on ne jette pas si facilement six années de vie commune à la poubelle ! opine Eric avec un grand sourire collé au visage.

Je pouffe et lui tapotant gentiment le bras.

– De vie commune, rien que ça ? je lui demande avec le sourire.

– Évidemment, ose me dire que tu as déjà cohabité autant de temps avec n'importe laquelle de tes relations amoureuses ! Franchement, vu tout le temps que tu as passé ici, ce n'est pas si déconnant de parler de vie commune.

– Ouais, tu marques un point, je lui accorde avec un sourire tout de même un peu crispé.

Sa remarque, bien qu'elle me fasse plaisir, remue le couteau dans la plaie. J'ai bel et bien perdu pied dans ma quête de réussite professionnelle. Si j'avais pu encore en douter, il m'est désormais impossible de me voiler la face.

Ma plus longue relation a été avec Finn, elle n'a duré qu'un an, et cela date déjà d'il y a 4 ou 5 ans. Depuis, j'enchaine les histoires courtes. Je ne m'étais jamais demandé si le problème pouvait venir de moi. J'avais toujours cru que les ruptures survenaient généralement d'un commun accord, par une lassitude partagée. Maintenant, je n'en suis plus si sûre...

Quelle part de responsabilité mon investissement professionnel avait-il pu avoir sur mes relations amoureuses ? Avaient-elles pu en souffrir, au même titre que mes amis et ma famille ? 

Je m'efforce à reprendre mes esprits, mais je me rends compte que je grimace et que mes deux collègues me regardent avec curiosité, alors je trouve le premier prétexte qui me permettra de sortir de cette situation et je lance : 

- Je me suis faite dévisager comme un animal de Zoo... J'ai tant fait jaser que ça ? 

- Tu vois la commère dans Desperate Housewives, Karen McCluskey ? fait Hugo avec un sourire taquin. Eh bien, c'est à peu près le comportement qu'on eu tous les employés de l'entreprise depuis ton licenciement et la destitution de Jaha. Il y a sûrement quelques envieux dans le lot, mais globalement, les collègues sont contents pour toi, et surtout, ils se demandent s'ils seraient capables de faire pareil. Tu t'es taillé une sacrée réputation, Clarke. 

- Il y en a même qui ont lancé des paris pour savoir ce que tu ferais ensuite, ajoute Eric, si tu allais revenir travailler ici ou pour la concurrence, les plus dingues ont parié sur une reconversion, un burn-out, ou que tu deviennes consultante indépendante. 

Madame Woods [T.1]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant